Infrastructures et climat: les manœuvres habiles de Biden

Jack Janasiewicz, Natixis Investment Managers

2 minutes de lecture

Les régulateurs financiers pourraient avoir un rôle plus important dans la conduite du changement, notamment sur la question climatique.

Joe Biden devrait dévoiler prochainement un deuxième plan d'infrastructures axé sur le financement de l'éducation, de la santé, des soins aux enfants et aux personnes âgées. Ce plan devrait coûter plus de 1’000 milliards de dollars et être financé par des augmentations d'impôts individuels.

Un pari risqué

Ce plan a été habilement divisé entre les infrastructures physiques et sociales. Mais le timing est critique et combiner les deux propositions en une seule pourrait s'avérer plus payant à terme, étant donné les attentes d'un long processus de réconciliation budgétaire nécessaire pour son approbation. C’est toutefois un pari risqué, car le prix global de ce vaste plan pourrait dépasser 3’500 milliards de dollars alors que le plan de relance historique de 1’900 milliards de dollars vient d'être adopté et pèsera inévitablement sur le déficit américain.  

Biden pourrait être tenté de mettre
les Républicains au défi de faire leur propre offre.

Face à ce projet ambitieux, les Républicains ont proposé une contre-offre d’ouverture de 600 milliards de dollars que Biden a refusé. Ceux-ci, qui semblent soutenir des projets d’infrastructures plus traditionnels, ont peu d'intérêt à offrir à Biden une victoire bipartisane avant les élections de mi-mandat de 2022. Mais Biden pourrait être tenté de mettre les Républicains au défi de faire leur propre offre, et il ne manquera pas de les qualifier d'obstructionnistes s'ils ne jouent pas le jeu. Si, à l’inverse, les Républicains ripostent, leur offre ressemblera probablement à la proposition d'infrastructures de Trump de 2021, qui prévoyait des dépenses de 810 milliards de dollars sur les dix prochaines années pour les programmes de transport. Tout accord bipartisan serait donc probablement inférieur à 1’000 milliards de dollars et sera financé par un déficit. 

Biden jouit actuellement d'une forte cote de popularité et n'est guère incité à réduire sa proposition. Il faut s'attendre à ce qu’il rencontre les Républicains pour donner l'impression qu'il cherche à obtenir un projet de loi bipartite, mais le vrai travail se fera au sein de son propre parti. 

Le rôle de la Fed dans la lutte contre le changement climatique
pourrait bien s’étendre d’ici la fin du mandat de Joe Biden.
Un rôle accru des agences fédérales

En ce qui concerne le climat, il a été rapporté que Biden prépare un décret ordonnant aux agences fédérales, dont la Fed, de prendre des mesures pour combattre les risques financiers liés au changement climatique. Certaines de ces mesures pourraient imposer de nouvelles réglementations aux entreprises, demandant notamment aux fournisseurs d’énergie fédéraux de divulguer publiquement leurs émissions de gaz à effet de serre et de fixer des objectifs de réduction fondés sur des données scientifiques.

Bien que la Fed ne reçoive pas d’ordres directs de la Maison Blanche, son rôle dans la lutte contre le changement climatique pourrait bien s’étendre d’ici la fin du mandat de Joe Biden. En effet, Lael Brainard, gouverneur de la Réserve fédérale, et Sarah Bloom Raskin, ancienne secrétaire adjointe au Trésor et ancienne gouverneure de la Réserve fédérale, ont toutes deux contribué à un récent rapport sur les conséquences du changement climatique sur la stabilité financière. Elles ont toutes deux été mentionnées comme successeures potentielles de l'actuel président de la Fed, Jay Powell, à l'expiration de son mandat en février 2022. 

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