Gonet: l'actualité des marchés au 19 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,15%, S&P 500 +0,25%, Nasdaq +0,03%, Russell +0,16%, SOX +1,35%, Eurostoxx +0,72%, SMI +0,36%.

L’été prend tranquillement ses quartiers Downtown Manhattan. À Boston les rues sont jonchées de vert et de verre, bienvenue dans les «summer doldrums». On peut traduire cette expression par «marasme estival», qui concerne la période comprise entre le début de l’été et la fête du travail aux Etats-Unis (juillet – août). Cette période est supposée être associée à de faibles volumes d’échanges sur les parquets de trading, désertés par des traders réfugiés dans les Hamptons. En réalité, les summer doldrums sont utilisés chaque année par les chroniqueurs boursiers, qui ont de moins en moins de matière à développer à cette période de l’année, sauf dans cette chronique cela va de soi…

Le narratif du moment ne change pas d’un iota, on continue à s’enthousiasmer pour l’intelligence artificielle dans les salles de marchés, tout en comptant sur la Fed pour nous faire baisser ce loyer de l’argent et fissa s’il-vous-plaît, mais bon tant qu’elle nous laisse comprendre qu’elle s’y mettra un jour on veut bien patienter et envoyer Nvidia au firmament des capitalisations boursières à la cloche de ce mardi, qui l’eût cru en 1999, quand cette petite firme de rien du tout s’est timidement lancée dans le grand bain boursier? L’expression «7 magnifiques» prend un peu moins de sens aujourd’hui, les trois mousquetaires qui valent plus de 3'000 milliards de dollars nous ont fait une «Pantani» et se sont échappées dans la montée vers Verbier avec une aisance quasiment suspecte. Dans l’ordre et à la cloche d’hier soir, Nvidia pèse 3335 milliards de dollars, Microsoft 3317 milliards de dollars et Apple 3285 milliards de dollars. Un gouffre sépare ces trois Gargantuas de leurs désormais toutes petites sœurs. Alphabet en est à 2172 milliards de dollars, Amazon à 1902, Meta à 1267 et Tesla fait figure d’Arthur chez les Minimoys avec un ridicule 589 milliards de dollars, ce qui correspond à plus de deux fois Nestlé mais on ne parle pas de la même planète. Et pour rester dans les comparaisons douteuses, chacun de ces trois Pangagruels pèse plus que la bourse de Paris ou de Londres à lui seul, sachant que ces deux places financières sont les plus importantes d’Europe.

La séance d’hier de Wall Street est plutôt calme, on prend les mêmes acteurs et on recommence avec d’énièmes records historiques en clôture pour le S&P500 (SPX) et le Nasdaq100 (NDX). Pas ou peu de nouvelles à se mettre sous la dent, les investisseurs attendent aussi le rebalancing du SPX et du Russell2000 (RTY) qui auront lieux vendredi, respectivement vendredi de la semaine prochaine. En plus Wall Street restera fermée ce mercredi (Juneteenth, la commémoration de l’abolition de l’esclavage). Les marchés ont été exceptionnellement calmes ces dernières semaines, les investisseurs analysant les données relatives à la résistance de l'économie américaine face à la lente modération de l'inflation et au maintien de taux d'intérêt élevés. De nouveaux rapports fournissent des signaux mitigés hier, les ventes au détail de mai ayant augmenté moins que prévu, tandis que la production manufacturière s'est accélérée. La semaine dernière, la Réserve fédérale a laissé entendre que les pressions sur les prix s'atténuaient progressivement et a prévu une réduction des taux d'intérêt dans le courant de l'année. Néanmoins, certains membres du FOMC dont Susan Collins, présidente de la Fed de Boston, appellent à la prudence hier.

Sur les marchés pétroliers, le baril de WTI Light Crude rebondit à 81,25 dollars, prolongeant ainsi sa reprise depuis le début du mois de juin. Le mouvement de mardi contribue à soutenir les actions d'Exxon Mobil et de Chevron. Occidental Petroleum gagne 1,8% après que Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, ait acquis environ 2,9 millions d'actions supplémentaires de la compagnie pétrolière.

