La coordination des banques centrales pourrait permettre un «atterrissage en douceur»

Seema Shah, Principal Asset Management

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La coordination des baisses de taux des banques centrales devrait atténuer le risque de voir l’économie mondiale s’enliser durablement.

© Keystone

 

Alors que nous abordons les derniers mois de l’année, les marchés sont marqués par un ralentissement de la demande mondiale dans le cadre d’un cycle de baisse attendu de longue date. Les chances d’un «atterrissage en douceur» augmentent. La coordination des baisses de taux des banques centrales devrait atténuer le risque de voir l’économie mondiale s’enliser durablement. Cet environnement pourrait favoriser des plus-values, et les investisseurs devront rester vigilants.

Un atterrissage en douceur à l’horizon

Avec les défis liés au ralentissement de la croissance et au renforcement des devises, les banques centrales mondiales s’aligneront de plus en plus sur le rythme de la Réserve fédérale.

La Banque centrale européenne (BCE) a été prudente, abaissant ses taux toutes les deux réunions. Cependant, le marché perd de sa dynamique et semble s’orienter vers la stagnation, freiné par un secteur industriel morose. 

Pour rattraper son retard, la BCE devrait accélérer la cadence avec des baisses consécutives au dernier trimestre 2024, calquant sa politique sur celle de la Fed. De même, face aux pressions monétaires et aux restrictions fiscales, la Banque d’Angleterre (BoE) devra probablement intensifier son rythme de baisse d’ici début 2025.

En Chine, l’annonce d’un programme de relance historique en septembre, visant à redresser son économie, s’inscrit dans cette dynamique mondiale de soutien. Bien que l’efficacité des politiques en place reste incertaine, les investisseurs espèrent que l’ampleur des mesures fiscales, notamment celles ciblant le secteur immobilier en difficulté, pourra renforcer les perspectives économiques en Chine, avec des retombées positives pour les États-Unis et l’économie mondiale.

La Banque du Japon (BoJ) reste un cas particulier, mais le retournement brutal du carry trade en yen début août servira d’avertissement.  À l’avenir, la BoJ adoptera vraisemblablement une attitude prudente quant à l’augmentation des taux afin de limiter l’appréciation du yen.

Globalement, les banques centrales semblent en mesure de piloter un atterrissage maîtrisé. Les risques haussiers persistent mais, pour engendrer une poussée significative des tensions inflationnistes, il faudrait un choc d’offre et une contraction marquée de l’emploi similaire à l’après-COVID. Le scénario le plus probable serait que les baisses de taux à court terme de la Fed stabilisent le ralentissement du marché de l’emploi aux États-Unis, avec une inflation légèrement supérieure aux prévisions, ce qui pourrait réduire le nombre de baisses de taux prévues. Toutefois, un retour à une politique de hausse des taux semble de moins en moins probable. 

Les perspectives se clarifient, et les investisseurs devraient se préparer à maximiser les opportunités offertes par les assouplissements monétaires mondiaux. Les perspectives positives pour les actions, portées par des fondamentaux d’entreprise solides et la perspective d’un atterrissage en douceur, devraient être bien accueillies par le marché.

Un élargissement des gains offre des perspectives aux États-Unis

L’un des domaines à surveiller pourrait être les actions américaines. L’histoire montre que les cycles de baisse des taux de la Fed, lorsqu’ils réussissent à éviter une récession, tendent à soutenir des performances solides du marché boursier. Les actions proactives de la Fed ont déjà permis aux marchés américains de se redresser après les ventes massives d’août, motivées par les inquiétudes sur la solidité de l’économie.

Bien que les craintes de récession ne soient pas totalement écartées, elles se sont atténuées grâce à la solidité des bilans des ménages et des entreprises, tandis que l’augmentation du taux de chômage s’explique davantage par l’accroissement de l’offre de main-d’œuvre que par des licenciements massifs. Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage demeurant en dessous du seuil de 300'000, l’économie américaine ne semble pas en repli. Cette conjoncture est favorable aux bénéfices des entreprises et, par conséquent, aux actions.

Bien que les performances des indices puissent être limitées par la morosité relative des actions des «Magnificent 7», des opportunités plus larges se dessinent. Le doute croissant concernant les attentes ambitieuses de résultats à court terme des valeurs technologiques à grande capitalisation risque de détourner certains investisseurs. Néanmoins, l’appétit pour le risque et la croissance des bénéfices dans d’autres secteurs et segments de marché, moins exposés, offriront une large palette d’options aux investisseurs sur le marché américain.

Une diversification mondiale reste clé

Les mesures de relance et les baisses de taux devraient également stimuler les gains à l’échelle mondiale, en particulier sur les marchés où les valorisations sont attractives. Les investisseurs devraient envisager de diversifier leurs placements au-delà du marché américain. 

Les annonces de mesures de relance ont eu un impact tangible à l’international : en septembre, les actions chinoises ont effacé les pertes d’une année, mais le yen s’est déprécié, entraînant des rendements négatifs pour le marché japonais. Les parcours ne seront pas sans embûches, mais les opportunités demeureront.

Par exemple, la correction notable des valorisations japonaises ce trimestre, associée aux réformes de gouvernance d’entreprise, devrait continuer d’attirer des flux d’investissement. De même, malgré leur forte reprise, les actions chinoises demeurent historiquement bon marché. Les investisseurs devront surveiller attentivement l’impact des mesures de relance pour orienter leurs choix d’investissement dans les actions chinoises. Si les mesures s’avèrent efficaces, l’essor récent pourrait se poursuivre durablement.

En Europe, bien que les actions allemandes soient toujours moins chères que celles des États-Unis, leurs valorisations s’approchent des moyennes historiques,  rendant de nouveaux gains moins probables dans un contexte économique atone. 

Un cycle de baisse des taux, avec un atterrissage en douceur, est une perspective accueillie positivement par les investisseurs. Néanmoins, le chemin à venir sera semé d’embûches et exigera de la flexibilité et une vision globale de la part des investisseurs.

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