Les actions suisses demeurent attrayantes

Yves Hulmann

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Pour Matthias Geissbühler, CIO de Raiffeisen, le marché des actions aux Etats-Unis n’offre, lui, désormais plus qu’un potentiel d’appréciation restreint.

Les craintes au sujet d’une possible récession aux Etats-Unis et pour l’économie mondiale, qui occupaient encore largement les prévisions des économistes jusqu’à la fin de l’an dernier, ont été peu à peu reléguées au second plan en première moitié d’année. Que faut-il désormais attendre pour la seconde partie de 2024 sur le plan conjoncturel? Matthias Geissbühler, Chief Investment Officer (CIO) chez Raiffeisen Suisse, ne redoute pas de récession mais estime qu’il faudra compter avec une baisse de régime de la croissance, y compris aux Etats-Unis. «Un ralentissement est prévisible. Malgré une politique fiscale expansive, d’autres facteurs freineront la croissance américaine», estime-t-il. En effet, «les excédents d’épargne qui avaient été accumulés par les ménages durant la pandémie s’épuisent peu à peu», analyse-t-il. Les indicateurs avancés signalent un ralentissement au cours des prochains mois, observe aussi l’expert qui s’exprimait mardi à l’occasion de la présentation des perspectives de placement pour le deuxième semestre de Raiffeisen.

Dans le détail, la banque s’attend à ce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) aux Etats-Unis s’atténue, passant de 2,5% en 2023 à 2% cette année, puis à 1,6% en 2025. Dans la zone euro, le point de départ est différent puisque la croissance, déjà très faible, située à 0,5% en 2023, ralentira encore pour ne plus atteindre que 0,2% cette année avant de réaccélérer à 1,5% l’an prochain. En Suisse, la tendance globale est similaire avec une croissance du PIB attendue à 0,8% cette année, puis de 1,3% escomptée pour 2025.

Un environnement propice pour les marchés obligataires

En matière de politique monétaire, Raiffeisen maintient ses prévisions de début d’année et anticipe jusqu’à la fin de cette année deux baisses des taux directeurs, aussi bien du côté de la Banque centrale européenne (BCE) que de la Réserve fédérale américaine (Fed). La Banque nationale suisse (BNS) devrait, elle, abaisser son taux directeur encore une fois cette année à hauteur de 25 points de base.

Ce contexte de baisse des taux d’intérêt devrait être favorable pour les obligations qui devraient, pour une fois, prendre l’avantage sur les actions en termes de potentiel de cours, estime Raiffeisen.

Actions américaines: rien ne sert de miser sur élargissement du mouvement de hausse

Au sujet des actions, Matthias Geissbühler se montre prudent concernant le potentiel d’appréciation supplémentaire des principaux indices mondiaux en seconde moitié d’année. Alors que la hausse du marché des actions aux Etats-Unis a été largement portée par l’engouement pour les développements liés à l’intelligence artificielle, qui a profité en particulier aux valeurs technologiques, le CIO de Raiffeisen ne croit pas au fait qu’un élargissement de la hausse à l’ensemble du marché puisse vraiment profiter aux investisseurs. «En termes de valorisations, les actions américaines se situent déjà dans une zone relativement chère. Il ne vaut pas la peine de miser sur un élargissement du mouvement de hausse», estime le stratège. Il observe notamment que les primes de risques pour les actions américaines ont largement fondu au cours des derniers mois.

Les marges bénéficiaires des entreprises suisses dépassent celles de la zone euro et des Etats-Unis

Si les prévisions de Raiffeisen sont dans l’ensemble prudentes au sujet des actions, l’établissement se montre nettement plus positif s’agissant des actions helvétiques qui ont plutôt sous-performé durant le premier semestre comparé à d’autres marchés – l’indice SPI ayant été freiné par des valeurs défensives comme Nestlé et Roche. Hormis un dividende d’un peu plus de 3% en moyenne jugé attractif par Raiffeisen, les marges bénéficiaires des entreprises helvétiques, estimées à 16,6%, sont nettement supérieures à celle des sociétés de la zone euro (8%) ou des Etats-Unis (10,5%). En outre, si durant le premier semestre, les investisseurs qui ont placé de l’argent dans des titres dans d’autres devises ont pu profiter de la réappréciation de l’euro par rapport au franc, Raiffeisen n’anticipe plus beaucoup de mouvement entre les deux devises. L’euro devrait s’échanger aux alentours de 0,95 franc sur un horizon de 12 mois, comparé à un peu plus de 0,97 franc par euro mardi.

Les actions de la pharma européenne, hors Novo Nordisk, sont bon marché

Par branche, Raiffeisen observe que les actions européennes liées au secteur pharmaceutique (MSCI EU Pharma Index) sont relativement peu chères actuellement, en se traitant avec un multiple de bénéfices situé à un peu plus de 14 – dès lors qu’on en a déduit l’action de Novo Nordisk. L’action de la société danoise portée par son médicament phare pour traiter l’obésité se traite, elle, à près de 39 fois ses bénéfices estimés.

Autre thème incontournable du moment, le cours de l’or, qui s’est apprécié de 14% depuis début janvier, pour évoluer à un peu plus de 2'362 dollars l’once mardi, devrait continuer de bénéficier des achats effectués par les banques centrales des pays émergents, estime Raiffeisen. La banque anticipe un cours de l’once d’or situé aux environs de 2'450 dollars l’once sur un horizon de 12 mois.

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