La volatilité recule à nouveau, le VIX égare 3,4% à 12,30. Le dollar ne bouge plus, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0728. Sur le front obligataire, le rendement du 10 ans US traite à 4,22%, son support se situe toujours à 4,19%, sa résistance à 4,35%.

En Europe on continue de se demander à quoi ressemblera l’Assemblée Nationale française le 7 juillet au soir. Le spread entre le 10 ans OAT et son alter ego Bund s’écarte un peu plus, à 79 points de base. Il faut dire que la France et l'Italie seront parmi les sept pays que l'UE réprimandera pour leurs déficits excessifs de l'année dernière, selon l’agence Bloomberg.

Zonebourse nous apprend que la dernière enquête mensuelle menée par Bank of American auprès des gestionnaires d'actifs mondiaux montre que les pros sont en mode «achat fort». Le sentiment global n'avait plus été aussi haussier depuis novembre 2021 et l'attrait des actions américaines ne se dément pas. La part de gérants qui craignent un atterrissage brutal de l'économie mondiale se réduit à 5%, contre 11% le mois précédent et 26% un an avant. Le pari le plus embouteillé du monde est, surprise, être long sur les grosses technologiques américaines. Il est cité par 69% des gérants, ce qui le range parmi les «crowded trades» les plus consensuels de l'histoire. Et ça dure depuis 15 mois. Le plus gros risque identifié actuellement est une hausse de l'inflation, mais avec une forte décrue par rapport aux mois précédents. On notera que l'enquête a été menée du 7 au 13 juin et qu'elle n'a donc pas très bien pris en compte le bazar politique européen. Mais peut-être aussi que les gros fonds américains s'en fichent un peu.

Au menu macro-économique du jour, on débute avec l'indice des prix à la consommation au Royaume-Uni (qui ressort en-dessous des attentes et atteint l’objectif de 2% de la Banque d’Angleterre). Dans l'après-midi, l'indice du marché immobilier NAHB des Etats-Unis sera publié à 16h00.

Les États-Unis font pression sur les Pays-Bas (ASML, ASM International) et le Japon (Nikon, Tokyo Electron) pour qu'ils restreignent davantage les équipements de fabrication de puces à la Chine Les constructeurs automobiles chinois demandent des droits de douane de rétorsion sur les voitures européennes, selon les médias d'État. Les discussions entre les banques privées Julius Baer et EFG International ont échoué à cause des craintes réglementaires suisses, selon Reuters. Vodafone récupérera 2 milliards de dollars en vendant sa part dans des tours télécoms en Inde. Selon Reuters, la première Ferrari électrique coûtera au moins 500’000 euros. Le CEO d'UniCredit estime que l'euro numérique est un «très bon» plan si les banques sont pleinement impliquées. Bayer mise sur l'intelligence artificielle pour lutter contre la résistance aux herbicides. Golden Goose décale son IPO à Milan, à cause d'un contexte européen défavorable. Les trois constructeurs automobiles de Detroit (Ford, General Motors et Chrysler appartenant à Stellantis) devraient quitter la Chine, selon un analyste de renom. Apple suspend ses travaux sur le prochain casque haut de gamme pour se concentrer sur un modèle moins cher, selon The Information. La NASA choisit Lockheed Martin pour construire le prochain vaisseau spatial de la NOAA, avec un contrat d'environ 2,27 milliards de dollars. AMD enquête sur des allégations selon lesquelles des données de l'entreprise ont été volées lors d'un piratage informatique. Microsoft achète 8 millions de crédits carbone à BTG Pactual dans le cadre de la vente la plus importante jamais réalisée. Qualcomm éteint une procédure aux Etats-Unis concernant ses pratiques en matière de ventes et de licences en échange de 75 millions de dollars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à l’exception de Shanghai, qui rend 0,4%. Tokyo grappille 0,23% à la cloche, Hong Kong décolle de 2,72%, Séoul avance de 1,21% et le Nifty50 traite à l’équilibre. Le future SPX monte un chouia et l’Europe ouvre inchangée.

Pas de Wall Street donc ce mercredi, la journée boursière devrait être calme.  

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