Réussir l’équilibre entre digitalisation et sur mesure

Camille Vial, Mirabaud & Cie SA

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L’ère du «phygital» est là: une fusion intelligente entre l’humain et le digital, où l’expérience client devient plus fluide, plus réactive et toujours plus adaptée aux attentes des investisseurs.

©Loris von Siebenthal

 

Un défi majeur pour la gestion de fortune

Dans un monde où la digitalisation transforme chaque aspect de notre quotidien, le secteur de la gestion de fortune doit relever un double défi : intégrer les nouvelles technologies tout en préservant l’essence du service sur mesure. Si la technologie offre des opportunités inédites en matière d’automatisation, d’accès à l’information et de fluidité transactionnelle, elle ne peut se substituer à la relation de confiance qui unit un client à son gestionnaire. Le véritable enjeu pour les banques privées et les gérants de fortune est donc de tirer parti des avancées technologiques sans perdre de vue l’importance du lien humain et de la connaissance fine des besoins spécifiques de chaque investisseur.

La digitalisation, un atout pour une gestion sur mesure

Loin d’être une menace pour la gestion privée, la digitalisation devient alors un levier stratégique lorsqu’elle est pensée comme un outil complémentaire, destiné à fluidifier et enrichir l’expérience client. Parmi ses avantages, l’accès en temps réel aux investissements : les plateformes numériques permettent aux clients de suivre leurs actifs, de réaliser des transactions boursières, d’analyser leur performance et de consulter des rapports détaillés à tout moment. Plus de deux tiers des investisseurs privés utiliseraient des plateformes digitales pour gérer leurs finances. L’optimisation des transactions permet également d’exécuter un transfert international, effectuer une opération boursière ou un paiement via QR code devient aussi simple qu’un clic, une tendance renforcée par la digitalisation du système bancaire suisse, où plus de 80 % des transactions bancaires se font désormais en ligne selon le Swiss Finance Institute (SFI). La sécurisation accrue des échanges offre des solutions cryptées garantissent une confidentialité absolue, un aspect crucial dans un pays où la protection des données bancaires reste une priorité. Enfin l’automatisation intelligente réduit la charge administrative des gestionnaires, elle leur permet de se concentrer sur leur mission première : le conseil et l’accompagnement stratégique des clients.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse des données transforment la manière dont les gestionnaires de fortune anticipent les tendances du marché. Les algorithmes avancés permettent d’identifier des opportunités d’investissement plus rapidement et avec une précision accrue. En Suisse, l’adoption des technologies d’IA dans le secteur bancaire est en forte progression, malgré le défi que cela représente en matière de gestion des risques et de conformité réglementaire. De fait, le nombre de banques mettant en œuvre des solutions d’IA a triplé en 2024 selon le Baromètre des banques 2025 de EY.

L’humain au cœur de l’expérience client

Si les outils numériques améliorent l’accessibilité et la transparence, ils ne peuvent se substituer à l’intuition et à l’expertise d’un conseiller expérimenté. En effet, comprendre les aspirations profondes du client demeure essentiel, car un bon gestionnaire ne se contente pas d’optimiser un portefeuille, il prend en compte les valeurs, les ambitions et les enjeux patrimoniaux de chaque investisseur.

Créer une relation de proximité est fondamental, car dans les moments de crise ou d’incertitude, les clients recherchent un dialogue humain, des conseils adaptés et un soutien rassurant. Selon une étude de 2024, 75% des investisseurs se tournent vers leurs conseils financiers professionnels pour les décisions majeures.

Anticiper et accompagner les générations suivantes est plus que jamais au cœur du métier de banquier. La transmission intergénérationnelle, l’éducation financière des nouvelles générations ou encore les choix en matière de philanthropie nécessitent une approche pédagogique et personnalisée.

Trouver le bon équilibre entre tradition et modernité

La digitalisation n’est pas une tendance passagère ; elle s’inscrit dans une évolution structurelle qui touche aussi bien les nouveaux actifs (private equity, crypto-monnaies, actifs tokenisés) que les attentes des investisseurs. L’émergence de la tokenisation permet par exemple d’accéder à des classes d’actifs autrefois réservées à un cercle restreint d’investisseurs, tout en offrant une plus grande transparence et une meilleure liquidité. Cette mutation du marché financier suisse illustre la nécessité d’adopter des solutions innovantes tout en préservant les fondamentaux de la gestion de fortune.

Selon les derniers chiffres publiés par KPMG, les banques privées suisses gèrent plus de 3000 milliards de francs suisses d’actifs sous gestion, soulignant l’importance d’une approche de gestion axée sur l’excellence et l’adaptabilité.

Digitalisation et excellence, une synergie essentielle

Loin d’être une transformation subie, la digitalisation représente une opportunité unique d’enrichir l’expérience client et d’optimiser la gestion patrimoniale.

L’ère du «phygital» est là: une fusion intelligente entre l’humain et le digital, où l’expérience client devient plus fluide, plus réactive et toujours plus adaptée aux attentes des investisseurs, tout en conservant les fondamentaux immuables que sont la confiance, l’expertise et l’excellence du service personnalisé. Avec l’évolution rapide des attentes des clients et des technologies, les institutions financières doivent continuellement innover pour maintenir leur compétitivité sur le marché international.

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