Le réseau Ethereum croule-t-il sous son propre poids?

Manuel Valente, Coinhouse

2 minutes de lecture

Chronique blockchain. Certains problèmes technologiques se font de plus en plus ressentir, et des concurrents tentent d’en profiter.

Sur le marché des cryptoactifs, le projet Ethereum est aujourd’hui, et de loin, le plus dynamique. Que ce soit en termes de développements et de projets innovants, volume de transactions, ou utilisation par des entreprises, Ethereum est aujourd’hui le leader du marché. Il ne faut bien entendu pas négliger Bitcoin qui reste le projet le plus valorisé, mais l’ensemble de l’écosystème constate que les innovations technologiques se concentrent sur Ethereum. Pourtant, certains problèmes technologiques se font de plus en plus ressentir, et des concurrents tentent d’en profiter.

Ethereum et l’innovation majeure des smarts contracts

La principale innovation technique du réseau Ethereum est la notion de smart contracts. Pour rappel, un smart contract n’est ni un contrat ni très malin. C’est en fait un programme informatique écrit sur la blockchain, capable de répondre à des requêtes et de recevoir et d’envoyer des paiements. Il présente un certain nombre d’avantages : comme n’importe quelle autre information stockée sur la blockchain, il est immuable et ne peut pas être manipulé ou modifié. Il est véritablement disponible 100% du temps, et est très difficile à attaquer.

La filiale Forge de la Société Générale
a déjà déployé des projets sur Ethereum.

Les services financiers qui se développent aujourd’hui autour du crédit, de l’assurance, des marchés prédictifs ou de l’échange d’actifs, collectivement appelés «finance décentralisée», reposent tous sans exception sur cette notion de smart contract.

Les institutionnels franchissent le pas de l’usage d’Ethereum

Les possibilités offertes par la blockchain Ethereum ne laissent pas indifférent. L’entreprise d’audit EY travaille sur Ethereum depuis déjà quatre ans, ayant préféré un réseau public, mieux sécurisé et plus stable sur le long terme, à une blockchain privée. La filiale Forge de la Société Générale a déjà déployé des projets sur Ethereum, en particulier des émissions de titres. Ethereum intéresse donc de très près le monde corporate par ses capacités. On en parle d’ailleurs souvent comme d’une monnaie programmable.

Une blockchain trop sollicitée?

Mais Ethereum pourrait être victime de son succès, et les smart contracts pourraient se révéler son talon d’Achille, car ils créent un certain nombre de problèmes de ressources à mesure qu’ils se démocratisent.

Sans rentrer dans des détails techniques, à mesure que les smart contracts se démocratisent, la consommation en espace disque, en réseau, et en puissance de calcul augmente proportionnellement. En termes de taille, par exemple, la blockchain Ethereum pourrait bientôt dépasser Bitcoin, alors qu’elle n’existe que depuis six ans, contre douze pour Bitcoin.

Mais c’est surtout le problème du coût des commissions sur Ethereum qui inquiète les investisseurs. Celles-ci dépendent de la quantité de transactions simultanées que le réseau peut traiter, ainsi que de leur complexité. Or, les smart contracts sont forcément des transactions beaucoup plus complexes qu’un simple transfert de fonds. On a ainsi vu au mois de mai 2021 des transactions avec une valeur de quelques euros devoir régler des commissions de plusieurs centaines d'euros. Un non-sens.

Les concurrents d’Ethereum se multiplient

De nouveaux développements pour Ethereum, ainsi que pour l’ensemble des projets qui utilisent cette technologie pour leur fonctionnement au quotidien, deviennent donc nécessaires à court-terme. Face à ce constat, un certain nombre de concurrents directs d’Ethereum, au premier rang desquels la Binance Smart Chain (BSC), essaient de ravir la place du leader de ce marché.

Si les développeurs Ethereum parviennent à sortir une nouvelle
version efficace, l’actif devrait rester leader des plateformes de smart contracts.

La BSC propose ainsi depuis quelques mois des services tout à fait identiques à ceux fonctionnant sur Ethereum, avec des coûts de fonctionnement bien moindres, mais au prix d’un contrôle plus étroit sur le fonctionnement de la blockchain. Et le cours de son token s’est fortement apprécié. Cette bataille n’est cependant pas encore jouée. Les développeurs d’Ethereum se sont rapidement rendus compte de ces problèmes de saturation, et travaillent sur une deuxième version du protocole, simplement nommée Ethereum 2.0.

Ethereum 2.0, une révolution attendue

Ethereum 2.0 devrait résoudre tous les problèmes de saturation actuels du protocole, et répond en plus à une critique d’un autre ordre: la consommation électrique importante résultant de la validation des transactions, ce qu’on appelle le minage. L’arrivée d’Ethereum 2.0 va changer de mécanisme de minage et devrait réduire la consommation actuelle de plus de 99%. Ce n’est donc pas peu dire que ce nouveau protocole, prévu pour entrer en production fin 2021, est attendu avec la plus grande impatience par l’ensemble de la communauté.

Si les développeurs Ethereum parviennent à sortir une nouvelle version efficace, qui résout les problèmes de saturation du réseau, et diminue drastiquement sa consommation électrique, l’actif devrait préserver sa place comme leader des plateformes de smart contracts. Dans le cas contraire, des projets importants pourraient rapidement migrer vers des concurrents proposant des plateformes plus efficaces et évoluées.

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