Pendant que la cote des Etats-Unis s’effondre un peu partout dans le monde, celle de Wall Street marque une pause après trois séances consécutives de clôtures dans le vert. Le marché semble entrer dans une nouvelle phase, il ignore les bonnes nouvelles, le rebond des indices post «Liberation Day» est probablement terminé, il va falloir remettre de l’essence dans le moteur de la hausse, ce d’autant que la valorisation du S&P500 (SPX) et du Nasdaq100 (NDX) est élevée, plus de droit à l’erreur manifestement Downtown Manhattan.
Et pourtant hier le très attendu rapport mensuel sur les prix à la consommation pour le mois de mai sort en-dessous des attentes, de quoi détendre tout un chacun sur les parquets de trading, dame inflation n’est manifestement pas encore de retour malgré les tarifs de qui vous savez. À 0,1% de mois en mois sur la partie «cœur», débarrassée de la nourriture et de l’énergie, alors que les attentes étaient à 0.3%, ces chiffres de l'inflation semblent extrêmement modérés. L’indicateur «supercore» des services n’augmente que de 0,06%, poursuivant une série de quatre mois de données favorables. Globalement, cela représente une évolution plutôt positive pour les marchés financiers et cela ouvre probablement la voie à des anticipations d’un assouplissement monétaire de la Fed. D’ailleurs ce matin les Fed Funds sont à nouveau d’avis que la Fed pourrait reprendre son cycle de baisses de taux dès le 17 septembre (65% de probabilités de 25 points de base).
Dans un autre registre mais toujours au rayon des bonnes nouvelles, Donald Trump annonce hier qu’un accord a été conclu avec la Chine sur le commerce (je ne suis pas certain que Xi ait confirmé). Cette nouvelle aurait pu faire monter le marché des actions mais, primo Donald Trump s’emballe très souvent un peu vite, secundo la hausse est probablement déjà faite à ce sujet. Et puis on continue de s’inquiéter au sujet de la croissance dans les salles de marchés, tout comme du budget des Etats-Unis, qui peut potentiellement mettre son marché obligataire à terre, les déclarations à ce sujet hier de Jeffrey Gundlach ne passent pas inaperçues, le fondateur de DoubleLine Capital pense «qu’un moment de vérité approche pour les obligations d’Etat américaines».
Pour ne rien arranger, les tensions géopolitiques augmentent à nouveau au Proche Orient. Selon l’agence Reuters, les États-Unis se tiennent prêts à retirer une partie du personnel de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité. Parallèlement, l’Iran avertit qu’en cas d’échec des négociations sur le nucléaire et d’éventuelles frappes américaines sur son territoire, il pourrait riposter en visant des bases américaines situées au Proche-Orient.
Wall Street marque donc une pause. Les mastodontes de la tech se replient, l’énergie passe une bonne journée, bien aidée par le décollage du baril de WTI Light Crude (67,70 dollars, sa 200 jours évolue à 68,64 dollars), le podium du jour du SPX est complété par les utilities et la santé. Le marché manque de jambes, il ne parvient pas à défendre les gains de début de séance. L’annonce par Trump que les droits de douane sur les produits chinois s’élèveront à 55% indique que le président américain n’est plus vraiment en mode TACO (Trump Always Chickens Out), pas ces jours du moins, ce qui déçoit les investisseurs d’une certaine façon, s’il se met à appliquer ses menaces dans la vraie vie cela se compliquera singulièrement. Le marché ne s’y trompe pas et envoie le dollar au tapis, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,1519, l’euro repart donc à la hausse contre le billet vert après une pause au camp de base, prochaine résistance 1,1573, c’est le top en séance du 21 avril. La volatilité remonte très légèrement, le VIX gagne 2% à 17,26, un niveau encore très bas.
Notons qu’une golden cross est en vue sur le Nasdaq100 (NDX), c’est intéressant, tandis que le Russell2000 (RTY) termine sa séance à 2148 points, sa 200 jours se situe à 2176 pts, s’il la traverse cela pourrait déclencher des achats sur base stop. L’or profite de la faiblesse du greenback, l’once remonte à 3374 dollars. Sur le front des obligations, le rendement du 10 ans recule assez logiquement après le CPI, il évolue ce matin à 4,40%, ses 100 et 50 jours se situent à 4,38% et 4,37%.
On plonge dans la macro d’hier avec l’indice des prix à la consommation (CPI) qui progresse de 0,1% en mai sur un mois, en dessous de la hausse de 0,2% enregistrée en avril et attendue par le consensus, ce qui porte la hausse annuelle à 2,4%. L’inflation sous-jacente (Core CPI), qui exclut l’alimentation et l’énergie, augmente également de 0,1% sur un mois, contre une attente de 0,3%, et s’établit à 2,8% sur un an, légèrement sous les 2,9% anticipés. Le rapport signale une baisse des prix des billets d’avion, des voitures neuves et d’occasion, ainsi que de l’habillement. Le Trésor américain émet pour 39 milliards de dollars d’obligations à 10 ans, avec un rendement 0,7 point de base en dessous du niveau attendu.
Donald Trump réaffirme qu’il fixera des tarifs douaniers unilatéraux d’ici une à deux semaines. Howard Lutnick indique qu’un accord avec le Royaume-Uni sera mis en œuvre dès que possible, tandis qu’un accord avec l’Union européenne figurera probablement parmi les derniers à être finalisés. Scott Bessent estime qu’il est «très probable» que la pause initiale de 90 jours soit prolongée pour les partenaires qui négocient de bonne foi.
Au menu macro-économique du jour, la production industrielle britannique d'avril (sortie plus faible que prévu) précède les prix à la production de mai et les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis (14h30).
Oracle gagne 7,6% hors séance après ses trimestriels. Walt Disney et Universal (Comcast) poursuivent le créateur d'images Midjourney pour violation du droit d'auteur. Adani prévoit l'introduction en bourse de sa division aéroportuaire d'ici 2027, selon l’agence Bloomberg.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo rend 0,65% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,94%, Shanghai grappille 0,03%, Séoul monte de 0,45% et le Nifty50 perd 0,42%. Le future SPX 0,25% et l’Europe ouvre en recul de 0,8%.
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