L’or en hausse – ce n’est que le début

Cornel Bruhin, MainFirst

2 minutes de lecture

Des gains en vue pour les investisseurs, mais la diversification reste essentielle, surtout en période de bouleversements – l’histoire le prouve.

 

De nombreux investisseurs pensent actuellement que la flambée technologique va durer, et qu’il n’est donc pas nécessaire d’investir dans d’autres secteurs économiques. Mais toute flambée finit un jour ou l’autre. À la fin, le vieil adage s’applique: «C’est le dernier qui paie les pots cassés.» Je ne suis pas pessimiste, mais on perçoit à l’horizon des signes de rotation dans le comportement des investisseurs. La diversité du marché technologique s’est nettement réduite – récemment, ce sont surtout les «Magnificent 7» dont la force relative a porté le marché.

La quatrième grande flambée de l’or

Nous sommes actuellement au cœur de la quatrième grande flambée du prix de l’or. Le passé nous enseigne que chaque envolée de l’or a été déclenchée par une rotation des préférences d’investissement. À chaque fois, les marchés boursiers ont perdu environ 50% ou plus. Ces phases ont duré en moyenne huit ans ou plus. Et le prix de l’or a toujours progressé parallèlement à celui d’autres matières premières.

Si nous situons le début de cette phase en mars 2020, nous sommes probablement encore dans les premières étapes du cycle. Beaucoup de matières premières n’ont jusqu’à présent guère participé – mais cela pourrait changer, comme l’histoire le montre. Par exemple, l’argent n’a même pas encore atteint le niveau de 1980.

Un élément particulièrement révélateur est le rapport actuel entre l’or et l’argent. Il est d’environ 89, alors qu’il se situait entre 15 et 45 lors des précédents sommets. Ce ratio indique clairement que nous ne sommes probablement pas encore proches d’un pic. Dans la croûte terrestre, l’argent est environ huit fois plus abondant que l’or. Historiquement, l’argent agit comme un retardataire, mais en fin de cycle, il dépasse souvent l’or en performance.

Un regard sur les flambées de l’or des 100 dernières années

Dans les années 1930, après le krach boursier de 1929, le marché a d’abord connu une euphorie autour des actions automobiles et radio, avant de perdre plus de 80% de sa valeur jusqu’en 1932. En 1937, il restait encore 50% de baisse par rapport à 1929. Pendant cette période, l’or et les matières premières ont progressé d’environ 200%. Le gouvernement américain a revalorisé le prix de l’or à 35 dollars et interdit la possession privée d’or.

Dans les années 1970, l’euphorie autour des «Nifty Fifty» – comme IBM, Coca-Cola ou Eastman Kodak – a mené à une bulle boursière. Entre 1972 et 1974, le marché a perdu près de 50%. C’est à ce moment que le président Nixon a mis fin à l’étalon-or. Le prix de l’or est passé de 35 à 185 dollars, atteignant même 850 dollars en 1980. Les matières premières ont également bondi: l’indice Bloomberg Commodity est passé de 16 à 160 points entre 1970 et 1980, dans un contexte de forte inflation et de stagflation. Beaucoup se souviennent encore des réserves de farine et de sucre à la maison.

Dans les années 2000, l’éclatement de la bulle technologique a marqué la fin du premier boom du secteur. Le Nasdaq a chuté de près de 80% entre 2000 et 2002. Il a fallu attendre 2015 pour revenir au niveau de l’an 2000. Dans le même temps, le prix de l’or est passé de 250 à 1 900 dollars entre 2001 et 2012. Les matières premières ont suivi, le baril de pétrole grimpant de 18 à 140 dollars entre 2001 et 2008.

A lire aussi...