Mexique: une pragmatique au pouvoir

Michael Vander Elst, DPAM

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Le potentiel du Mexique de bénéficier largement de la réorganisation internationale des échanges commerciaux est-il à risque?

Claudia Sheinbaum, la nouvelle présidente du Mexique devrait poursuivre la politique menée par son prédécesseur, Andres Manuel López Obrador (AMLO), représentant du Mouvement de régénération nationale (Morena). Or, ce mouvement est peu favorable aux affaires et son programme fait peser des risques sur l'avenir des investissements directs étrangers effectués dans le but de relocaliser l’activité dans les pays voisins.

Il convient néanmoins de souligner que l’élection du 2 juin possède une portée historique dans la mesure où c’est la première fois que le Mexique porte une femme à sa présidence depuis 1824, année de la promulgation de la Constitution de la République mexicaine. Par ailleurs, ces élections qui concernent près 100 millions de Mexicains, dont plus de 11 millions résidant à l’étranger, portent non seulement sur la présidence du pays, mais également sur les 500 sièges de la Chambre des représentants et sur les 100 sièges du Sénat. Des élections ont eu lieu dans les 32 Etats du pays représentant plus 20'000 positions à pourvoir, dont celles de 9 gouverneurs.

Les modèles d’affaires basés sur la fluidité des échanges de produits finis et de composants entre le Mexique et les Etats-Unis pourraient être remis en question.

Le Mexique, grand gagnant potentiel du mouvement actuel de «remondialisation» et de réorganisation internationale des chaînes d'approvisionnement, aurait besoin d'un climat plus favorable aux entreprises pour aller de l’avant. Il devrait également parvenir à faire évoluer ses infrastructures de manière à éviter les goulets d’étranglement qui freinent l’activité.

Des nuages sur l’accord de libre-échange

Toutes ces incertitudes pourraient peser sur les investissements directs étrangers l’année prochaine et en 2026.  Par ailleurs, la «sunset clause»1 ou clause d’expiration de l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC) pourrait affecter les échanges commerciaux dès 2026, puisque la première révision de l’AEUMC par ses trois partenaires devra être effectuée en juillet 2026 (soulignons le fait que ce réexamen pourrait devenir annuel si l’un des pays concernés n’était plus satisfait des termes de l’accord). Cela signifie que 18 mois après les prochaines élections américaines, en particulier en cas de victoire de Donald Trump, l’AEUMC pourrait se trouver à nouveau à risque. Et les modèles d’affaires basés sur la fluidité des échanges de produits finis et de composants entre le Mexique et les Etats-Unis pourraient être remis en question.

Pour terminer sur une note plus positive sur le plan économique, il convient de relever le fait que les marchés s’attendent à ce que Claudia Sheinbaum mène une politique plus pragmatique et plus technocratique (que son prédécesseur), notamment en autorisant une participation accrue des acteurs privés dans le secteur de l’énergie.

 


1 Clause qui conduit à une expiration automatique de l’accord et fixe des dates de révision périodique des termes de cet accord.

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