Gonet: l'actualité des marchés au 12 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,31%, S&P 500 +0,27%, Nasdaq +0,88%, Russell -0,36%, SOX +0,06%, Eurostoxx -1,02%, SMI -0,53%.

C’est bien connu, le marché a l’absence de visibilité en horreur. La politique ne fait pas exception et la percée de l’extrême droite aux élections européennes de dimanche passé ne plait mais alors pas du tout aux acteurs du joyeux monde de la finance. C’est la France qui cristallise la plupart des peurs, on se souvient dans les salles de marchés de Liz Truss, membre du parti conservateur britannique et détentrice bien malgré elle du record du plus court mandat à la tête du gouvernement britannique de l’histoire: 49 petits jours. La raison de ce départ éclair? Un budget qui aurait probablement choqué même dame cigale, 45 milliards de livres de baisses non-financées d'impôts pour les plus fortunés, une augmentation des emprunts étrangers malgré la lourde dette du pays et une coupe drastique des contributions à la sécurité sociale. Ce budget surréaliste provoque une réaction négative des marchés financiers et de la population, Liz Truss n’a finalement d’autre choix que de démissionner. On revient en 2024 et on se penche sur la France et son déficit budgétaire qui commence à se voir plutôt pas mal. La note de la dette publique française a récemment été dégradée par S&P et ce matin on apprend que la commission européenne pourrait imposer à Paris de réduire son déficit à marche forcée, ce qui impliquerait de trouver 20 milliards d’euros par an, sans bien évidemment taper dans la caisse. Or, une arrivée du Rassemblement National aux affaires impliquerait des dépenses en forte augmentation. Par exemple, Marine Le Pen veut réduire la TVA sur l’énergie de 20% à 5%, coût estimé 10 milliards d’euros par an. Vous me voyez probablement venir, on peut promettre monts et merveilles au peuple, si on se met le marché à dos, le risque d’une Liz Truss bis est bien réel.

Repli des indices européens d’actions hier, le CAC40 souffre un peu plus que le reste, Paris a perdu 2,75% depuis la clôture de vendredi passé. Cela reste une baisse contenue, le CAC doit toutefois faire attention à ne pas casser sa moyenne mobile à 200 jours, qui évolue à 7597 points contre une clôture hier à 7789 pts. Le spread (l’écart) de rendement entre le 10 ans OAT et son alter ego du Bund s’écarte à 60 points de base, c’est plutôt inquiétant et à suivre.

On change de continent et d’ambiance. À Wall Street on se fiche pas mal de la situation européenne comme de sa dernière chemise Cardin. Tout semble aller pour le mieux Downtown Manhattan, les indices terminent leur séance sur une légère hausse, ce qui nous fait donc de nouveaux records historiques à la cloche pour le S&P500 (SPX) et le Nasdaq100 (NDX), tandis que papy Dow Jones toussote et égare quelques points, pénalisé par ses financières Goldman Sachs, American Express et JP Morgan. Boeing participe aussi à l’effort de baisse après que le constructeur d'avions a déclaré avoir livré 24 avions et enregistré quatre commandes d'avions en mai, décevant les investisseurs. Et pourtant Apple fait tout pour tenir la tête du vieil indice hors de l’eau, lui apportant 92 points à elle seule mais cela ne suffit pas.

Parlons-en de la firme à la pomme, qui défie une énième fois la théorie de Sir Isaac Newton et décolle de 7,26%. Les annonces de la veille concernant sa stratégie en intelligence artificielle de la firme semblaient décevantes, puis des analystes sortent du bois et constatent que le projet semble assez solide pour permettre à Tim Cook & Friends de rattraper son retard dans l’IA. Les observateurs perçoivent dans certaines annonces un nouveau potentiel de revenus pour le groupe. Ils pensent qu'au-delà de ChatGPT d'OpenAI, des accords pourraient être signés avec d'autres acteurs de l'écosystème des machines qui écrivent toutes seules ce qu'on leur demande. Ces acteurs seraient prêts à payer pour accéder au monde des utilisateurs de l'iPhone. Et voilà, il suffit d’une jolie histoire pour transformer le crapaud en princesse. En deux jours, Apple passe de «gros loser en retard sur tout ce qui a trait à l’IA» à «je vous l’avais bien dit qu’il ne fallait absolument pas vendre vos actions, cette firme est si innovatrice». Dans les faits, le titre repasse au-dessus de Nvidia en termes de capitalisation boursière et talonne désormais Microsoft (3176 milliards de dollars contre 3216 milliards). Et que dire de la configuration technique du titre? Mazette… AAPL casse sa résistance de 200 dollars tandis qu’une golden cross se profile à un horizon de quelques jours (la moyenne mobile à 50 jours va traverser la 200 jours à la hausse, un signal haussier). Tous les voyants sont au vert pour Apple, que bien trop de monde avait déjà enterrée en grande pompe…

