Le private equity a fait mieux que les actions mais avec moins de volatilité

Yves Hulmann

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Malgré le recul du nombre de transactions et une baisse des volumes en 2023, les marchés privés restent attrayants en termes de performance, souligne Preqin.

Dans un domaine d’activité aussi fragmenté que celui des marchés privés, il n’est pas toujours facile d’avoir une vue d’ensemble de l’évolution du nombre de transactions et des volumes de fonds levés. C’est à cette tâche que s’est attelé Preqin, un fournisseur de données sur les marchés privés dont l’annonce du rachat par BlackRock a été communiqué début juillet. Lors d’une présentation en ligne consacrée au développement des marchés privés dans la région Allemagne, Autriche et Suisse (DACH), Preqin a détaillé les ordres de grandeur pour les marchés privés dans leur ensemble ainsi que pour leurs différents segments spécifiques (private equity, capital-risque, dette privée, immobilier et infrastructure et ressources naturelles), en précisant quelques indications sur le plan régional.

13,7 trillions de dollars de capitaux privés en tout

En tout, les actifs sous gestion des capitaux privés se sont élevés à quelque 13,7 trillions de dollars en 2023, en hausse de 14% par rapport à fin 2022. Si l’on s’intéresse aux capitaux totaux qui ont été levés en 2023, à savoir 1322 milliards de dollars, la tendance s’est en revanche inscrite en baisse (-15%), le recul ayant été même encore davantage prononcé (-39%) en ce qui concerne le nombre de transactions (-39%). Par segments, seul le capital-investissement (private equity) a fait état d’une hausse des montants levés agrégés (+5%), contrastant avec le net recul observé dans le capital-risque (-55%) et les infrastructures (-38%).

Des performances le plus souvent positives mais inférieures à celle des marchés publics

Côté performance, les principaux segments des capitaux privés ont connu une évolution positive en 2023 et au début de cette année, qu’il s’agisse de la dette privée (+10%) et des ressources naturelles (+10%), des infrastructures (+9%), du private equity (+6%). La performance a été négative seulement pour le capital-risque (-5%) et l’immobilier (-3%). Malgré tout, la performance est demeurée inférieure à celle de l’indice global des actions du MSCI World (+25%).

La région DACH a mieux résisté sur la base du nombre de fonds

En ce qui concerne la région incluant l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse («DACH»), la tendance en matière de levées de fonds a été similaire à celle des marchés globaux – de manière moins prononcée en ce qui concerne le nombre d’opérations. Alors que le nombre de fonds clôturés a fortement reculé au niveau global (-39%), la baisse a été moins marquée dans la région DACH (-18%). En termes de montants agrégés, le recul a en revanche été moins prononcé au niveau global (-15%%) que pour les pays de la région DACH (-35%). Comme l’a expliqué Victoria Chernykh, responsable de la recherche chez Preqin qui a présenté l’étude mercredi, la région DACH a mieux résisté du point de vue du nombre de fonds mais ces fonds tendent à devenir plus petits.

L’Europe représente plus du tiers des actifs gérés dans les infrastructures

En termes d’actifs sous gestion, le marché européen des capitaux privés a néanmoins continué de croître l’an dernier, avoisinant un total de près de 4000 milliards de dollars en 2023, pratiquement le double de 2018. Par rapport au marché global, l’Europe occupe une place très importante dans les infrastructures (39% du total) mais relativement peu prononcée s’agissant du private equity et du capital-risque (16%) et encore très marginale dans le domaine des ressources naturelles (7%).

La dette privée se maintient à un niveau élevé

L’étude montre aussi que les fonds alloués à la dette privée ont continué de progresser tout au long des dix dernières années. Certes, les montants levés totaux, situés à un peu plus de 200 milliards de dollars en 2023 (52,9 milliards pour l’Europe), n’ont pas atteint leur record de 2021 (250 milliards de dollars, dont 69,2 milliards pour l’Europe) mais la tendance reste haussière sur dix ans. En 2013, le marché global de la dette privée était estimé à seulement 75 milliards de dollars, dont 20,4 milliards pour l’Europe.

Une performance proche des actions mais avec moins de fluctuations

Et qu’en est-il de la performance? Entre décembre 2018 et fin 2023, les placements dans les capitaux privés ont certes seulement légèrement surperformé l’indice global des actions MSCI World mais avec beaucoup moins de volatilité, a mis en perspective Victoria Chernykh. De même, le segment du private equity a légèrement surperformé l’indice des actions américaines du S&P 500 durant la même période mais avec beaucoup moins de volatilité.

Par pays et région, Preqin observe aussi que les placements dans les capitaux privés en Allemagne ont en moyenne réalisé une performance moins élevée qu’en Europe durant la période allant de 2012 à 2021. Une sous-performance qui s’explique, notamment, par l’importance en Allemagne des placements dans l’immobilier et les infrastructures.

Qu’attend Preqin pour les prochaines années? La société d’analyse anticipe un rythme de croissance un plus modéré de 8,41% pour la période allant de 2022 à 2028, comparé à une augmentation de 12,26% observée durant la période comprise entre 2017 et 2021.

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