Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Le PIB suisse reste solide au premier trimestre alors que la crise en Italie provoque une incertitude persistante.

L'économie suisse a su maintenir sa solide reprise au T1, sans pour autant prendre plus d'élan: le PIB a crû de 0,6% qoq les trois premiers mois – au même rythme qu'au T4 2017.

Fait très réjouissant: la croissance assoit son assise (voir graphique). Certes, la dynamique de l'industrie s'est presque arrêtée, mais celle du bâtiment, complètement: on peut l'assimiler à un refroidissement à un niveau élevé. Dans le bâtiment notamment la correction est plus que saine compte tenu de la croissance exceptionnellement forte le trimestre précédent et de l'offre excédentaire sur le marché locatif. Le seul bémol est que la croissance du PIB au T1 se fonde, dans une large mesure, sur les fédérations sportives domiciliées en Suisse, qui dépendent à leur tour fortement des événements majeurs n'ayant lieu que tous les quatre ans. Sans cette composante, la croissance trimestrielle ne serait que de 0,4%.

Si le SMI a réagi positivement aux chiffres du PIB suisse, ce sont notamment les marchés financiers européens qui restent sous l'emprise de la crise italienne. Certes ce vendredi matin a démontré que Giusseppe Conte réussira, lors de sa deuxième tentative, à constituer un gouvernement de coalition entre les deux parties populistes, la Lega et le M5S, avec l'aval du président italien Matarella. Le risque de nouvelles élections n'existe donc plus (dans un premier temps), mais non pas le programme prévu par cette alliance gouvernementale, provoquant la tourmente en Europe et sur les marchés financiers. Et ce, même si – ou justement parce que – le nouvel acteur Conte n'est pas connu de la sphère politique, Matteo Salvini et Luigi Di Maio représentent les deux hommes forts du nouveau gouvernement de coalition. Cette réalité signifie que leur programme gouvernemental, prévoyant une forte augmentation des dépenses de l'Etat et, en même temps, une baisse des impôts, reste à l'ordre du jour, ce qui ne peut être financé par l'Italie, en pratique, compte tenu de sa dette de plus de 130% du PIB, et cela fait trembler l'Europe. Comme Matarella a choisi de refuser de nommer un eurosceptique au ministère des Finances, mais de le désigner aux Affaires européennes, et vu que Giovanni Tria, représentant de positions moins provocantes mais toutefois similaires, pressenti pour le ministère des Finances, se tient dans les startings-blocks, la situation ne devrait pas non plus s'apaiser.

Une attention particulière doit être portée sur les chiffres
des dépôts à vue des banques en Suisse auprès de la BNS.

L'incertitude induite par l'Italie devrait donc prédominer les marchés financiers la semaine prochaine, en raison du faible volume de données. Autrement dit: l'EURCHF continuerait dans un premier temps à subir de la pression. Une attention particulière est donc portée sur les chiffres des dépôts à vue des banques en Suisse auprès de la BNS. Les chiffres de cette semaine indiquent que la BNS ne s'est pas encore vue dans l'obligation d'intervenir sur les marchés des changes.

Aux USA, après le fort recul du déficit commercial en mars, les chiffres de la balance commerciale d'avril sont en ligne de mire. En effet, l'objectif déclaré du président Trump consiste à réduire radicalement le déficit commercial américain. On peut donc considérer les chiffres comme indice sur le programme ultérieur de Trump en termes de mesures protectionnistes.

Graphique de la semaine 
Composantes PIB (côté dépenses) face au trimestre précédent 
Sources: SECO, Investment Office du Groupe Raiffeisen

 

Gros plan: perspectives toujours bonnes pour la classe moyenne en Asie

La dynamique comparée aux réelles années fastes ralentit certes, voire s'essouffle, mais les économies émergentes d'Asie continuent d'enregistrer des taux de croissance beaucoup plus élevés que ceux des anciens pays industrialisés: fait très marquant au regard des deux pays émergents les plus peuplés. Ainsi, au cours des trois premiers mois de l'année, l'économie indienne a progressé de 7,2% yoy, ce qui présage une croissance annuelle d'environ 6,7% pour 2018. Et aussi en Chine, la croissance reste à un niveau élevé: malgré le différend commercial latent avec les USA, le PIB au T1 a crû de 6,8% yoy, sans ralentissement notable de la dynamique.

Ces taux de croissance s'accompagnent d'une expansion proportionnelle de la classe moyenne qui impressionne en termes de chiffres, rien qu'au regard de l'énorme masse de la population dans ces deux économies: 2,7 milliards d'habitants en Inde et en Chine représentent plus d'un tiers de la population mondiale. Les taux de croissance des classes moyennes respectives sont d'autant plus rapides, tant en termes relatifs qu'en termes absolus (voir graphique).

La classe moyenne en Asie se développe à un rythme fulgurant 
Nombre (en millions) et part de la classe moyenne mondiale* 
Sources: Brookings Institute, Investment Office du Groupe Raiffeisen

 

Cette classe moyenne croissante s'accompagne de dépenses de consommation croissantes. En effet, du moment que les revenus augmentent et que les dépenses pour les besoins de base sont couvertes, il reste davantage de moyens pour satisfaire les besoins de consommation. Alors, la demande de produits et de services qui ne servent pas qu'à satisfaire les besoins de base, devrait également croître: une hausse de la prospérité profitant aussi aux fabricants suisses de produits de luxe. Chez Richemont, par exemple, les ventes dans la région Asie-Pacifique ont progressé d'environ 12% le dernier exercice – en Europe, elles ont diminué de 3% pendant la même période.

Non seulement les fabricants des produits de luxe et des biens de consommation en Occident sont au bénéfice de la demande accrue des consommateurs sur les marchés émergents asiatiques, mais aussi les produits et services fournis par les économies locales profitent du pouvoir d'achat grandissant des classes moyennes asiatiques en pleine croissance. La demande en smartphones notamment est fulgurante. Ainsi, en Chine – où environ 52% des habitants disposent déjà d'un téléphone mobile – Apple est la seule entreprise occidentale à détenir une part de marché notable (voir graphique). 

Chine: les smartphones asiatiques ont de l'avance 
Parts de marché 
Sources: Counterpoint Research, Investment Office du Groupe Raiffeisen 

 

Comme la classe moyenne asiatique ne limite pas sa préférence des produits et services «régionaux» aux seuls smartphones, nous pensons que les titres de sociétés asiatiques présentent un atout au bénéfice de la classe moyenne grandissante.

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