Nourrir le monde dans le respect des ambitions climatiques

Julie Gossen, DPAM

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La décarbonation du secteur agroalimentaire, essentielle pour nourrir la planète de manière durable, peut compter sur des acteurs innovants tels que DSM-Firmenich.

©Keystone

 

Il est urgent d’agir dans le secteur agroalimentaire. Mais par où commencer? La fermentation entérique (le processus digestif qui, chez les ruminants, produit du méthane), la production de cultures destinées au bétail et à la consommation humaine, et les changements d’affectation des sols sont responsables d’environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre provenant de la production alimentaire.

Le 15 novembre 2022, selon les Nations unies, la population mondiale a atteint huit milliards d’habitants. Bien que le taux de croissance ralentisse, les Nations unies prévoient que d’ici 2050, la planète comptera 9,7 milliards d’habitants.

DSM-Firmenich a développé un complément alimentaire qui permet de réduire les émissions de méthane des bovins d’au moins 30% pour les vaches laitières et de 45% pour les bovins de boucherie.

2050 est aussi l’année où les pays et les entreprises devront atteindre leur objectif de zéro net, tout en nourrissant la population mondiale. Comme le montre la carte de matérialité du Sustainability Accounting Standards Board, le changement climatique et la production alimentaire sont étroitement liés. L’industrie agroalimentaire est exposée à des risques climatiques importants, notamment les émissions de gaz à effet de serre, la gestion de l’énergie et la gestion de l’eau.

Les émissions des denrées alimentaires pourraient consommer la majeure partie du budget carbone disponible pour rester en deçà de 1,5°C ou 2°C. La publication en ligne Our World in Data estime que, dans le cadre d’un scénario de statu quo et compte tenu des tendances démographiques, alimentaires et agricoles, les émissions cumulées de gaz à effet de serre provenant de la production alimentaire entre 2020 et 2100 utiliseraient 96% du budget carbone disponible pour maintenir le réchauffement de la planète sous la barre des 2°C.

Principaux responsables des émissions agricoles



Source : McKinsey 2020

 


Réduire la fermentation entérique grâce aux innovations agrotechnologiques

Pour les émissions carbone générées par la fermentation entérique, DSM-Firmenich a développé la solution «Bovaer». Selon l’entreprise, ce complément alimentaire permet de réduire les émissions de méthane des bovins d’au moins 30% pour les vaches laitières et de 45% pour les bovins de boucherie.

Produire plus avec moins: comment améliorer le rendement des cultures?

L’amélioration du rendement des cultures est un autre moyen pour le secteur alimentaire de réduire sa part dans le budget carbone mondial. Des recherches publiées dans le magazine Science en 2020 ont montré que des rendements plus élevés pourraient réduire les émissions alimentaires de 14%. L’utilisation d’engrais et d’huile de palme pourrait doper les rendements.

Les engrais

Les engrais peuvent contribuer à augmenter les rendements en fournissant aux cultures des nutriments essentiels à leur croissance. Cela permet aux producteurs de denrées alimentaires de maximiser la productivité agricole tout en réduisant la pression sur les écosystèmes naturels, diminuant ainsi la conversion des terres et la déforestation.

Les engrais ont été fortement critiqués pour leurs conséquences environnementales, notamment la pollution de l’eau, l’eutrophisation et les fortes émissions de gaz à effet de serre. Principalement produit à partir d’ammoniac et de combustibles fossiles, l’azote pourra être obtenu de manière plus «propre» grâce aux sources renouvelables. Une deuxième critique porte sur le fait que la dépendance à l’égard des engrais a des répercussions sur la santé des sols. Cependant, lorsqu’ils sont gérés de manière durable et appliqués correctement, les engrais peuvent en réalité améliorer les sols.

La gestion des éléments nutritifs, permet de cibler l’application des engrais via une libération lente ou contrôlée qui fournit aux plantes les éléments essentiels qui peuvent être déficients dans le sol. Les agriculteurs peuvent ainsi optimiser l’utilisation de leurs terres, de l’eau et de l’énergie. Enfin, ces technologies réduisent les déchets et minimisent le risque de ruissellement ou de lessivage des nutriments.

L’huile de palme

L’huile de palme a été largement critiquée pour ses effets sur l’environnement, en grande partie à cause de la déforestation. Les écosystèmes qui disparaissent pour produire de l’huile de palme sont généralement des puits de carbone. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, cette déforestation pourrait être à l’origine de 10% des émissions mondiales supplémentaires de carbone. Cependant, l’huile de palme a un rendement à l’hectare quatre à vingt fois supérieur à celui des autres huiles végétales (tournesol, colza, soja) et peut donc réduire le changement d’affectation des sols et la déforestation.

C’est également l’huile la plus utilisée dans les pays où la population augmente. Parmi ses avantages, citons sa capacité à supporter des températures de cuisson élevées et sa longue durée de conservation.

Un défi qui n’est pas impossible à relever

Pour parvenir à la réduction nécessaire des émissions dans la chaîne de valeur alimentaire, il faudra combiner l’innovation technologique avec le changement des habitudes de consommation (régimes riches en végétaux), tout en passant par des solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Toutefois, même si ces changements étaient appliqués sur la moitié de la production alimentaire, les émissions liées absorberaient encore la totalité du budget carbone mondial nécessaire pour limiter la hausse des températures à 1,5°C.

En résumé, nourrir une population mondiale croissante tout en atteignant des objectifs climatiques ambitieux est un défi réalisable. Il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, notamment grâce à des progrès tels que les additifs alimentaires réduisant le méthane et l’amélioration du rendement des cultures. Les engrais peuvent jouer un rôle s’ils sont utilisés de manière durable et l’huile de palme constitue une option viable pour réduire le changement d’affectation des sols. Enfin, on ne saurait trop insister sur l’importance d’un dialogue avec des entreprises actives dans ce secteur, en utilisant des données et des recherches spécifiques et en mettant l’accent sur la matérialité.

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