Wall Street rend du terrain vendredi mais pas trop. Les apparences sont plutôt trompeuses, les indices rebondissent de leur plus bas du jour à la cloche, une baisse plus prononcée n’aurait choqué personne, le rapport mensuel sur l’emploi américain est passé par là, qui contredit en partie les signaux d’apparent affaiblissement envoyés plus tôt dans la semaine. L’économie américaine a créé nettement plus de postes de travail au mois de mai que prévu, les salaires horaires progressent de 0,4% sur un mois, les économistes prédisaient 0,3%, on ignore en partie la remontée du taux de chômage à 4% contre 3,9% espérés et les rendements obligataires de repartir à la hausse, eux qui menaçaient de plonger après avoir déjà passablement reculé. Le 10 ans US traitait légèrement en-dessous de 4,30% avant l’annonce, il remonte d’un coup à 4,40% pour se hisser à 4,46% ce matin. Techniquement, il regarde sa prochaine résistance à 4,49% (moyenne mobile à 50 jours), son support se situe dans la zone 4,35% - 4,33% (rencontre des moyennes mobiles à 100 et 200 jours). Les intervenants gardent leur calme, la volatilité recule malgré le repli des indices. Le VIX perd 2,78% et termine sa semaine à 12,22, support à 11,52, important et à suivre. Le ratio put call s’affaiblit encore un peu, à 0,58, on est décidément bien détendus sur les parquets de trading.

Quoi qu’il en soit, la performance hebdomadaire est plutôt bonne, hormis pour les petites et moyennes capitalisations. On notera qu’une fois encore notre bon vieux SMI joue les premiers rôles, il gagne presque autant que le Nasdaq soit un peu moins de 2,4% sur la semaine. Ce matin les Fed Funds sont un peu moins convaincus que la Fed baisse ses taux deux fois cette année encore, cela devient quelque peu lassant, comme le précise l’excellent Anthony Bondain, citant pour l’occasion le non moins excellent Bill Murray dans «le jour de la marmotte». La semaine passée le marché était «lost in translation», je commence à me demander si Bill Murray n’est pas le principal influenceur de ce marché. La remontée des taux ne parvient pas à mettre les actions au tapis, en revanche l’or se prend un gadin mémorable, l’once chute de 2380 dollars vendredi à 2295 dollars ce matin, échaudée par les rendements en hausse et aussi par le rebond marqué du dollar, qui n’abdique jamais. Le Dollar Index (DXY) qui flirtait dangereusement avec le précipice vendredi  matin, rebondit violemment et revient à 105,19. Il repasse d’un coup au-dessus de ses moyennes mobiles à 200, 100 et 50 jours et réintègre son canal haussier à court terme entamé en janvier. La paire EUR/USD recule à 1,0763, elle aussi casses ses trois moyennes mobiles mais à la baisse, le niveau de 1,0700 constitue son prochain support. La paire est non seulement influencée par un regain manifeste de forme du billet vert, mais aussi par l’uppercut encaissé par l’euro après les élections européennes.

Les élections européennes donc, qui permettent à tout un chacun d’exprimer son ressenti, d’envoyer un message à ses dirigeants sans, en apparence, prendre trop de risque. Après tout on élit des gens au parlement européen, ce machin abstrait siégeant loin de nous. Le verdict des urnes de ce dimanche n’est pas une réelle surprise, il confirme une tendance émergente depuis longtemps. La plupart des partis dits modérés gardent leur majorité alors que l’extrême-droite réalise une nouvelle avancée, au dépens surtout des centristes et des verts. L’attention se concentre sur la France, où le score particulièrement fort du Rassemblement National décide Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée Nationale. Des élections législatives auront lieu le 30 juin (premier tour) puis le 7 juillet (second tour). Le président français prend donc le risque de se retrouver minorisé à l’Assemblée Nationale et de devoir nommer une ou un premier ministre de l’opposition actuelle. Le sentiment qui prévaut ce matin est qu’il n’avait pas vraiment d’alternative. Joue-t-il son va-tout  en tentant de prendre les électeurs par surprise et de les mettre devant leurs responsabilités? Cherche-t-il à savonner la planche de l’extrême droite en vue de la présidentielle de 2027? Qui sait… Ce qui est certain en revanche, c’est que le marché s’inquiète de ce nouveau paysage politique européen, l’euro est sous pression et les indices d’actions reculent ce matin de 1,1% (1,9% pour le CAC40). On envisage déjà dans les salles de marchés que le secteur des énergies renouvelables puissent en pâtir, tout comme les entreprises portant un fort endettement.

L’été approche mais cela balance donc encore pas mal sur les marchés, particulièrement à Paris. Cette semaine, au-delà de digérer les européennes, le marché vivra une journée de mercredi bien intense avec la publication de l’indice américain des prix à la consommation, suivi de l’annonce de la décision de la Fed le soir à 20h. Personne n’attend de mouvement sur les taux, en revanche le tableau dot.plot sera publié, qui permettra aux intervenants de comparer leurs attentes avec celles des membres de la Réserve Fédérale.

Benny Gantz quitte le gouvernement d'urgence israélien et appelle à des élections, critiquant Benjamin Netanyahu pour sa gestion de la guerre contre le Hamas.

Rien de particulier à se mettre sous la dent au menu macro-économique de ce lundi.

ABB demande sa décotation de la bourse américaine. Barry Callebaut émet 700 millions d'euros d'obligations. Roche annonce des données positives pour Evrysdi contre l'amyotrophie spinale. CrowdStrike, KKR, GoDaddy rejoignent l'indice de référence S&P 500. Microsoft dévoile des consoles Xbox entièrement numériques et le titre «Doom» lors du salon Games Showcase. Apple doit annoncer des nouveautés lors de sa conférence mondiale des développeurs qui démarre aujourd'hui. Le fonds souverain norvégien va voter contre la rémunération de 56 milliards de dollars versée par Tesla à Elon Musk. Tesla qui ne lancera pas de modèle Y rafraîchi cette année, selon Elon Musk. Elliott prend une participation de près de 2 milliards de dollars dans Southwest Airlines, selon le WSJ. Visa et MasterCard font l'objet de nouvelles poursuites au Royaume-Uni au sujet des frais prélevés sur les commerçants.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Hong Kong et Shanghai sont fermées, Tokyo progresse de 0,92% à la cloche, Séoul recule de 0,79% et le Nifty50 grappille 0,2%. Le future SPX recule de 6 points et l’Europe traite en baisse de 1,15%. Le pétrole est stable, à 75,79 dollars le baril de WTI Light Crude. 

Boston mène 2 – 0 face à Dallas dans la série des finales NBA, les feux sont au vert…