Ne pas sous-estimer les Etats-Unis

George Alevrofas, VT Wealth Management

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La dynamique est forte outre-Atlantique. La bourse va rattraper son retard.

Les Européens sont justement connus pour mal évaluer leurs cousins d'outre-Atlantique - et pour se laisser surprendre toutes les quelques années ou décennies. Cela semble être à nouveau le cas aujourd'hui.

Les Européens, y compris les dirigeants actuels, ne comprennent toujours pas pourquoi les électeurs américains ont voté pour Donald Trump. Et ils ont toujours du mal à réaliser ce qui se passe maintenant à la Maison Blanche et dans tout le pays suite au changement de marée.

Rendez-vous local aux États-Unis

De retour d'un petit voyage aux Etats-Unis, on constate que la dynamique est très forte. Celle-ci se reflète visiblement dans la construction, mais pas seulement. Si l'on en juge par le nombre de grues de construction, on pense que l'Amérique est en plein boom. Les données économiques donnent (encore) une autre impression. Mais la situation n'est évidemment pas aussi sombre que beaucoup d'Européens l'espèrent plutôt qu'ils ne la craignent.

L'attrait du secteur technologique, qui est extrêmement important, reste intact.

Les marchés boursiers présentent à première vue une image claire: le S&P 500 est en baisse par rapport au début de l'année, alors que les cours des actions en Europe ont connu une hausse à deux chiffres depuis le début de l'année.

L'explication de cette performance est toutefois simple: alors qu'aux Etats-Unis, des prises de bénéfices ont eu lieu dans le secteur technologique, en Europe, les investissements dans l'économie de guerre, annoncés pour l'instant pour une fois, stimulent. Le fait que l'on doive pour cela augmenter encore plus la dette ne semble pas déranger de nombreux acteurs du marché - du moins pas pour le moment.

A moyen terme, la performance des actions devrait se rééquilibrer. Nous continuons de penser que le marché américain des actions sera plus élevé à la fin de l'année qu'au début. L'attrait du secteur technologique, qui est extrêmement important, reste intact.

L'IA fait la différence

Alors que les Européens se demandent encore si l'intelligence artificielle est une bonne chose ou non, les Américains investissent non seulement massivement dans cette nouvelle technologie, mais glissent également sur le fait que de petites centrales (nucléaires) locales peuvent produire l'énergie nécessaire à cet effet. En Europe, on discute plutôt de la manière de réduire la consommation d'énergie dans la mesure du possible...

Après tout, le prix de l'énergie, sous la forme du prix du pétrole, est mondial. Plus il baisse, moins les expériences coûteuses et peu fiables de production d'énergie sont rentables. De ce point de vue, un prix du pétrole inférieur à 70 dollars n'est déjà pas si mal.

Le prix de l'or, baromètre des inquiétudes

Le prix de l'or, qui semble désormais se maintenir au-dessus de 3000 dollars, est plus préoccupant. Le terme «inquiétude» est bien sûr relatif, car les investisseurs qui détiennent une (petite) part d'or dans leur portefeuille se réjouissent. Mais le prix de l'or est également intéressant en tant que baromètre des inquiétudes - et il signale actuellement que les inquiétudes sont grandes.

Il faut tout d'abord mentionner les risques géopolitiques. Les chances que la Russie et l'Ukraine fassent tôt ou tard la paix avec l'aide bienveillante des Etats-Unis semblent certes grandes. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les risques que ce processus soit torpillé par qui que ce soit.

Et les droits de douane américains annoncés représentent sans aucun doute aussi un risque - moins pour les Etats-Unis toutefois que pour l'Europe et le reste du monde qui exportent leurs marchandises vers les Etats-Unis.

«Fairtrade» au lieu de «Freetrade»

On peut partir du principe que les cracks du gouvernement américain savent parfaitement dans quoi ils s'engagent. Le ministre des Finances Scott Bessent a en effet appris son métier d'investisseur auprès de George Soros et Jim Rogers.

Bessent parle de manière significative et éloquente de «fair trade» - par opposition au «free trade». Les droits de douane vont faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat américain et, avec la réduction massive de l'Etat américain tentaculaire qui a été entamée, ils vont permettre des réductions d'impôts et encourager les investissements. Cela a toujours été bon pour la bourse. Bref, l'investisseur a raison de ne pas sous-estimer les Etats-Unis.

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