Les marchés obligataires en 2025: opportunités et surprises

Andrew Lake, Mirabaud Asset Management

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Le segment du haut rendement américain conservera sa place au sein des portefeuilles obligataires au début de la nouvelle année.

L'exercice annuel consistant à établir les perspectives pour l'année à venir est toujours délicat, et cette année plus encore, car les marchés adoptent une attitude attentiste en prévision de la prise de fonction de Donald Trump. Si les 60 premiers jours de la présidence républicaine devraient apporter une orientation plus claire pour le reste de l'année 2025, il est néanmoins possible, en l'état actuel des choses, de formuler quelques prévisions concernant les obligations.

En partant du principe que Donald Trump adoptera une position similaire à celle de son premier mandat, il est probable que ses mesures soient favorables à la croissance, légèrement inflationnistes et qu’elles induisent une hausse des marchés actions profitant à un nombre plus large d’entreprises. Nous pensons donc que le segment du haut rendement américain conservera sa place au sein des portefeuilles obligataires au début de la nouvelle année. Bien que nous ayons observé des signes de ralentissement économique aux Etats-Unis, ces derniers sont contrecarrés par le niveau élevé de confiance des ménages et la résistance du marché de l’emploi. Une hausse de l’inflation n’est pas non plus nécessairement un mauvais indicateur pour le segment du haut rendement, à condition qu’elle ne devienne pas incontrôlable. Si nous constatons une poursuite de la dynamique de rebond actuelle, les niveaux de revenus des coupons devraient rester attractifs, au même titre que certaines situations idiosyncratiques. En effet, une partie des entreprises qui émettent ces obligations devraient bénéficier de l’exceptionnalisme américain.

Prudence, néanmoins, car les marchés se négocient déjà à des niveaux élevés; ils pourraient progresser davantage, mais le risque de correction est également bien réel. Cela pourrait soutenir les performances plus tard dans l’année. Dans l’environnement actuel, toutes choses étant égales par ailleurs, la situation devrait être stable. Cependant, si Donald Trump déclenche une guerre commerciale et que la courbe des rendements du Trésor américain s’élève, l’appétit pour le risque pourrait commencer à en pâtir, incitant les marchés à marquer une pause.

Ce scénario semble se profiler, mais des surprises sont toujours possibles. Les droits de douane constituent actuellement l’une des plus grandes inconnues du marché. Le gouvernement proposé par Donald Trump penche pour une position ferme sur le sujet, nous nous attendons donc à ce que cette menace soit utilisée comme un puissant outil de négociation. Cependant, la grande surprise pourrait être que la menace ne se concrétise pas, ou que les droits de douane soient mis en place de manière plus mesurée que l’actualité ne le suggère. Et, en définitive, que les choses ne se détériorent pas autant qu‘anticipé.

Dans ce scénario, l’économie européenne (qui a été largement ignorée jusqu’à présent en termes de menaces de droits de douane) devrait bénéficier d’un coup de pouce. L’Europe traverse une période difficile, avec une faiblesse économique générale exacerbée par la morosité croissante en Allemagne et de multiples problématiques propres à la France. Les droits de douane seraient un nouveau coup de massue, compte tenu de la vulnérabilité des exportations européennes. Mais si les droits de douane ne se concrétisent pas, les obligations européennes devraient bénéficier d’un puissant vent porteur. Certains des segments à haut rendement qui ont récemment souffert, tels que l’automobile, devraient en être les principaux bénéficiaires.

C’est une possibilité lointaine à ce stade, mais nous la surveillons de près étant donné l’ampleur des mauvaises nouvelles que l’Europe a déjà intégré dans ses cours.

Par ailleurs, si Donald Trump parvient à instaurer un cessez-le-feu en Ukraine, cela constituerait également une surprise positive à l’égard de l’appétit pour le risque, en Europe et au-delà.

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