Le High Yield se distingue dans un marché incertain

Andrew Lake, Mirabaud Asset Management

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Les obligations à haut rendement (high yield) ont terminé l'année 2024 sur une note positive et cette dynamique ne semble pas prête de s'arrêter.

 

Les fondamentaux économiques s’améliorent doucement mais sûrement, portés par une économie américaine étonnamment résiliente. C’est pourquoi les obligations à haut rendement devraient continuer à réaliser des performances intéressantes en 2025.

Sur le marché mondial, comme le montre l’index l'ICE BAML Global High Yield, les rendements ont diminué depuis leurs plus hauts historiques, affichant des moyennes raisonnables pour le haut rendement, entre 8 et 9%. Les pics supérieurs à 10% provoqués par les crises sont rares et n'ont représenté que quelques semaines cumulées au cours des 14 dernières années.


Source: Bloomberg, Mirabaud Asset Management, ICE BAML: Bloomberg, Mirabaud Asset Management, ICE BAML, sur la base d'un taux de défaillance de 3% et d'un taux de recouvrement de 40%. Données au 31 décembre 2024.

Aujourd'hui, le rendement moyen du high yield se situe autour de 7,5%, ce qui constitue un point d'entrée attractif pour les investisseurs. Si les conditions actuelles persistent, nos différents scénarios de retour sur investissement prévoient un rendement total sur 12 mois avoisinant 5,3%.

Moteurs de performance

Les rendements générés par les coupons devraient être un des principaux moteurs de performance en 2025. À eux seuls, ils devraient permettre d'atteindre une rentabilité moyenne à un chiffre, avec un potentiel supplémentaire grâce à une bonne sélection de titres et un environnement économique favorable aux États-Unis. Nous pensons aussi que les rendements pourraient encore se resserrer: s'ils atteignent 6%, une performance à un chiffre élevée sur 12 mois serait envisageable.

En raison de son économie résiliente et d’une croissance attendue de +2%, les États-Unis sont le marché régional de prédilection pour les obligations à haut rendement. Les coupons moyens des nouvelles émissions affichant leur plus haut depuis 10 ans, les rendements absolus atteignent des niveaux attractifs comparé aux années précédentes. Le marché du haut rendement continuera à générer de la valeur, à condition de rester vigilant sur la sélection des titres.

Le dynamisme du marché des nouvelles émissions réduit également la pression du fameux «mur de refinancement», tandis que les taux de défaut devraient rester faibles, assurant ainsi une bonne santé pour la classe d’actifs et une nouvelle année de performances solides. Les écarts de crédit (spreads) restent serrés certes, mais dans le contexte actuel, ils pourraient bien le rester encore pour un certain temps.

Impact des politiques de Donald Trump et des taux d'intérêt

Les marchés surveillent de très près les moindres faits et gestes du Président Donald Trump, dont les politiques impacteront sûrement toutes les classes d’actifs, notamment en raison des risques liés à une inflation persistante. Le segment du high yield devrait cependant bénéficier du programme économique de la nouvelle administration axé sur la croissance.

Les taux d’intérêt constituent également un facteur clé pour le marché américain. Deux baisses des taux par la Fed (Réserve fédérale américaine) pourraient être anticipées cette année, mais cette prévision est susceptible d'évoluer rapidement compte tenu de l’incertitude autour de l’inflation et des politiques du Président Donald Trump. Pour l’instant, la tendance est à des taux élevés pour longtemps («higher for longer»), mais cela pourrait changer rapidement si l’environnement économique venait à se détériorer.

Stratégie d'allocation et sélection sectorielle

Nous avons récemment réajusté notre exposition au marché américain pour nous concentrer sur certains émetteurs offrant des rendements plus élevés, en réponse à la résilience économique et à la diminution des craintes de récession. 

Sur le plan sectoriel, nous identifions des opportunités intéressantes dans l'énergie et le transport aux États-Unis. En revanche, les perspectives pour les secteurs liés à l’environnement et à la durabilité sont moins favorables, en raison du retour en arrière de l’administration Trump sur les politiques environnementales.

En Europe, les opportunités sont plus nuancées en raison d’un environnement économique plus faible. La croissance du PIB est attendue à seulement 1%, avec des baisses de taux d’intérêt plus marquées (à raison de trois à quatre réductions anticipées). Il existe de nombreux titres de qualité sur le marché, mais une analyse rigoureuse est indispensable. Contrairement aux États-Unis, nous adoptons une approche plus prudente en Europe, en privilégiant les émetteurs les plus fiables, notamment les banques européennes leaders sur leurs marchés.

Bien que le cycle de réduction des taux ait commencé sur les marchés développés, la vitesse et la trajectoire de la reprise restent incertaines, maintenant une certaine volatilité. Les États-Unis semblent s’orienter vers un scénario de "no landing", offrant des opportunités pour les crédits plus faibles. C'est pourquoi nous considérons le haut rendement américain comme notre source de rendement privilégiée pour les investisseurs en titres à revenu fixe. La divergence croissante entre les États-Unis et l’Europe nécessite une approche d’investissement disciplinée, à forte conviction et très active.

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