La récession la plus courte de l’histoire

Salima Barragan

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Le rallye a encore du temps devant lui, déclare Jeffrey Schulze de ClearBridge Investments, une filiale de Legg Mason.

La crise sanitaire et les réponses monétaires et fiscales sont sans précédent. Ce qui explique pourquoi durant ces derniers mois, les internautes ont recherché le plus souvent sur le moteur de recherche Google le terme anglophone «unprecedented». Pour Jeffrey Schulze, stratège en investissements chez Clearbridge, une filiale de Legg Mason, les actions politiques agressives feront de la récession d’après-crise la plus courte de l’histoire.

«Sans précédent» résume bien la situation. «En quelques semaine, la Fed a fait en quelques semaines ce qui a pris des mois lors de la grande crise financière. Le Congrès a octroyé plus de 3000 milliards de dollars pour la relance budgétaire», commente Jeffrey Schulze. En comparaison, le plan Marshall pour la reconstruction de l'Europe et même la guerre du Vietnam étaient de menues dépenses du Trésor américain. Rappelons que le plan de secours post-Seconde Guerre mondiale a coûté 140 milliards de dollars courants alors qu'on a dépensé pour le bourbier vietnamien près de 1000 milliards de dollars actuels.

Nous nous attendons à ce que la reprise soit lente
en raison de la faiblesse persistante du marché du travail.
Reprise économique

Pour Clearbridge Investments, les réponses inédites des gouvernements et des banques centrales assureront un fond économique et boursier durable. Selon leur tableau de bord, les voyants pour le mois de juin sont déjà passés au vert. L'amélioration des conditions financières et des indicateurs de confiance des entreprises indique que l'économie est retournée en phase expansionniste, ce qui confirmerait leur thèse d’une brève récession. «Nous nous attendons à ce que la reprise soit lente en raison de la faiblesse persistante du marché du travail et de la réticence de certains consommateurs à dépenser, mais les marchés des actions suivent généralement la forte reprise que nous avons observée au deuxième trimestre», explique Jeffrey Schulze optimiste sur la continuation du rallye haussier.

Correction à très court terme possible

En règle générale, les rallyes à contre-tendance et les épisodes de re-test des creux du marché sont des conditions préalables à un creux durable. «Toutefois, ce processus a été court-circuité par les politiques interventionnistes. Généralement, il y a plusieurs faux départs pour trouver un plancher mais ces actions politiques intenses ont contribué à placer le plancher plus tôt», poursuit le spécialiste qui n’exclut toutefois pas un retranchement à très court terme: «La probabilité d'une correction dans les mois à venir reste élevée après la reprise de 38,6% du marché au cours des 15 dernières semaines. Historiquement, le premier retrait consécutif à un rallye à partir des principaux creux du marché a varié de -3,6% à -14,7%, pour une moyenne de -9,3%».

Les dommages économiques futurs seront
plus limités que lors du mois de mars.

Globalement, les indicateurs techniques confortent les perspectives de la société de gestion. «Cette dynamique suggère que l'économie et les marchés financiers ont trouvé des creux durables après ce qui a été probablement le pire trimestre du PIB américain de l'histoire moderne. Les actions politiques agressives ont créé un plancher et relancé la prochaine expansion plus rapidement qu’anticipé», poursuit-il.

Principale ombre au tableau, la faiblesse du marché du travail qui pourrait persister au cours du second semestre.  «Alors que la poussée économique initiale a dépassé les attentes du consensus, le moment de vérité viendra au cours du second semestre de l'année sur le front de l’emploi», estime-il. De nombreux États américains ralentissent, voire inversent leur réouverture en raison de l'augmentation des cas de Covid-19, ce qui pénalise le marché de l’emploi.  Cependant, la bonne nouvelle, «c'est que les fermetures seront plus localisées en raison de l'amélioration de la capacité des systèmes de santé à gérer les cas. Les dommages économiques futurs seront donc plus limités que lors du mois de mars», conclut-il.