Investir après le COVID-19

Salima Barragan

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George Gatch, CEO de J.P. Morgan AM, a déclaré que «les changements disruptifs transformeront l’industrie bancaire.»

L’année dernière à la même époque, J.P. Morgan Asset Management présentait ses perspectives annuelles. A cette occasion, la banque avait annoncé que le cycle boursier long d’une décennie allait s’éteindre en douceur. C’était sans compter l’arrivée impromptue d’un cygne noir: le coronavirus. Cependant, de par ses anticipations baissières, la société de gestion avait démarré l’année avec une allocation sous-pondérée en actions. C’est précisément cette sous-exposition qui explique la forte performance de ses investissements depuis le début de l’année, a expliqué George Gatch, CEO, lors d’une conférence de presse digitale.

«C’est la capacité à utiliser la technologie
qui distinguera les bons managers des autres.»
Les futurs pôles de croissance

A l’avenir, le CEO s’attend à ce que les clients émergents, les marchés privés, les ETF actifs et la finance durable deviennent les principaux pôles de croissance. Et à ce que les nouvelles technologies métamorphoseront l’univers bancaire: «c’est la capacité à utiliser la technologie qui distinguera les bons managers des autres», prévient-il.

Vers la fin d’un marché binaire

Pour l’heure, le marché se scinde entre les gagnants et les perdants de la pandémie. Les vainqueurs sont évidemment les entreprises du monde de la technologie et du e-commerce alors que les activités impliquant des contacts sociaux sont les grandes vaincues. Mais aussi, «les taux bas ont accru la divergence entre les gagnants et les perdants, en créant d’importantes dispersions», explique Karen Ward, Chief Market Strategist, à l’aide d’un graphique illustrant l’indice des actions de croissance américaines qui grimpe en flèche vis-à-vis de l’indice du secteur des matériaux qui sous-performe visiblement. Pour la spécialiste, cette granularité de marché se modifiera à mesure que les effets de la pandémie s’estomperont. Ainsi, elle se méfie des mouvements de rotations de marchés: «Aux clients ayant un biais prononcé sur la technologie, je conseille de surveiller et potentiellement rééquilibrer leur portefeuille».

Envisager des scénarios multiples

Alors que l’incertitude bat son plein aux Etats-Unis qui s’apprêtent à élire un nouveau président, Karen Ward déclare, «n’ayez pas trop de convictions sur ce qui va se passer si un candidat est élu». Pour la stratégiste, non seulement le virus a amené son lot de challenge logistique qui affectera les résultats, mais il faut aussi se méfier des hypothèses toute faites: «J’envisage des scénarios multiples car on ne distingue pas encore clairement les priorités politiques des deux candidats».

«Les obligations ne tiennent plus leur rôle de diversifications
et de rendement comme il y a 20 ans», selon Karen Ward.

En Europe, les mois à venir se jouent autour du Brexit et d’une solution médicale contre le Sars-Cov-2. Son plan de soutien fiscal a convaincu les investisseurs qui retrouvent leur appétit pour le risque: «L'argent, utilisé à bon escient, assure un soutien continu. Citons par exemple les programmes d'emploi aux Royaume-Uni et en Allemagne qui mettent fin aux conséquences d’un second tour du virus et posent un cadre sain pour la reprise économique», estime-t-elle.

Construire des portefeuilles résilients dans l’environnement de taux bas actuel s’avère difficile, concède la stratégiste qui va rechercher les rendements et l’effet de diversification dans les obligations chinoises peu corrélées aux indices mondiaux car «les obligations n'assument plus leur rôle de diversifications et de rendement comme il y a 20 ans», conclut-elle.

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