Tech, high tech et consommation à l’honneur

Margaret Vitrano, ClearBridge Investments

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Malgré une rotation significative, la tech reste bien positionnée pour bénéficier d’une croissance supérieure à la moyenne.

L'indice S&P 500 a gagné 6,2% grâce à l'optimisme croissant concernant la réouverture de l'économie, qui a permis aux valeurs cycliques et aux valeurs de rendement d'être en tête pour le second trimestre consécutif. L'indice Russell 1000 Value a progressé de 11,3% au premier trimestre, dépassant le rendement de 0,9% de l'indice de référence Russell 1000 Growth. Le marché des actions a perdu depuis l’automne la majeure partie de l'avantage historique dont jouissaient les valeurs de croissance et de momentum, les valeurs de croissance ayant progressé de 62,7% au cours de l'année dernière et les titres de valeur de 56,1%.

 

Une plus grande prise de risque de la part des investisseurs, en particulier dans certaines actions vendues fortement à découvert sur des plateformes d’investisseurs particuliers, ainsi que dans les SPAC et les cryptomonnaies, a également fait grimper les secteurs de moindre importance tout en provoquant plusieurs pics de volatilité, les fonds spéculatifs étant contraints de liquider des positions qui leur étaient défavorables. Par ailleurs, la flambée des rendements obligataires, le Trésor américain à 10 ans ayant augmenté de 83 points de base pour terminer le trimestre à 1,74%, a exercé une pression sur les actions growth à plus fort coefficient.

Il existe un potentiel de croissance à long terme pour l'ensemble
des activités de la plateforme de jeux vidéo Sea, avec de multiples opportunités.

Du point de vue sectoriel, l'énergie (+19,6%) a été la meilleure performance de l'indice de référence grâce à la hausse de 21% du prix du pétrole brut, suivie par les services de communication (+8,5%), l'immobilier (+7,1%), l'industrie (+3,4%) et les services financiers (+2,7%). Les secteurs de la consommation discrétionnaire (-1,0%) et des technologies de l'information (-0,7%), principaux bénéficiaires du boom du travail à domicile et du commerce électronique pendant la pandémie, ont sous-performé, tout comme la consommation de base (-0,7%).

Le point sur l’IT et la consommation 

Au-delà des sociétés de logiciels d'entreprise Workday et Atlassian ajoutées en fin d’année dernière à notre portefeuille, nous avons sélectionné au cours de ce premier trimestre la plateforme de jeux vidéo Sea Limited, basée à Singapour, et ainsi augmenté notre exposition sélective pour atteindre 36% du portefeuille global.

Sea est une entreprise de premier plan en Asie du Sud-Est active dans le domaine des jeux vidéo et du commerce électronique, elle a également démarré une activité de paiements et de services bancaires numériques. Alors que la société investit massivement dans le commerce électronique et les paiements, cette croissance est auto-financée par son service très rentable des jeux vidéo. Il existe selon nous un potentiel de croissance à long terme pour l'ensemble des activités de Sea, avec de multiples opportunités, comme l'expansion du commerce électronique en Amérique latine. Avec la participation existante d'Alibaba, Sea offre une exposition aux tendances de croissance séculaires des marchés émergents.

Dans le secteur IT, le secteur cyclique des semi-conducteurs connaît actuellement une pénurie importante d'approvisionnement due à plusieurs années de réductions de capacité, d'arrêts liés au COVID-19 et de retards de production ponctuels, ainsi qu'une résilience de la demande dans des secteurs comme l'automobile et les smartphones. Par exemple, le fabricant NXP Semiconductors et la société ASML, ont été parmi les principaux contributeurs de notre portefeuille au premier trimestre. NXP a progressé grâce à la montée en puissance de la production automobile et à la poursuite de l'expansion des ventes de véhicules électriques. ASML, qui exerce un quasi-monopole sur les équipements de fabrication de puces haut de gamme, travaille sur un carnet de commandes qui s'étend sur plus d'un an. Basées toutes deux aux Pays-Bas, ces sociétés atypiques donnent accès à des profils de croissance différents de ceux disponibles aux Etats-Unis. 

Les consommateurs américains ont accumulé plus de 1’400 milliards
de dollars d'épargne excédentaire au cours des 12 derniers mois.

Nous anticipons également une année importante pour les dépenses de consommation avec la réouverture des économies américaine et mondiale. La capacité d’acheter des produits coûteux, comme les voyages et les restaurants, étant limitée par les restrictions COVID-19, les consommateurs américains ont accumulé plus de 1’400 milliards de dollars d'épargne excédentaire au cours des 12 derniers mois. La plupart des Américains ont reçu un nouveau chèque de relance de 1’400 dollars en mars et l'engagement de la Réserve fédérale à maintenir des taux d'intérêt bas plus longtemps dans la reprise a maintenu les liquidités abondantes. Stimulées par des taux hypothécaires historiquement bas, les dépenses liées au logement ont également progressé.

 

Enfin, Tractor Supply, détaillant pour les agriculteurs, possède un certain nombre d’avantages, car il cible le concept de bricolage et les verticales moins susceptibles d'être concurrencées par le commerce électronique. Avec environ 2’000 magasins, la société est également bien positionnée pour bénéficier des tendances en matière de logement suscitées par le COVID-19, telles que les déplacements vers des zones plus suburbaines et rurales et l'augmentation de la possession d'animaux domestiques. Le nouveau CEO a mis en place plusieurs initiatives visant à améliorer la productivité des magasins qui, selon nous, pourraient ajouter 100 à 150 points de base à la croissance des ventes des magasins comparables au cours des prochaines années.

Perspectives 

Avec les liquidités injectées dans l'économie, nous surveillons de près l'inflation et ce qu'elle pourrait signifier pour le marché des actions. L'industrie des semi-conducteurs est en mesure d'exercer des pressions sur les prix liés aux problèmes d’approvisionnement. Les entreprises du secteur de la consommation discrétionnaire qui dépendent des matières premières pourraient subir une pression sur les marges, mais semblent gérer la hausse des coûts. Les frais liés à la main-d'œuvre cette année et l'année prochaine seront particulièrement intéressants car ils constituent la composante la plus importante des indicateurs d'inflation généraux.

Malgré une rotation significative hors de la branche informatique, nous restons attachés à ce secteur comme l'un des mieux positionné pour bénéficier d’une croissance à long terme supérieure à la moyenne. Nous considérons l'accélération des dépenses d'investissement des entreprises de l'année dernière comme des dépenses liées à la «panique» pour soutenir l'environnement de travail à domicile. Cette année, nous constatons que les budgets informatiques des entreprises commencent à se relâcher, l'accent étant mis sur la transformation numérique. Le secteur des logiciels-service voit les dépenses liées aux initiatives numériques augmenter et les dépenses IT resteront selon nous vigoureuses à l’avenir.

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