La valorisation d’Apple va-t-elle poursuivre au-delà des 3000 milliards?

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Compte tenu de la multitude de mauvaises nouvelles, telle que la chute des ventes, les investisseurs misant sur le géant technologique devraient prendre du recul.

Tim Cook, CEO d'Apple. ©Keystone

Le géant technologique Apple (AAPL) est devenu la première entreprise au monde à atteindre une valorisation de 3000 milliards de dollars en juillet, mais les ventes chutent (y compris celles des iPhones), ce qui pourrait annoncer quelques difficultés pour la suite.

Que se passe-t-il ?
  • Les offres diversifiées d'Apple en matière de produits et de services ont maintenu leur élan malgré une économie mondiale en perte de vitesse à la suite de la pandémie.
  • Les chaînes d'approvisionnement et les préoccupations géopolitiques pourraient poser un problème majeur à l’entreprise ; la direction ne pouvant pas faire grand-chose pour y remédier.
  • Il semblerait que les efforts d'Apple dans les services financiers ne soient pas aussi fructueux qu'on l'espérait et le remboursement imminent des prêts étudiants pourraient drastiquement diminuer le budget de ses principaux consommateurs.
à la une: Résultats du deuxième trimestre

Bien que la société ait dépassé les attentes des analystes, elle enregistre néanmoins une baisse des ventes de 1,4% au cours du trimestre. Les dirigeants ne s’attendent pas à un avenir radieux, puisque le directeur financier Luca Maestri a déclaré s'attendre à une nouvelle baisse des recettes annuelles d'ici à la fin de l'année.

Après la publication de ce rapport en demi-teinte, les actions d'Apple ont chuté de 2% après clôture des marchés, tombant ainsi à 185,25 dollars. Personne ne sait ce qui se passera demain. Toutefois, compte tenu de la multitude de mauvaises nouvelles qui se profilent, les investisseurs misant sur Apple devraient prendre du recul et se demander s'il n'est pas temps de récupérer leurs bénéfices, avant qu'il ne soit trop tard.

LE SAVIEZ-VOUS?

Les débuts (relativement) modestes d'Apple ne suffisent pas à expliquer l'importance de sa capitalisation boursière.

 

Pendant des années, l'entreprise a connu une croissance régulière avant d'exploser vers 2019. Cependant avec un peu de recul, il se pourrait que l'entreprise ait grandi trop vite et que sa valorisation revienne à la moyenne.

Intérêt renouvelé pour l'action Apple

Apple a fait parler d'elle au début du mois de juillet en devenant la première entreprise au monde à atteindre une capitalisation boursière de 3000 milliards de dollars.

A la surprise de nombreux analystes, les investisseurs ne se sont pas précipités pour récupérer leurs bénéfices après le pic et l'action est restée relativement stable tout au long du mois.

En fait, l'action a grimpé régulièrement tout au long du mois de juillet, clôturant le mois à 196,45 dollars par action, ajoutant encore 1 milliard de dollars à son énorme capitalisation boursière.

Cours de l'action AAPL du 31 mai 2023 au 30 juillet 2023. Source : EquitySet

 

Qu'en est-il? Bien qu'une grande partie du marché ait rebondi tout au long de l'année, beaucoup ont trouvé étrange qu'une entreprise atteigne un niveau aussi élevé aussi rapidement, dans un contexte d'inquiétudes persistantes quant à l'inflation et aux hausses de taux d’intérêts.

Pourquoi l'action Apple augmente-t-elle autant?

Quelques facteurs ont directement contribué à la hausse soudaine de l'action Apple:

Des finances solides

Le rapport financier du mois de mai d'Apple a renforcé sa position financière dominante. L'entreprise a largement dépassée les attentes des investisseurs, ce qui montre que ses produits bien que relativement onéreux, tels que l'iPhone, sont fermement ancrés dans le budget des consommateurs, même si l'inflation réduit le pouvoir d'achat des ménages. Pour preuve, les ventes d'iPhone ont bondi de 1,5%, contrairement aux attentes (le consensus des analystes prévoyait une baisse de 3,3% du volume des ventes).

