Le choc pétrolier et l’économie française

Bruno Cavalier, Oddo BHF

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Les prix à la pompe sont revenus sur leur niveau de 2013. Au prix actuel, la facture pétrolière française s’alourdirait d’environ 0,6 point de PIB en 2018.

 

En un an, le prix du pétrole brut a augmenté de plus de 50% en dollars, d’environ 40% en euros, sans qu’on puisse affirmer hélas que la hausse est terminée. A ce stade, cela renchérit la facture pétrolière d’environ 0,6% du PIB. Si l’on en reste là, ce n’est pas suffisant pour faire caler complètement l’économie. Les modèles standards chiffrent ce type de choc à trois dixièmes de croissance en moins à un horizon de deux-trois ans. Reste que la consommation des ménages, qui avait été faible l’an dernier, pourrait rester sous pression à court terme car le choc pétrolier a été amplifié en début d’année par des hausses de taxe sur l’énergie.

Les ménages sont plus sensibles à certains prix qu’à d’autres car ils correspondent à des achats réguliers. Il peut donc y avoir un écart entre la mesure de l’inflation et la perception qu’en ont les ménages, ce qui n’est pas sans risque pour les intentions d’achats. Les dépenses en carburants en sont l’exemple-type. Les prix de l’énergie ont fortement augmenté pour deux raisons. La première, globale, est la hausse des cours du brut. Au prix actuel, la facture pétrolière française s’alourdirait d’environ 0,6 point de PIB en 2018. La deuxième, locale, est l’augmentation de la fiscalité énergétique. Au total, les prix à la pompe sont revenus sur leur niveau de 2013.

France: prix à la pompe et prix du pétrole

Source: Thomson Reuters, Oddo BHF Securities

En France, les hausses de taxes ont en grande partie annulé l’effet positif du contre-choc pétrolier de 2014-2015 et, désormais, elles amplifient l’effet négatif du choc pétrolier. Une tension des prix du pétrole représente tout à la fois un choc d’offre, un choc de demande et un choc d’incertitude. Il y a sans délai une répercussion sur les prix des consommations intermédiaires, ce qui se répercute le long de la chaîne des prix et dégrade la compétitivité. Les secteurs les plus pénalisés sont l’industrie chimique, les transports, la construction. Il y a aussi un effet négatif sur les échanges extérieurs.
Outre le renchérissement des importations de pétrole (graphe de droite), il faut tabler sur un recul de la demande externe. Les principaux partenaires commerciaux de la France étant des importateurs nets de pétrole, la baisse de leur demande a peu de chance d’être compensée par un surcroît d’exportations vers les pays producteurs de pétrole.

France: balance pétrolière et prix du pétrole

Source: Thomson Reuters, Oddo BHF Securities

Enfin, l’environnement plus incertain est susceptible de peser sur le moral, avec le risque de reporter ou différer certaines dépenses. Au stade actuel, le modèle Mésange de l’INSEE laisse attendre un effet négatif sur la croissance de 3 dixièmes environ sur un horizon de deux-trois ans. Dans les conditions cycliques actuelles, c’est supportable mais ce choc pétrolier ajouté aux autres incertitudes (climat social, frictions commerciales) fait désormais pencher la balance des risques du côté négatif.

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