- Nous prévoyons que la Banque du Japon (BoJ) maintiendra son taux directeur inchangé lors de sa prochaine réunion, tout en conservant une orientation haussière.
- L'inflation reste élevée, mais la solidité de sa composition sous-jacente est incertaine en raison de plusieurs effets exceptionnels, tels que la hausse inhabituelle des prix du riz.
- Le yen s'est nettement apprécié face au dollar américain ces dernières semaines, ce qui pourrait atténuer les pressions inflationnistes liées aux importations et compliquer le calendrier des prochaines hausses.
- La croissance reste sur la bonne voie, mais les perspectives sont devenues plus incertaines dans un contexte de tensions commerciales mondiales.
- Le gouverneur de la BoJ, M. Ueda, a signalé la poursuite de la normalisation de la politique monétaire si les perspectives actuelles se confirment, mais a également souligné la nécessité d'évaluer avec prudence l'évolution des risques.
La politique commerciale reste la principale source d'incertitude pour la Banque du Japon. Les premières annonces de l'administration Trump ont été nettement plus agressives que prévu. Malgré des relations bilatérales généralement proches, le Japon est particulièrement vulnérable aux droits de douane spéciaux sur les automobiles et aux droits de douane forfaitaires exceptionnellement élevés, même si ces derniers ont été temporairement suspendus. Au-delà de l'impact direct d'un éventuel conflit commercial sur l'économie japonaise, leurs effets sur la croissance des deux principaux partenaires commerciaux du Japon, les États-Unis et la Chine, sont également préoccupants. Cela amplifie l'incertitude qui pèse sur les perspectives. Si les négociations commerciales se poursuivent et que le Japon semble bien placé pour être l'une des premières grandes économies à parvenir à un accord, le processus pourrait encore s'avérer long. Le Premier ministre Ishiba a clairement indiqué qu'il n'accepterait pas un accord qui placerait le Japon dans une position nettement désavantageuse. Compte tenu de ces risques non résolus, l'incertitude commerciale devrait persister, ce qui devrait inciter la Banque du Japon à maintenir ses taux inchangés lors de sa réunion de mai.
Les chiffres récents de l'inflation suggèrent une nouvelle accélération de la hausse des prix, et de plus en plus de signes indiquent que la «mentalité déflationniste» qui prévaut depuis longtemps au Japon s'estompe progressivement. Toutefois, l'inflation récente s'est concentrée dans des catégories spécifiques. Le riz en est un exemple frappant: ses prix ont fortement augmenté et se répercutent désormais sur des secteurs connexes, des sushis aux dépenses de restauration en général. Ces effets particuliers brouillent la vision de la robustesse des tendances inflationnistes. De plus, la récente appréciation du yen, si elle se poursuit, pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix à l'importation. Le gouverneur Ueda a réaffirmé que si les perspectives de la Banque se concrétisaient, celle-ci s'orienterait vers une politique moins accommodante, compte tenu notamment du niveau toujours très bas des taux d'intérêt réels. Toutefois, le calendrier et le rythme des nouvelles mesures resteront tributaires des données, et les développements récents pourraient justifier un statu quo temporaire.
La Banque du Japon ayant temporairement suspendu ses mesures, nous maintenons une perspective modérément positive pour les actions japonaises. Celles-ci affichent des valorisations attractives, d'autant plus après le recul observé après le «jour de la libération». L'exposition du Japon au commerce mondial pourrait en faire l'un des principaux bénéficiaires une fois que nous aurons dépassé le «pic de pessimisme commercial», surtout si un accord tarifaire est conclu entre les États-Unis et le Japon. Nous restons également très optimistes à l'égard du yen japonais. Ses caractéristiques de valeur refuge ont bien fonctionné en avril. En cas de ralentissement de la croissance américaine ou de retour des inquiétudes des investisseurs quant à la fiabilité budgétaire et institutionnelle des États-Unis, le yen devrait également en bénéficier. Nous adoptons une position neutre à l'égard des obligations d'État japonaises. Dans un contexte de ralentissement probable de la croissance mondiale, les obligations souveraines sont attractives. Toutefois, la Banque du Japon devrait finalement poursuivre ses relèvements de taux, de sorte que les risques sont plutôt équilibrés dans ce domaine.