Vous souvenez-vous du 5 août 2024? Non? Cela ne m’étonne guère, c’était il y a si longtemps, le plus trop joyeux monde de la finance craignait alors de passer à la trappe dans d’atroces souffrances, tout partait à vau-l’eau, les petits porteurs étaient priés d’aller voir ailleurs si les institutionnels s’y trouvaient, la volatilité était allée renifler l’air ambiant de l’atmosphère et les market makers étaient sur répondeur, probablement tapis au fonds d’une grotte en attendant la fin de la tempête.
11 jours plus tard (un ou deux siècles en années boursières), le soleil brille, les esprits sont à nouveau sereins et tout un chacun dans les salles de marchés célèbre la confirmation d’un scénario économique à la boucles d’or, ni trop chaud, ni trop froid, qui déroule un tapis rouge à la Fed pour démarrer son cycle de baisses de taux dès le 18 septembre, en commençant par 25 points de base. Autant vous dire que les trois ours qui subsistent sur le globe ne font pas les fiers ce matin, un trio est passé par là, qui a laminé leurs derniers espoirs de revanche sans pitié. Les ventes au détail - une mesure des dépenses dans les magasins, en ligne et dans les restaurants - ont augmenté de 1% en juillet aux Etats-Unis, en données corrigées des variations saisonnières, par rapport au mois précédent, ce qui est nettement supérieur aux prévisions des économistes. Les demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont été légèrement inférieures aux prévisions du consensus et, cerise sur le gâteau, Walmart a annoncé de fortes ventes pour son dernier trimestre, ses dirigeants déclarant qu'ils ne voyaient pas de signes d'effritement de la demande. Les actions du détaillant ont augmenté de 6,6%. La semaine macro-économique des taureaux est en train de se transformer en rêve éveillé, nous avons eu droit à une confirmation du ralentissement de l’inflation en première partie et hier c’est au tour de la partie croissance de rassurer tout un chacun, l’économie américaine, représentée par son principal acteur le consommateur, semble bien se porter et vous salue bien.
Le marché est capable de jouer à se faire peur comme pas deux (comme il y a un ou deux siècles par exemple). Il est aussi capable du contraire, l’appétit au risque est de retour en force à Wall Street, Nvidia a gagné 17% en quatre séances, les shorts pansent leurs plaies béantes, la caravane des taureaux a repris sa route depuis plusieurs jours déjà. La volatilité est rentrée dans le rang, le VIX perd encore 6% hier pour clôturer à 15,23, il casse sa moyenne mobile à 50 jours au passage et regarde désormais sa 100 jours, qui évolue à 15,03. Le ratio put/call s’effondre à 0,58, les volumes en options calls décollent au détriment des puts, en français cela indique que les intervenants baissent leur garde, hmmm. Le dollar retrouve quelques couleurs, c’est assez compréhensible et cela relève du jeu des vases communicants, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0984. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 3,90%, il regarde 4,00% comme principale résistance, son support majeur se situe à 3,67%. Sur le front des indices, le Nasdaq100 (NDX) récupère sa moyenne mobile à 50 jours à la cloche, il a désormais un gap à combler à 19'736 points, clôture hier soir à 19'490 pts. En Europe cela se passe bien aussi, le Stoxx Europe 600 (SXXP) termine sa journée à 510 points, il regarde désormais ses 100 et 50 jours dans le blanc des yeux, elles évoluent main dans la main à 512 pts. Le SMI casse sa 50 jours en clôture hier, il a un gap à combler à 12'286 pts, clôture à 12'150 points.
La configuration technique des indices s’est considérablement améliorée séance après séance depuis plusieurs jours. Les indicateurs internes de marché ne sont pas en reste, qui suggèrent notamment que le secteur technologique retrouve du momentum. Cela dit le fâcheux épisode du 5 août constitue une excellente piqure de rappel qu’il y a une vie après le secteur de la tech et que diversifier ses investissements relève de l’indispensable. Selon l’agence Bloomberg, les quants s'apprêtent à déverser une vague de liquidités sur les actions…
Parmi les actions individuelles, les actions d'Ulta Beauty bondissent de 11,2%, la meilleure performance dans le S&P 500. La société Berkshire Hathaway de Warren Buffett a annoncé sa participation dans l'entreprise de beauté après la fermeture du marché mercredi.
Les actions de Cisco Systems grimpent de 6,8%, après que la société d'équipement de réseau ait déclaré qu'elle prévoyait de réduire ses effectifs de 7%, soit environ 6’000 personnes.
Oh mais quelle surprise! Le carry trade semble revenir en force. L'ATFX a constaté une augmentation de 30 à 40% des positions courtes sur le yen au cours de la semaine dernière, en grande partie grâce aux fonds spéculatifs et aux clients fortunés. Les investisseurs ont vendu du yen pour acheter de l'australien et de la livre sterling, indique Nomura.
Au menu macro-économique du jour, les chiffres des permis de construire de juillet aux Etats-Unis (14h30) précèderont l'indice de confiance de l'université du Michigan pour le mois d'août (16h00).
Saint-Gobain acquiert le mexicain Ovniver, spécialiste de la chimie de la construction, pour 740 millions d'euros. Les actionnaires de Stellantis poursuivent le constructeur automobile aux Etats-Unis après des résultats décevants. La FDA approuve le traitement d'AstraZeneca contre le cancer du poumon non à petites cellules. Bayer obtient gain de cause dans le litige américain sur le glyphosate et mise désormais sur la Cour suprême. L'unité Pharmatech de Novo Nordisk va construire une usine de 220 millions de dollars au Danemark. Edgar Bronfman préparerait une offre d'achat sur la holding de Paramount Global, selon Bloomberg. Walmart a brillé hier après avoir relevé ses prévisions. Alibaba n'a pas publié de très bons chiffres, mais le secteur profite des performances bien plus solides de JD.com pour progresser en Chine ce matin.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo décolle de 3,64%, Hong Kong bondit de 1,75%, Shanghai grappille 0,11%, Séoul grimpe de 1,99% et le Nifty50 progresse de 1,09%. le future SPX est en hausse de 14 points et l’Europe ouvre en progrès de 0,4%. L’or recule légèrement à 2454 dollars l’once, le pétrole est stable, à 77,84 dollars le baril de WTI Light Crude.