En jetant un œil distrait aux performances du jour des principaux indices, on pourrait se dire que le long fleuve tranquille dans lequel Wall Street se prélasse depuis quelques temps reprend son cours hier. Et pourtant il s’en passe des choses en fin de séance européenne, le BLS (Bureau of Labor Statistics) annonce un peu penaud s’être complètement trompé dans l’évaluation du nombre de postes créés par l’économie américaine entre avril 2023 et mars 2024. La révision avouée par le BLS s’élève à 818'000 postes de moins que précédemment publié. Au total l’économie des Etats-Unis a créé 2,1 millions de postes sur la période et non 2,9 millions, ce n’est pas un détail. Le BLS ne fait pas le fier, ce d’autant que l’on apprend ce matin que des banques ont obtenu l’info avant tout le monde, simplement en… téléphonant au BLS! la révision devait sortir à 16 heures CET, elle tardait, des économistes ont donc pris leur combiné et insisté, on leur a donné le chiffre, j’appelle immédiatement Jerome P. pour lui demander ce qu’il nous dira demain.
Quoi qu’il en soit, les craintes d’une économie plus faible que prévu refont surface en fin d’après-midi européen hier mais cela ne dure guère. CNBC publie un article comparant la révision du jour avec celle de 2009, quasiment pareille en nombre de postes, mais le média nous rappelle que, à cette époque, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage avaient bondi à 650'000, aujourd’hui on est plutôt à 230'000. Le taux de chômage évoluait au-dessus de 5% et le PIB était négatif depuis quatre trimestres consécutifs déjà, actuellement il a bouclé 8 trimestres d’affilée en territoire positif (les plus taquins d’entre vous me rappelleront que le PIB est révisé pendant 50 ans aux Etats-Unis mais passons…). Un contrepoids à cette annonce arrive peu après, les minutes de la dernière réunion de la Fed montrent que ses responsables ont reconnu alors que l’économie reste forte et ont estimé pour bon nombre d’entre eux que le moment est venu de baisser les taux, dès septembre. Au final, les investisseurs semblent avoir choisi de se concentrer sur le discours de Jerome Powell prévu demain à 16h CET.
Les intervenants se positionnent en vue de la première baisse de taux de la Fed, espérée le 18 septembre. On l’observe en constatant que le Nasdaq100 (NDX) surperforme le S&P500 (SPX), les valeurs de croissance sont recherchées. Même observation avec le Russell2000 (RTY), qui fait encore mieux que le NDX, les petites capitalisations bénéficient de taux en repli, ces firmes ont des besoins en refinancement supérieurs aux multinationales. On notera au passage que le NDX a un gap à combler à 20'266 points, clôture hier à 19'824 pts. On observe que le Stoxx Europe 600 (SXXP) consolide au-dessus de ses moyennes mobiles à 50 et 100 jours. Sur le front de la volatilité, le VIX (volatilité du SPX) semble se réveiller quelque peu, il progresse de 2,4% à 16,27 hier, sa 50 jours évolue à 15,89. Le ratio put call remonte légèrement à 0,59, il reste faible et indique une complaisance probable au sein de la communauté des traders en options. Sur la partie obligataire, le 10 ans US se pose à 3,80%, son principal support évolue à 3,67%, sa résistance à 4,00%. Enfin les Fed Funds penchent un peu plus pour 4 baisses de 25 points de base par la Fed en 2024, probablement échaudés par la révision du BLS annoncée hier.
Les cambistes se concentrent sur la paire EUR/USD, une intense bataille technique s’y déroule. Niveau actuel 1,1152, la paire tente de casser son top en séance du 28 décembre 2023, il se situe à 1,1139. En parallèle, si on connecte le top du 10 février 2022 avec celui du 18 juillet 2023, on obtient une ligne légèrement descendante qui passe par 1,1118, la paire EUR/USD est donc en plein money time, le billet vert semble une fois encore mettre un genou à terre, ceci dit gardons en tête qu’ils sont nombreux les cambistes qui ont annoncé son enterrement et attendent toujours. La faiblesse actuelle du dollar est compréhensible, la Fed devrait inverser sa politique monétaire prochainement, à suivre donc…
L’or ne rend pas beaucoup de terrain, l’once traite ce matin à 2505 dollars, elle a payé 2531,75 dollars au plus haut de la séance de mardi. La faiblesse du billet vert lui apporte du soutien, tout comme la perspective de taux en baisse, qui réduiront de facto le coût d’opportunité de détenir du métal jaune, qui ne rapporte rien. Enfin on constate dans le marché que la relique barbare fonctionne encore et toujours en tant que valeur refuge, le moment venu.
Kamala Harris réduira les impôts des classes moyennes, rendra les logements plus abordables et s'attaquera à Big Pharma, déclare Tim Walz au DNC (Democratic National Committee). Robert F. Kennedy Jr. envisage de mettre fin à sa candidature à la présidence et pourrait apporter son soutien à Donald Trump, rapporte ABC.
Au menu macro-économique du jour, on démarre avec les PMI manufacturier, des services et composite de la France, de l'Allemagne, de la zone euro et du Royaume-Uni en matinée, avant aux Etats-Unis l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago et les nouvelles demandes d'allocations-chômage (14h30), suivis des PMI à 15h45 et des ventes de logements existants (16h00).
Swiss Re annonce une hausse de 44% de son bénéfice net, conformément aux attentes. Edgar Bronfman relève son offre pour National Amusements et Paramount Global à 6 milliards de dollars, selon le WSJ. Microsoft revoit à la baisse les prévisions de chiffre d'affaires de sa division «cloud intelligent» pour le trimestre en cours. Walt Disney a nommé James Gorman, ancien CEO de Morgan Stanley, à la tête du comité chargé de trouver un successeur au CEO Bob Iger. BlackRock a réduit son soutien aux propositions d'actionnaires relatives à l'ESG entre 2023 et 2024. McDonald's va ouvrir plus de 200 restaurants au Royaume-Uni et en Irlande dans le cadre d'un plan d'expansion. Snowflake chute de 8% post-séance après ses trimestriels. Chevron va investir environ près d'1 milliard de dollars en Inde.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à l’exception de Shanghai qui rend 0,27%. Tokyo progresse de 0,68% à la cloche, Hong Kong monte de 1%, Séoul grappille 0,24% et le Nifty50 prend 0,26%. Le future SPX est inchangé et l’Europe ouvre en très léger repli.
La 37e Coupe de l’America débute aujourd’hui à Barcelone sur des monocoques volants, elle durera jusqu’au 20 octobre. Alinghi entame sa coupe aujourd’hui face au défi français.