Pendant que la France attrape une macronite, le reste de la planète finance démarre sa semaine sereinement. Ça balance pas mal à Wall Street, où les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) atteignent de nouveaux records historiques à la cloche, c’est la 857e occurrence cette année.

On fait un détour par Paris où le CAC40 perd 1,35% après avoir reculé jusqu’à 2% en séance. Les bancaires sont les principales victimes du jour, Société Générale chute de 7,46%, BNP perd 4,8% et Crédit Agricole rend 3,6%. La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale risque de pénaliser ce secteur jusqu’à ce que l’on y voie plus clair, le coût des capitaux propres augmente, l’Etat se finance désormais à des taux plus élevés (le 10 ans OAT offre un rendement de 3,23% ce matin soit 56 points de base de plus que son compère allemand le Bund). On notera aussi la faiblesse prononcée de Edenred, Vinci ou encore Bouygues. La nouvelle donne politique a dressé un superbe rideau de poussière devant l’horizon des investisseurs actifs sur le marché français, qui allègent fort logiquement leurs expositions avant d’y voir plus clair. Le reste de l’Europe ne se laisse pas entrainer par le CAC, Berlin et Londres ne reculent que de 0,34% et 0,2%. Il faut dire que si l’on prend un peu de recul, on réalise que les modérés restent confortablement majoritaires au parlement européen. Le marché est pragmatique, il ne sous-estime pas le pataquès politique français mais prend aussi en compte la situation globale. Disons pour résumé que, en l’état, la Bérézina reste locale. On suivra l’évolution de ce dossier entre deux matchs de l’euro (le foot, pas la monnaie).

À Wall Street on ne s’attarde guère sur le vaudeville parisien, les indices démarrent leur semaine dans le calme avec des records historiques à la clé en fin de séance. Les mastodontes de la tech se portent bien, Apple boude un peu, Nvidia progresse de 0,75%, ça fait tout drôle de la voir traiter à 121 dollars… le split 10 / 1 est passé par là, rappelons ici que ce nouveau prix lui ouvre potentiellement les portes du vénérable Dow Jones, qui manque cruellement de valeurs de la tech. On notera au passage la forte hausse de Southwest Airlines, qui décolle de 7% après que le Wall Street Journal a rapporté que l’activiste Elliott Investment Management a pris une participation de 2 milliards de dollars dans la société. Les semi-conducteurs passent une belle journée tandis que les banques régionales ont de la peine hier. La volatilité retrouve quelques couleurs, le VIX récupère 4,26% à 12,74%, les intervenants se positionnent en vue de l’annonce de la Fed sur les taux demain soir et aussi de la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI), demain également mais dans l’après-midi. On s'attend généralement à ce que la banque centrale américaine maintienne ses taux inchangés, mais les traders analyseront ses projections économiques et les commentaires du président Jerome Powell à la recherche d'indices sur la manière dont les taux pourraient évoluer cette année.

Les bons du Trésor US se stabilisent, ils semblent avoir digéré la publication du rapport sur l’emploi américain, sortie vendredi et qui a montré un marché du travail en apparence plus solide que prévu au mois de mai. J’écris «en apparence» à dessein, si l’on décortique le rapport on constate que les créations de postes du mois passé proviennent en grande majorité du gouvernement et de la santé, c’est-à-dire du secteur public. Le secteur privé ne semble pas du tout dans le même état de forme. On ajoute à cela la remontée du taux de chômage de 3,9% à 4,0% et le marché obligataire de se calmer, ce matin le rendement du 10 ans US traite à 4,44%, il ne bouge guère plus depuis hier, sa prochaine résistance se situe à 4,49% (moyenne mobile à 50 jours), son support à 4,35-4,34% (rencontre des moyennes mobiles à 200 et 100 jours). Le dollar est stable, le Dollar Index (DXY) traite à 105,19, il se maintient au-dessus de sa 50 jours (105,09). La paire EUR/USD remonte à 1,0765, elle indique une très légère détente des cambistes vis-à-vis de l’euro, à suivre. 