La volatilité reste faible, même si le VIX progresse de 0,86% supplémentaires et revient à 12,85. Le ratio put call se stabilise à 0,59 et indique une activité toujours aussi soutenue dans les options d’achat, au détriment de celles de vente. Les actions terminent leur séance proches de leur plus haut du jour, les mastodontes de la tech passent une bonne journée, même le marché obligataire s’y met, qui fait reculer le rendement du 10 ans US à 4,40%. Il semble avoir été tenu en respect par sa résistance de 4,49%, prochain support à 4,34%. Le dollar ne bouge plus une oreille, probablement dans l’attente du CPI américain de cet après-midi puis de la décision de la Fed ce soir. C’est aujourd’hui en effet que nous prendrons connaissance de la progression des prix à la consommation au mois de mai aux USA. Les économistes s’attendent à un statu quo à 3,4% d’année en année et à un ralentissement de la progression des prix sur une base mensuelle. Ce soir la Fed devrait nous annoncer qu’elle ne bouge pas ses taux. En revanche, ce que le marché veut voir c’est le graphique dot.plot, qui montre le sentiment de chaque membre du FOMC quant à l’évolution future des taux. Ne nous attendons donc guère à d’importantes fluctuations d’indices jusqu’à 14h30 puis 20h.

Au chapitre de l’optimisme, selon FactSet, les analystes s'attendent actuellement à ce que les entreprises du S&P 500 gagnent environ 259 dollars par action au cours des 12 prochains mois. Ce chiffre est en hausse par rapport à la prévision de 243 dollars par action au début de l'année.

L'administration Biden envisage d'imposer de nouvelles restrictions à l'accès de la Chine à la technologie des puces utilisées pour l'intelligence artificielle, en ciblant une nouvelle architecture connue sous le nom de gate all-around (GAA), selon l’agence Bloomberg.

Les Etats-Unis affirment que Netanyahou soutient le plan de cessez-le-feu alors que le Hamas apporte une réponse.

Au menu macro-économique du jour, l’Allemagne publie une seconde estimation de son inflation de mai (sortie pile en ligne), en même temps que le Royaume-Uni qui annonce son PIB mensuel (légèrement meilleur que prévu). L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec l'indice des prix à la consommation (14h30), les stocks de brut du Département de l'Énergie (16h30) et enfin, la décision de taux du FOMC sur les taux (20h00). 

L'Europe devrait retarder d'un an les règles de Bâle sur les transactions bancaires. Une commission sénatoriale américaine veut faire témoigner le président de Novo Nordisk sur la différence du prix des médicaments contre le diabète et l'obésité aux Etats-Unis par rapport aux autres marchés. Sika ouvre un nouveau site de production en Chine. Oracle flambe de 10% hors séance grâce à ses contrats liés à l'IA, malgré des résultats mitigés. Ford prévoit de baisser un peu ses prix aux Etats-Unis. General Motors abaisse ses prévisions dans l'électrique pour 2024. Son conseil d'administration a approuvé un nouveau programme de rachat d'actions de 6 milliards de dollars. Amazon annonce la création d'une région d'infrastructure AWS à Taïwan. GameStop lève 2,14 milliards de dollars en profitant de la frénésie spéculative relancée par Roaring Kitty. Boeing a livré 24 avions en mai, pour 3 commandes nettes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo rend 0,66% à la cloche, Hong Kong perd 1,2%, Shanghai progresse de 0,31%, Séoul monte de 0,84% et le Nifty50 s’adjuge 0,67%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%. Le pétrole rebondit à 78,52 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or est stable à 2313 dollars l’once. 

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