Les solutions à considérer dans un marché actions au sommet

Nicolas Liégeois, Pictet

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Les produits structurés permettent de naviguer dans chaque environnement: les investisseurs y trouvent tantôt de meilleurs points d’entrée dans le marché, tantôt une manière de couvrir leur exposition.

Malgré les tensions géopolitiques, les incertitudes économiques ou la volatilité des rendements obligataires, le marché des actions a connu un élan indéniable cette année. Les indices boursiers atteignent des sommets, portés notamment par les perspectives de gains de productivité que promet l’intelligence artificielle (IA) et par des résultats de sociétés plus satisfaisants qu’anticipés. La performance des marchés développés traduit un appétit pour le risque apparemment insatiable. De plus, l’hypothèse d’une baisse des taux (même repoussée) en occident continue d’être intégrée dans les calculs. Le rebond rapide des actions, après le creux d’avril, semble indiquer que toute baisse constitue plutôt une incitation pour les investisseurs à revenir sur le marché («buy on dip») que le début d’une véritable séquence baissière. En un mot, résister à la tentation des rendements du marché actions en 2024 semble bien difficile…

Derrière les grandes capitalisations qui «tirent les marchés», des doutes subsistent: la macroéconomie américaine présente des fissures; l’Europe, Allemagne en tête, affiche une reprise modérée et le pouvoir semble fragilisé en France. Les investisseurs hésitent entre la raison, qui plaide pour une exposition plus défensive, et la crainte d’être tenu à l’écart d’une course inédite à la performance. 

La course au marché: comment rester investi, mais pas à n’importe quel prix

Pour cette seconde partie de 2024, si les investisseurs ne souhaitent pas se priver du potentiel de hausse des actions, il leur faudra tenter de mitiger leurs risques. C’est là que les produits structurés et les stratégies dérivées entrent en piste. 

Il existe une solution qui combine, d'une part, la possibilité d’optimiser le rendement du cash dans un contexte neutre à haussier, et, d'autre part, celle d’augmenter son exposition en cas de baisse du marché. 

Au-delà des structures classiques de type «produits de participation» qui offrent une exposition à la performance positive d'un sous-jacent et une protection conditionnelle à la baisse, il existe une solution qui combine, d'une part, la possibilité d’optimiser le rendement du cash dans un contexte neutre à haussier, et, d'autre part, celle d’augmenter son exposition en cas de baisse du marché. Cette solution appelée «dropback» ou «buy the dip» cumule en un même produit un coupon attractif (supérieur au taux d'intérêt de référence) sur une exposition prédéfinie en cash et une exposition initiale à un indice boursier. La particularité de cette solution tient dans son mécanisme de réallocation automatique du cash vers l’indice. En effet, si ce dernier tombe en dessous d'une ou de plusieurs barrières de déclenchement (par exemple, -5% / -10% / -15%), alors le cash est réinvesti dans le marché, à ces niveaux. Ainsi, l’investisseur conserve une exposition à un indice donné malgré un profil plus défensif.

Au regard de la forte performance du marché américain depuis le début d’année, il aurait par ailleurs été plus coûteux pour bon nombre d'investisseurs de renoncer à investir, plutôt que de financer une prime modeste pour obtenir une protection à court terme de leur exposition. Il en va ainsi tant que la volatilité implicite sur les marchés reste faible, ce qui est le cas depuis le début de l’année. Dans ce contexte, l'achat d’un Warrant Put de 3 à 6 mois qui offre une protection dès que le S&P 500 perd plus de 5% peut s'avérer utile pour conserver une position, tout en limitant le risque sur une partie du portefeuille à court terme. Lorsque la volatilité est basse, on peut opter pour une variante de type «lookback max». En effet, pour un faible surcoût, la protection de ce même Warrant Put opère à partir du plus haut niveau observé sur le marché, et ce durant toute la période de vie de l'option. Ce mécanisme permet aussi d’éviter la difficulté de choisir le moment optimal pour la mise en œuvre d’une stratégie de protection. 

Le coin tactique: souplesse et diversification

L’été est souvent associé à des volumes plus faibles et des comportements plus erratiques. Ainsi, des ajustements tactiques et une meilleure diversification peuvent se révéler judicieux. 

Ceux qui adoptent cette vue peuvent se tourner vers les Reverse Convertibles soit en remplacement d’une position existante, soit comme nouvelle ligne en portefeuille. Les versions avec un prix d’achat (ie strike) plus favorable que les cours actuels en cas de conversion demeurent très efficaces pour optimiser le rendement tout en diminuant le risque d'une exposition directe. 

Enfin, les produits avec protection du capital et participation restent les outils-maîtres. Ils allient simplicité et sécurité lorsque les taux d’intérêts sont élevés et que la volatilité est basse. En effet, en combinant l’achat d’une obligation zéro-coupon avec celui d’une option Call, ce type d’instruments permet de bénéficier de l’appréciation d’un indice ou d’un panier thématique, avec un remboursement minimum connu (entre 90% et 100% du capital investi). Il est au demeurant possible de recourir à ces solutions sur des actifs de diversification recherchés, tels que l'or ou le cuivre. Il s’agit donc de stratégies d’appoint efficaces.  

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