Du rôle crucial de la biodiversité

Julie Gossen, DPAM

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L’avenir se joue dans les déchets plastiques d’aujourd’hui: les investisseurs peuvent et doivent s’engager.

La journée du 22 mai dernier était consacrée à la biodiversité. Selon les Nations Unies, cette journée internationale visait à améliorer la compréhension et la prise de conscience des problèmes liés au recul de la biodiversité à l’échelle mondiale. En effet, la biodiversité est à la base de tout ce dont nous avons besoin dans la nature pour survivre: nourriture, eau potable, médicaments et abris. Cependant, elle se trouve menacée par la pollution plastique qui a pris une telle ampleur que le coût de l’extraction des plastiques de l’environnement est proprement «stupéfiant». Selon la fondation Minderoo, les coûts induits par la pollution plastique, nettoyage de l’environnement, dégradation des écosystèmes, réduction de l’espérance de vie et traitements médicaux, pourraient dépasser les 100 milliards de dollars par an.

Environ 50% de tous les plastiques produits sont utilisés pour l’emballage et pour des produits à usage unique. Malheureusement, il est fréquent qu’ils ne soient pas déposés dans les conteneurs appropriés pour être recyclés, incinérés ou transportés dans une décharge. Au lieu de cela, ils sont abandonnés dans la nature. C’est raison pour laquelle la lutte contre la pollution plastique doit viser en priorité à prévenir l'élimination inappropriée des déchets et à réduire l'utilisation de certains articles en plastique.

À l'échelle mondiale, seuls 19% des déchets sont recyclés ou compostés tandis que 33% sont déversés dans des décharges à ciel ouvert.
Les pays à l'avant-garde de la lutte contre la pollution plastique

Les premières étapes de cette lutte passent par l’interdiction ou la taxation d’articles en plastique (contenants pour aliments et sachets) ainsi que par la fixation d’amendes. En élaborant un cadre juridique, les pays peuvent attirer l'attention de leurs citoyens sur ce problème urgent et susceptible d’avoir un impact négatif sur différents secteurs de l’économie (tourisme, agriculture et pêche). De plus, il est de leur responsabilité de s’attaquer à ce facteur majeur de pollution et en particulier aux déchets plastiques mal gérés qui représentent une menace pour tous, humains et animaux, ainsi que pour l’environnement. Forts de ce constat, nous avons introduit un nouvel indicateur, l’indice des déchets mal gérés (Mismanaged Waste Index ou MWI), dans notre modèle d’évaluation de la durabilité d’un pays.

En examinant le MWI d'un pays, les investisseurs peuvent se faire une idée relativement précise des efforts qu’il déploie pour réduire sa pollution plastique. En effet, cet indice donne une mesure directe de la quantité de déchets plastiques qui ne sont pas correctement traités, à savoir ceux qui ne sont pas collectés et ceux qui sont collectés, mais déversés dans des décharges insalubres.

À l'échelle mondiale, seuls 19% des déchets sont recyclés ou compostés tandis que 33% sont déversés dans des décharges à ciel ouvert (93% pour les pays à faibles revenus contre 2% pour les pays à revenus élevés). Bien que la proportion de déchets déversés dans ce type de décharges soit minime dans les pays à revenus élevés, ces derniers sont responsables de la plus grande partie de la production mondiale de déchets. Par conséquent, lors de l'évaluation de la gestion des déchets plastiques des différents pays, il faut tenir compte des déchets plastiques exportés et de leur gestion dans le pays importateur. En Malaisie par exemple, les déchets plastiques importés sont souvent brûlés ou simplement déversés dans des décharges, ce qui entraîne une pollution de l'air, des nappes phréatiques et des rivières. Il est donc primordial que ces déchets soient identifiés avec précision et ne soient pas classés à tort comme recyclés par les pays exportateurs (dans ce cas des pays européens).

Des objectifs ambitieux pour les entreprises

Pour lutter contre la pollution plastique, les entreprises doivent non seulement réduire leur dépendance aux plastiques à usage unique, mais surtout limiter la production et la consommation de plastique dans les limites de la planète et de manière à s’aligner sur l'Accord de Paris et le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. C’est dans cette optique que DPAM a rejoint le groupe des 185 investisseurs qui ont signé la déclaration d’intention destinée aux entreprises des secteurs des biens de consommation courante et des détaillants alimentaires. Ce faisant, nous attendons des entreprises concernées qu'elles s'engagent en faveur de politiques et de traités ambitieux sur les plastiques, tels que le Traité mondial contre la pollution plastique ainsi que le Règlement sur les emballages et les déchets d'emballages (PPWR).

En conclusion, si la journée mondiale de la biodiversité a permis de remettre en pleine lumière le rôle vital de cette dernière pour le bien-être de la société et pour l’environnement, elle nous a également rappelé qu’il était impératif que les gouvernements, les entreprises et les particuliers collaborent et prennent des mesures proactives pour protéger la biodiversité, réduire la pollution plastique et créer un avenir durable pour les générations futures.

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