Le début du mois de septembre boursier ressemble à s’y méprendre à son prédécesseur d’août. Les traders sont rentrés des Hamptons, déprimés comme il se doit, la météo tourne au vinaigre (punaise hier soir à Collonge…..) et on tremble dans les chaumières financières à l’idée que la croissance économique des Etats-Unis ne soit en fait qu’un colosse aux pieds d’argile. Dès le début de l’après-midi européen on constate des achats massifs de bons du Trésor US, le rendement du 10 ans chutant de 7 points de base à 3.82% (pour y rester). Personne ne sait vraiment ce qui se passe, on peut envisager que la vigueur retrouvée du yen (qui passe de 147.20 à 145.25) réveille le traumatisme flash du 5 août et avec le spectre de nouveaux débouclements de carry trade. Mais personne ne sait vraiment pourquoi la pression acheteuse monte sur les obligations gouvernementales, même Bloomberg Intelligence s’y met en nous demandant si nous avons un avis quant à ces mouvements, on croit rêver, c’est que ça coûte un bras chaque mois un terminal Bloomberg mon bon Monsieur…
Et puis arrive 15h45 et le premier coup de semonce macro-économique. L’indice PMI Manufacturier américain (version définitive) sort à 47.9 au mois d’août, les économistes prédisaient 48.0, la pression augmente d’un cran, les indices d’actions accélèrent vers le sud. 15 minutes plus tard c’est au tour de l’indice américain ISM manufacturier de manquer les attentes, tandis que sa composante « prix » ressort nettement plus haut qu’attendu, oups….dans le même temps les dépenses de construction reculent plus que de raison en juillet, n’en jetez plus, c’en est trop pour un marché qui semblait avoir retrouvé son calme, qui semblait seulement dans les faits, le secteur de la tech prend les choses en mains si je puis dire et se casse bien la figure, il est un candidat permanent aux prises de profits lorsque quelque chose enraye la belle machine haussière, normal après les incroyables gains enregistrés ces dernières années.
On le constate à nouveau, le marché craint comme la peste un ralentissement économique, en clair que la Fed ait trop attendu pour démarrer son cycle de baisses de taux, prévu par tout un chacun lors de sa prochaine réunion du 18 septembre. La baisse d’hier a aussi peut-être été exacerbée par la complaisance des acteurs du marché, je vous citais hier l’article du Wall Street Journal expliquant que les Américains ont rarement été aussi enthousiastes à propos du marché boursier qu’aujourd’hui (ou probablement désormais qu’hier). Bien souvent lorsque tous les passagers s’agglutinent du même côté du bateau il est judicieux d’aller voir de l’autre côté ce qui s’y passe. En parallèle, une baisse d’un jour, aussi forte soit-elle, ne transforme pas le paysage boursier en pays de Mordor, le long terme, le long terme, le long terme please…
Nouriel Roubini devrait faire le tour des plateaux TV dès aujourd’hui, la presse financière lui pave le terrain ce matin, mentionnant notamment que l’indice S&P500 (SPX) est cher, qui se négocie à 21 fois les bénéfices attendus dans 12 mois soit au-dessus de la moyenne sur 10 ans qui se situe à 18. Rappelons ici que le SPX reste en hausse de 16% en 2024 et que 2023 fut un grand cru boursier. Nvidia chute de 9.5%, à elle seule elle aggrave la baisse des indices et abandonne 280 milliards de dollars de capitalisation boursière au passage (une très grosse Nestlé en somme). L’action casse sa moyenne mobile à 100 jours à la cloche (108$ contre la 100 dma à 110.34$). Son principal support évolue à 88.27$, c’est la 200 jours et les structureurs devraient passer une fort jolie journée, la volatilité implicite de ce titre permet d’obtenir des coupons attractifs. Ah oui, j’allais oublier, Nvidia progresse encore de 118% cette année, je suis tenté mais ne dénoncerai pas les personnes qui m’ont contacté hier soir à 23h pour me demander si la fin du monde approche.
Le SPX défend sa 50 jours à la cloche, il termine à 5528 points, la 50 dma évolue à 5504.48 pts. Son alter ego équipondéré le SPW surperforme le SPX en ne rendant que 1.33%, il met encore plus en lumière la chute des semis d’hier soir, eux qui pèsent si lourd dans les indices. En parlant de la tech, le Nasdaq100 (NDX) baisse de 3.15% mais comme je suis un indécrottable optimiste je préfère insister sur le fait qu’il parvient à défendre sa moyenne mobile à 18934 pts, clôture à 18958 pts. Un gros support se situe à 18806 points, c’est la 200 jours. La volatilité décolle de 33.3%, le VIX clôture à 20.72 (le 5 août il avait atteint 65). Sa prochaine résistance est à 21.36, c’est son top en séance du 19 avril. En revanche le ratio put/call rebondit certes, mais à 0.70, ce qui nous indique que les volumes en options call restent nettement supérieurs à ceux en options puts, lisez on est pas vraiment en mode panique sur le marché des options, mais alors pas du tout. Sur le front obligataire, le support de 3.80% sur le 10 ans US tient bien, rappelons que s’il est cassé, ensuite on regardera 3.67%, le bas en séance du 5 août. Les monnaies restent en retrait, le Dollar Index (DXY) traite ce matin à 101.63, ils est stable, son principal support reste à 100.61. La paire eur/usd évolue à 1.1054. Les Fed Funds semblent imperturbables et prédisent toujours 3 à 4 baisses de taux par la Fed cette année encore.
Ce matin le paysage boursier reste sombre, le future SPX abandonne 31 points supplémentaires, les bourses asiatiques se sont pris les pieds dans le tapis, la publication du rapport mensuel sur l’emploi américain prévue ce vendredi va revêtir une importance encore plus grande que prévu.
Au menu macro-économique du jour, l’estimation finale des PMI des services d’août est attendue pour la France (9h50), l’Allemagne (9h55) et la zone euro (10h00), puis le Royaume-Uni (10h30). Aux Etats-Unis, la balance commerciale (14h30) précèdera les commandes de biens durables, les commandes industrielles et les offres d’emploi JOLTS (16h00).
Nvidia a reçu une citation à comparaître du ministère de la justice aux Etats-Unis, dans le cadre d’une enquête antitrust de plus en plus poussée. Salesforce acquiert la société Tenyx, spécialisée dans les «agents vocaux intelligents». Live Nation fait l’objet d’une enquête au Royaume-Uni et dans l’UE sur la tarification dynamique après la flambée des prix des billets d’Oasis. BYD dément l’annonce d’une pause dans ses projets d’usine au Mexique.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en net repli. Tokyo chute de 4.37%, Hong Kong abandonne 1.15%, Shanghai perd 0.55%, Séoul rend 3.03% et le Nifty50 baisse de 0.6%. Le future SPX recule de 32 points et l’Europe est indiquée en recul de 1.3% à l’ouverture de 9 heures. Le pétrole n’y arrive plus, le baril de WTI Light Crude tente de ne pas casser le niveau de 70 dollars, l’or recule et traite à 2493$ l’once.
L’actualité des marchés revient lundi 9 septembre.