En outre, le dividende de la société est passé de 0,23 à 0,24 dollar par action et la société a affirmé sa volonté de poursuivre ses rachats d'actions en approuvant un programme de rachat de 90 milliards de dollars.

Services diversifiés et lancement de nouveaux produits

Apple a également démontré la diversité de ses produits, montrant aux investisseurs que son succès ne dépend pas d'une poignée d'offres matérielles. Malgré un ralentissement économique, les revenus des services de l'entreprise (tel que iCloud, Apple Pay, Apple Music, etc.) ont encore augmenté de 5,5% d’un trimestre à l’autre. L'entreprise a également fait preuve de diversification géographique, car les marchés émergents comme l'Inde ont connu des bonds massifs dans les ventes de produits. Ces deux secteurs de croissance indiquent qu'Apple est ancré dans le cycle des dépenses de consommation à l'échelle mondiale, quelles que soient les conditions économiques.

Apple a également fait parler d'elle en annonçant le casque de réalité augmentée pour 2024, l'Apple Vision Pro. Bien qu'il soit plus cher que ses concurrents (3499 dollars pour le modèle de base), ce nouveau produit montre qu'Apple est déterminé à tester et à essayer de nouveaux concepts au-delà de son champ d'action actuel.

Apple a également pris le train de l'intelligence artificielle en annonçant Apple GPT et en déployant un chatbot à usage interne. Bien que ces deux outils ne soient pas encore entre les mains des consommateurs, la volonté d'Apple de s'adapter à l'évolution des tendances technologiques montre qu'elle connaît les préférences des consommateurs et qu'elle se battra pour s'approprier les parts de marché de ces nouveaux outils.

Risques pour l'action Apple

Chaînes d'approvisionnement tendues et réduction abrupte de la production

Alors que de nombreuses entreprises, comme les constructeurs automobiles, se sont relevées de la tension sur leurs chaînes d'approvisionnement, les rumeurs abondent sur le fait qu'Apple est toujours en proie à des difficultés. Les entreprises de réparation tierces font déjà état de difficultés à s'approvisionner en composants OEM (équipement d’origine) pour réparer les appareils défectueux; on peut donc supposer que les retards de production affectent également Apple.

Quelques semaines seulement après l'annonce de la Vision Pro, Apple a publié des prévisions de production pour 2024, qui prévoient une réduction massive de sa production. Que ce soit en raison des difficultés de la chaîne d'approvisionnement ou d'une demande inférieure aux prévisions, une chose est sûre: Apple se trouve dans une situation délicate.

Le fondateur de Foxconn (principal fournisseur d'Apple), Terry Guo, a notamment tweeté que «si une guerre éclatait dans le détroit de Taïwan, il ne faudrait pas un mois, ni même une heure, mais seulement 10 secondes pour que le marché boursier de Wall Street s'effondre». Les propos de Terry Guo sont probablement exagérés, mais la dépendance d’Apple quant à la fabrication de composants dans une région tendue rend son action très sensible aux évènements géopolitiques.

Les faiblesses financières

Dans sa quête de diversification, Apple a lancé un programme de compte d'épargne à haut rendement au début de l'année. Se lancer dans des activités financières, au-delà du programme Apple Pay existant, semble être une évidence à une époque où les liquidités affluent vers les comptes d'épargne à haut rendement et vers les fonds monétaires au fur et à mesure que les taux augmentent. Mais le programme, facilité par Goldman Sachs, pourrait être un projet trop ambitieux pour qu'Apple le maintienne.

Quelques semaines seulement après avoir annoncé le programme, Goldman Sachs a commencé à chercher une porte de sortie. Si les investisseurs avisés voient des problèmes se profiler, ils devraient se demander si Apple n'est pas en train de perdre le contrôle avec ses nouvelles initiatives.

Il se peut également qu'Apple ne soit pas aussi stable en termes de ventes à l'avenir. Plus de la moitié des consommateurs d'Apple ont moins de 35 ans. Aux Etats-Unis, ce même groupe démographique détient l'essentiel de la dette étudiante au niveau national. Avec le redémarrage des remboursements à l'horizon, une inflation qui se poursuit ainsi qu’un marché de l'emploi à la traîne, la véritable résilience des consommateurs d'Apple est ainsi remise en question.

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