Apple annonce hier soir une série de fonctionnalités basées sur l’intelligence artificielles, désignées en toute modestie au moyen de l’acronyme AI (pour Apple Intelligence…). Le but de l’opération est de gommer l’image de loser de l’IA que la firme de Tim Cook est en train de renvoyer à tout un chacun. On notera par exemple que Siri (l’IA vieille de 12 ou 13 ans embarquée sur l’iPhone et qui nous fait rire ou nous énerve c’est selon, tellement ça se trompe et ne comprend pas ce qu’on lui demande) peut désormais récupérer des informations dans nos messages, nos courriels, notre calendrier, nos photos et même dans des applications tierces, afin de nous aider à accomplir des tâches. Prenez l’exemple de votre grand-mère qui vous écrit un mail vous informant qu’elle son vol est prévu pour atterrir à l’aéroport de Cointrin après-demain à 12h45. Désormais, vous pourrez demander à Siri de vous dire à quelle heure vous devez partir de chez vous pour récupérer Mamie, il s’occupera de tout (ou presque). Intégration de ChatGPT: Apple intègre cette technologie pour que ses systèmes puissent mieux comprendre les images et les documents, et pour que les utilisateurs puissent composer et éditer des messages textuels. La plupart des processus d'IA seront exécutés sur l'appareil, tandis que les tâches plus complexes seront gérées par les serveurs d'Apple dans le cadre d'une nouvelle offre appelée Private Cloud Compute. Apple utilisera ses propres puces de serveur pour alimenter les fonctions d'IA sur tous ses appareils. Les annonces d’hier ne semblent pas impressionner le marché, en tous les cas pas pour le moment. Je suis allé demander à Chat GPT ce qu’il en pense. Ce petit coquin me répond que «les annonces récentes d’Apple sur l’IA indiquent un engagement fort envers l’innovation technologique et la protection de la vie privée, ce qui pourrait se traduire par une croissance soutenue et une amélioration de la valeur pour les actionnaires à long terme» ben voyons…

Elon Musk déclare qu'il bannira les appareils Apple de ses entreprises si le logiciel d'OpenAI est intégré au niveau de l'OS, qualifiant le lien de risque de sécurité. 

La BCE doit rester prudente et la baisse des taux de la semaine dernière ne sera pas nécessairement suivie d'autres mesures rapides, indique Christine Lagarde à des journaux européens.

Au menu macro-économique du jour, les chiffres de l'emploi britannique sont tombés à 8h00, légèrement plus faibles que prévu.

Partners Group boucle un programme à plus de 15 milliards de dollars. GSK s'est félicité du rejet d'une affaire aux États-Unis concernant le Zantac, un médicament contre les brûlures d'estomac, qui devait commencer lundi. Avolta signe un contrat de 15 ans à l'aéroport de Sacramento via sa filiale HMSHost. Les résultats de l'essai de phase III d'Eli Lilly sur la pilule expérimentale contre l'obésité, l'orforglipron, sont attendus en avril 2025. Par ailleurs, le groupe d'experts de la FDA a recommandé à l'unanimité le donanemab, traitement expérimental d'Eli Lilly pour les patients atteints d'une forme précoce de la maladie d'Alzheimer. Tesla doit faire face aux allégations de marketing mensonger de la Californie concernant l'Autopilot. Intel interrompt ses projets de construction d'une usine de 25 milliards de dollars en Israël, selon Calcalist. Liberty Strategic Capital (Steven Mnuchin) déclare une participation de 7,7% dans New York Community Bancorp. El Al annonce l'achat d'une trentaine de Boeing. La bataille juridique entre ARM Holdings et Qualcomm risque de perturber la vague des PC dotés d'une intelligence artificielle. GameStop dégringole pour la deuxième journée alors que le rallye des mèmes s'estompe.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo grappille 0,25% à la cloche, Hong Kong rend 0,95%, Shanghai perd 0,76%, Séoul monte de 0,15% et le Nifty50 gagne 0,35%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe rebondit de 0,45% à l’ouverture.