Toujours à la chasse au rendement…

Salima Barragan

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«Les rachats d’actions propres et les dividendes assureront au moins un rendement des actions de 4 à 5 %», estime Karen Ward de J.P. Morgan AM.

Semi-accord commercial, baisse des dépenses d’investissements, montée en puissance de l’économie de partage : malgré ces facteurs peu réjouissants pour les marchés, les actions resteront la meilleure source de rendement au détriment du crédit qui a notamment financé la vague de rachats d’actions. «Les porteurs d’obligations se retrouvent avec une duration plus longue et moins de rétribution», explique Karen Ward, Chief Market Strategist chez J.P. Morgan AM. Entretien.

L’année commence sous de bons auspices avec un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine…Peut-on pour autant affirmer que la hache de guerre est bel et bien enterrée?

Non. Quelques points faciles ont été évoqués lors de la phase une…mais les dossiers difficiles, à l’instar des subventions étatiques à certains secteurs stratégiques ou l’embargo sur Huawei n’ont pas été encore été résolus. Ces discussions délicates seront reportées après les élections américaines. En réalité, il s’agit d’un retour en arrière partiel sur les hausses tarifaires. La guerre commerciale demeurera donc un thème pour 2020 et la position des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine alimentera les débats de la campagne présidentielle.

Ces «demi» mesures suffiront-elles aux entreprises pour retrouver la confiance et reprendre leurs dépenses d’investissement?

Cette signature qui était anticipée a permis à la confiance de se rétablir. Certains indicateurs comme les PMI ont rebondi. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Mais les investissements des entreprises restent en berne et le contexte incertain freine leurs ardeurs.

Les marchés actions sont valorisés correctement et les perspectives
bénéficiaires ne semblent pas particulièrement attractives.
Paradoxalement, la guerre commerciale ne semble avoir eu aucune incidence sur les marchés boursiers. Comme l’expliquer?

Les entreprises ont procédé à des rachats d’actions importants qui ont concouru à soutenir leurs cours de bourse. Face aux incertitudes, elles ont préféré utiliser leurs ressources pour racheter leurs propres actions que prendre des risques avec du Capex. En négligeant d’investir dans leur croissance future, elles hypothèquent les rendements futurs. Cette approche est certes bénéfique à court terme pour les actionnaires, mais l’est moins sur le long terme. Elles ont profité des conditions avantageuses et utilisé le marché de crédit comme levier. Pour cette raison, nous préférons les actions au crédit. Même si cette ingénierie financière qui consiste à allonger le durée moyenne du financement et baisser les coûts a du sens pour les entreprises, les détenteurs se retrouvent avec une duration plus longue et moins de rétribution.

Quels facteurs contiendront l’inflation?

La croissance modérée n’est pas de nature inflationniste. D’autres facteurs tels que les changements d’habitude des consommateurs, les technologies disruptives, le vieillissement de population - et la façons dont ces derniers consomment -, la progression de l’économie de partage sont également moins inflationnistes. La nouvelle génération des millénials est rentrée dans la dimension du partage par idéologie et par contrainte économique.

Les attentes sont généralement très optimistes sur les publications des résultats. De votre côté, qu’escomptez-vous?

Le consensus s’attend encore à une croissance des bénéfices de 8% aux Etats-Unis. Nos attentes, bien plus modérées, sont de l’ordre de 4 à 5%. Les marchés actions sont valorisés correctement et les perspectives bénéficiaires ne semblent pas particulièrement attractives. Cependant, dans un contexte de taux durablement bas, les marchés d’actions offrent une bonne source de rendement puisque les rachats d’actions propres et les dividendes assurent un rendement de 4% à 5%.

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