Un début de deuxième trimestre prometteur

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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Un faisceau de bonnes nouvelles économiques apporte un fort soutien aux marchés désormais résolument optimistes.

Les données économiques américaines restent très solides, le rapport sur l'emploi de mars indiquant que l'économie a ajouté 916’000 emplois, contre les 647’000 attendus et les 468’000 créations en février. De plus, le Conference Board a annoncé que son indice de confiance des consommateurs avait enregistré sa plus forte hausse depuis près de 18 ans, alors que son indicateur des anticipations des consommateurs avait atteint son meilleur niveau depuis l'été 2019.

Les données chinoises restent mitigées, car les PMI officiels manufacturiers et des services se sont révélés meilleurs que prévu tandis que l'indice PMI manufacturier Caixin, qui donne une plus grande pondération aux petites entreprises du secteur privé, a été moins bien orienté. De plus, le gouvernement chinois a annoncé une réduction supplémentaire de la fiscalité de 550 milliards de yuans afin de contribuer à consolider la reprise économique. Alors que le début d'année a été mitigé, les anticipations de croissance pour l'année restent très élevées car la Chine bénéficie de la réouverture mondiale.

La vaccination devrait augmenter fortement au deuxième trimestre
et la BCE a intensifié ses achats d'actifs afin de limiter la hausse des taux.

Les données européennes sont meilleures que prévu, mais la situation reste mitigée car la France a dû imposer un troisième confinement et les tensions concernant la distribution de vaccins persistent. Toutefois, la vaccination devrait augmenter fortement au deuxième trimestre à mesure que les livraisons s'accélèrent et que la logistique s'améliore. De plus, la Banque centrale européenne a intensifié ses achats d'actifs au cours des dernières semaines afin de limiter la hausse des taux, ce qui s'avère une réussite puisque les rendements souverains se sont stabilisés alors même que les taux américains ont encore augmenté tout au long du mois de mars. Des coûts d'emprunt plafonnés et les versements à venir du Fonds de relance de l'UE devraient aider les gouvernements à stimuler leurs économies au cours des prochains mois.

Le président Biden a dévoilé un double paquet «infrastructure», qui pourrait s'élever à plus de 2’000 milliards de dollars. La première partie, axée sur les infrastructures traditionnelles, serait payée avec une hausse du taux d'impôt sur les sociétés le plus élevé à 28% (le taux d’avant l’ère Trump). Le deuxième paquet, estimé à environ 1’000 milliards de dollars et davantage axé sur les soins de santé et l'éducation, sera détaillé ce mois-ci. En outre, la secrétaire au Trésor Yellen a plaidé en faveur d'un taux d'impôt mondial sur les sociétés dans les principales économies dans le cadre d'un effort visant à rétablir le leadership américain avec ses alliés. La proposition viserait à dissuader les entreprises américaines de partir dans des paradis fiscaux avec des impôts moins élevés alors que l'administration Biden envisage des prélèvements plus élevés pour aider à payer le programme d'infrastructures.

L'inflation a été le thème brûlant du début de l'année, mais il semble qu'une grande partie des dépenses et de la réouverture soient désormais intégrées dans les prix et les anticipations d'inflation semblent se stabiliser. Seul le temps nous le dira, mais la hausse de l'inflation dans les prochains mois devrait s'avérer transitoire compte tenu du chômage élevé persistant.

Les premiers jours d'avril ont été marqués par un certain renouveau
de la technologie, des semi-conducteurs et du Nasdaq.

Le dollar s'est raffermi du fait du différentiel de taux entre les Etats-Unis et l'Europe. Bien que le trade de reflation puisse ajouter une certaine pression à court terme, il devrait être limité par de meilleures perspectives de croissance aux Etats-Unis. En outre, la Réserve fédérale ayant maintenu les taux d'intérêt à court terme à zéro, les frais de couverture pour les investisseurs européens ont fortement baissé, ce qui devrait également renforcer le soutien au dollar. En revanche, le prix de l'or a rebondi après avoir atteint un point bas de 1’678 dollars l'once, tout en restant en baisse de 9% depuis le début de l'année.

Vues de marché

Alors que le premier trimestre s'est révélé quelque peu mitigé, les principaux indices actions ont atteint des plus hauts historiques au cours des dernières semaines, la hausse des rendements ayant été supplantée par l'optimisme entourant les perspectives de croissance. Pour la première fois, le S&P500 a franchi le seuil des 4’000, le Mid Cap 400 a établi un nouveau record intra- journalier et le STOXX600 a récupéré ses pertes pandémiques et atteint un record, avec l'Allemagne en tête. Les premiers jours d'avril ont été marqués par un certain renouveau de la technologie, des semi-conducteurs et du Nasdaq, la croissance surperformant les cycliques et la value pour la première fois depuis janvier. Néanmoins, nous pensons que la rotation vers les cycliques va continuer.

Le rendement du 10 ans américain a atteint 1,77% avant les annonces des emplois, mais il a reculé depuis. Pour autant, le mouvement peut se poursuivre à court terme et nous restons prudents sur les obligations, même si beaucoup de réouverture et des dépenses budgétaires sont déjà intégrées. Les taux cœur de la zone euro se sont stabilisés, ce qui pourrait limiter la hausse aux Etats-Unis.

Les spreads de crédit continuent de résister et d'absorber une partie de la hausse des taux: Les spreads Investment Grade américains, européens et des marchés émergents se sont tous resserrés, tout comme le High Yield américain, européen et des marchés émergents. La duration plus longue des indices Investment Grade et les spreads très serrés suggèrent moins de marge de manœuvre pour absorber les taux plus élevés que ceux du High Yield, même s’il s’agit de rester sélectifs sur ce segment du fait de la persistance du risque de défaut.

Dans l'ensemble, même si des corrections à court terme sont possibles, il s’agit de rester constructif et de chercher à «acheter la baisse» compte tenu du soutien fondamental sous-jacent continu: relance budgétaire, soutien monétaire et fort rebond des bénéfices. Dans le même temps, la rotation vers les cycliques devrait se poursuivre, soutenant l'énergie, la finance, les matériaux, l'Europe, le Japon et le Pacifique hors Japon.

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