
Lorsque, la semaine dernière, la Réserve fédérale a réduit les taux pour la première fois en quatre ans, cela a marqué le début d’une période d’assouplissement monétaire très importante. En dépit du ralentissement évident du marché du travail américain, la persistance de la robustesse des bilans des ménages et des entreprises suggère que l’économie américaine ne s’est pas détériorée au point de ne pas pouvoir bénéficier d’une série de réduction des taux de la Réserve fédérale. Bien que les risques liés aux prévisions de la Réserve fédérale soient élevés, il semblerait que le risque de récession reste modéré.
Cela pourrait fournir un terrain fertile aux investisseurs en actions, mais il convient de se rappeler que l’assouplissement des conditions n’a pas toujours directement conduit à un regain d’activités, mais a historiquement aboutit à une situation inverse. Néanmoins, si Powell définit correctement le déroulement des évènements, les actifs à risque pourront peut-être continuer à profiter de nombreuses occasions intéressantes.
Les expériences du passé indiquent que pendant les cycles d’assouplissement de la Réserve fédérale, au cours desquels l’économie continue de se ralentir, le chômage augmente et la croissance des revenus est problématique, le marché a tendance à se heurter à des difficultés. Cependant, au cours des cycles d’assouplissement, lorsque la croissance des revenus reste assez vigoureuse et que la récession est évitée, les actions réagissent généralement de manière positive.
Retour vers l’avenir?
Tandis que les investisseurs ont réduit leurs attentes en fonction du calendrier et du rythme des baisses de taux au cours de l’année, les actifs ont continué à affluer vers les fonds du marché monétaire. Mais la Réserve fédérale ayant, la semaine dernière, initié une période de réduction des taux, l’attractivité des liquidités est susceptible de décliner, car les actifs à risque devraient sembler être tout autant attrayants.
Les investisseurs sont cependant méfiants. Il est naturellement compréhensible de s’inquiéter en songeant aux difficultés qui ont historiquement mis en danger les actions lorsque la Réserve fédérale a entrepris son cycle de réduction des taux. Cependant, un examen plus approfondi des 23 cycles de réduction des taux qui ont eu lieu depuis 1970 révèle une image plus nuancée.
A sept reprises, le lancement du cycle d’assouplissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale a déclenché une reprise du marché en un mois. Depuis 1970, les marchés se sont mobilisés deux fois pour se préparer à la première réduction des taux, en commençant à prendre en compte les mesures que la Réserve fédérale s‘apprêtait à prendre. En fait, au cours de plus de la moitié (16) des cycles de réduction des taux de la Réserve fédérale depuis 1970, les marchés se sont redressés six mois après la première réduction, et dans neuf cas, ont enregistré des gains de marché à deux chiffres.
Mise en garde: le rendement de l’indice ne se limite pas aux seules réductions des taux. Il y a eu une série de réactions sur le marché des actions au début d’un cycle de baisse des taux. Plus précisément, la performance historique a quasi entièrement été fonction de l’évitement ou non d’une récession.
Les baisses des taux n’arrêtent pas toujours l’effondrement du marché
A la fois, en 2001, suite à l’éclatement de la «bulle dot.com», et en 2007, après la crise des prêts hypothécaires à risque, ces événements du marché ont augmenté les risques de récession, conduisant la Réserve fédérale à entrer dans un cycle agressif de relâchement des taux qui n’a finalement pas empêché les Etats-Unis à éviter un ralentissement économique.
Dans les deux cas, le marché s’est inéluctablement effondré. En 2007, 12 mois après le premier relâchement des taux de la Réserve fédérale, les bénéfices par action du S&P 500 ont baissé de 15% et le marché de 24%. Le S&P 500 ne s’est pas effondré avant 17 mois après la première diminution des taux.
A l’inverse, le cycle de réduction des taux de 1995 a commencé dans le contexte d’une économie américaine qui commençait seulement à ralentir et qui continuait à maintenir des niveaux de chômage relativement faibles. Ainsi, le cycle a été relativement léger, 75 pb, et les pressions inflationnistes ont presque entièrement été maîtrisées. Tandis que la Réserve fédérale réussissait un atterrissage en douceur, l’économie américaine pouvait continuer à croître. Par la suite, le S&P 500 a également prospéré, avec une hausse des bénéfices par action de 6%, ce qui, bien que modeste, a suffi pour alimenter un gain de 14% de l’indice S&P 500 global.
La décision de la Réserve fédérale d’atteindre une baisse de 50 pb la semaine dernière est une prise de position unique dans l’histoire, en raison de l’absence d’un risque de crise financière, de l’absence de l’éclatement de la bulle de la valeur des actifs, et de l’absence de pertes d’emploi, et dans un contexte de marché des actions en hausse de près de 18% depuis le début de l’année. En dépit du scepticisme entourant le besoin économique d’une réduction aussi agressive, les marchés ne peuvent et ne devraient que célébrer cette décision, et continueront de la célébrer dans les mois à venir, alors que la Réserve fédérale s’efforce au mieux, comme jamais dans le passé, d’éviter un atterrissage difficile.
Quelle est la suite?
Les investisseurs cherchant à tirer le meilleur parti du cycle de baisse des taux, ou du moins à être rassurés, doivent cependant se concentrer sur les risques de récession, plutôt que sur la taille attrayante des baisses des taux de la Réserve fédérale.
Tout comme en 1995, l’économie américaine se ralentit, même si le risque d’une récession n’est pas entièrement à exclure. La Réserve fédérale devrait pouvoir éloigner les Etats-Unis de la récession et, si c’est le cas, les actions devraient poursuivre leur récente hausse.
Bien que cette première baisse des taux ouvre la voie à d’autres réductions, Powell doit rester prudent. La force sous-jacente de l’économie américaine suggère que des réductions de taux supplémentaires ne seront pas nécessaires. Cette toile de fond, bien qu’elle ne soit pas aussi convaincante qu’au début de l’année, reste constructive pour les marchés, et une montagne de «dry powder» (capitaux non investis) de 6 billions de dollars est prête à alimenter les actifs à risque.
Parmi les dix meilleures années du S&P 500 depuis 1985, cinq ont eu lieu lorsque la Réserve fédérale a réduit les taux d’intérêt. L’histoire suggère que le cycle de réduction sera un signal d’encouragement pour les investisseurs en actifs à risque.