Les cryptomonnaies: une technologie au service de la criminalité?

Leon Curti, Digital Asset Solutions AG

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Partie 3. L'Internet aussi fut en son temps confronté aux accusations de servir en premier lieu des activités criminelles.

©Keystone

 

Pour conclure cette série, une comparaison avec les débuts de l'Internet s'impose. Dans sa phase initiale, l'internet a fait l'objet d'un scepticisme et de critiques considérables, principalement en raison de son rôle supposé dans la facilitation d'activités illégales telles que la diffusion non autorisée de films ou de musique, la diffusion de pornographie et les marchés clandestins de biens et de services illégaux.

Heureusement, cela n'a pas conduit à l'interdiction d'Internet. En effet, le potentiel de transformation d'Internet a largement éclipsé ces préoccupations. Internet a révolutionné pratiquement tous les aspects de la vie moderne. Il a permis une communication mondiale instantanée par le biais du courrier électronique, des médias sociaux et des vidéoconférences, et a fait disparaître les frontières géographiques.

L'essor des plateformes de commerce électronique telles qu'Amazon et eBay a redéfini le commerce de détail et a permis d'acheter et de vendre des marchandises depuis n'importe quel endroit du monde. Les ressources éducatives sont devenues universellement accessibles, les cours en ligne et les bibliothèques numériques ont démocratisé le savoir. Une réglementation judicieuse et une sensibilisation des autorités ont jeté les bases de cette évolution.

Ne pas réduire du particulier au général

De la même manière, les cryptomonnaies jouissent d'une certaine stigmatisation dans de larges cercles du public. En effet, la blockchain est parfois utilisée de manière abusive pour des activités criminelles. Il s'agit toutefois d'une infime minorité de l'utilisation globale des cryptomonnaies. Comme nous l'avons expliqué dans la deuxième partie de la série, moins d'un demi pour cent du volume des cryptomonnaies est lié à une activité illégale.

Si l'on se concentre exclusivement sur ces aspects négatifs, on passe rapidement à côté des effets positifs profonds que les monnaies basées sur la blockchain peuvent avoir sur notre société. Elles rendent possibles des applications décentralisées (dApps) et des contrats intelligents (smart contracts) qui permettent des transactions automatisées et fiables sans intermédiaires. Ces technologies peuvent révolutionner les systèmes existants dans les domaines de la gestion de la chaîne d'approvisionnement, des soins de santé et de la gestion de l'identité, en améliorant la transparence, l'efficacité et la sécurité.

Inflation mondiale

Partout dans le monde, les gens luttent contre la dévaluation sans précédent de leurs monnaies quotidiennes. Dans de nombreux pays, le manque d'infrastructures financières empêche l'accès à des transactions peu coûteuses au-delà des frontières. Les contrôles de capitaux empêchent la fuite vers d'autres actifs comme les devises étrangères.

Les cryptomonnaies offrent une solution attrayante à tous ces problèmes réels. Elles permettent aux habitants des pays en développement d'accéder aux marchés financiers mondiaux et à des services qui leur étaient auparavant inaccessibles. En utilisant les cryptomonnaies, ces personnes peuvent protéger leurs économies contre l'inflation et effectuer des transferts internationaux à moindre coût et en toute sécurité.

De plus, les cryptomonnaies favorisent l'inclusion financière en permettant à des millions de personnes sans compte bancaire d'accéder aux services financiers. Des projets tels que Bitcoin et Ethereum montrent que les plateformes financières décentralisées (DeFi) peuvent offrir des solutions innovantes en matière de crédit, d'assurance et d'investissement, sans avoir recours aux banques traditionnelles.

En résumé, les activités illégales ne représentent pas une part sensible de l'activité globale et les cryptomonnaies ne sont pas non plus des instruments de spéculation inutiles pour des parieurs qui s'ennuient. Au contraire, elles représentent un pas important vers une économie numérique décentralisée et plus inclusive.


Retrouvez nos deux premiers volets:
«Blanchiment, terrorisme, Dark Web? Petit essai de démystification»
«Seule une fraction du volume en bitcoin est détournée à des fins illégales»

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