Coup de froid sur la croissance française

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Les perturbations liées aux grèves dans les transports peuvent peser de manière ponctuelle sur l’activité.

 

L’économie française a démarré l’année 2018 sur des bases très faibles en ce qui concerne l’activité manufacturière et la consommation de biens. Le climat des affaires s’est tassé, mais comme il était monté à un niveau exubérant, il reste dans l’ensemble plutôt bon, caractéristique d’une phase d’expansion. Toutefois, le climat social est plus tendu. Les perturbations dans les transports peuvent, l’expérience le montre, peser de manière ponctuelle sur l’activité. Ce qui est perdu est ensuite rattrapé. La réforme du secteur ferroviaire est un symbole trop important, pensons-nous, pour que le gouvernement capitule sur ce point.

Après cinq trimestres de croissance robuste – une séquence inédite depuis 2010 – le rythme d’activité a freiné au premier trimestre et des nuages liés au climat social obscurcissent le panorama du deuxième. Dans une note d’il y a quelques semaines, l’INSEE prévoyait une hausse du PIB réel de 0.4% t/t au premier trimestre, à comparer avec 0,6% par trimestre en 2017. Dans son estimation parue le 11 avril dernier, la Banque de France prévoit +0,3%. Un calibrage basé sur les diverses enquêtes de climat des affaires présage un ralentissement plutôt modeste de la croissance (premier graphique ci-dessous).

La consommation de biens a faibli, de sorte qu’un calibrage sur données «dures»
fait planer le risque d’une quasi-stagnation.

Mais d’autres signaux sont beaucoup plus négatifs. La production manufacturière affiche un net recul sur janvier-février, la consommation de biens a faibli aussi, de sorte qu’un calibrage sur données «dures» fait planer le risque d’une quasi-stagnation (second graphique ci-dessous). Un trimestre peut être exceptionnellement bon ou mauvais au gré de facteurs ponctuels, sans que la tendance de fond en soit radicalement modifiée. Au premier trimestre, les aléas de la météo d’une part, la mise en œuvre de certaines hausses de taxes ont pesé sur la croissance. Une correction dans l’autre sens est probable plus avant dans l’année.

Le hic, c’est que le deuxième trimestre s’amorce mal car l’activité sera perturbée par les grèves dans les transports. Pour marquer leur opposition à la réforme de la SNCF, les syndicats du transport ferroviaire ont programmé 36 jours de grève, dont 25 ouvrables, étalés sur trois mois. Pour d’autres motifs, il y a une grève à Air France. Les exemples passés donnent une vague idée de l’impact. Il y avait eu un mouvement social de 22 jours (16 ouvrables) au quatrième trimestre 1995, de 10 jours (8 ouvrables) au quatrième trimestre 2007. L’INSEE a estimé que la grève de 1995 aurait coûté 2 dixièmes de point de croissance, et celle de 2007 un dixième, sans cacher l’imprécision du calcul. Au deuxième trimestre 2016, un blocage des raffineries de quelques jours avait pesé sur l’activité. Par expérience, ce qui est perdu un trimestre est rattrapé ensuite. Mais pour le climat des affaires, la confiance des ménages et l’humeur des investisseurs, ce coup de froid, fût-il transitoire, tombe bien mal.


 

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