Inflation suisse: la déflation deviendra un sujet

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L’appréciation du franc suisse face à l’euro (+4% ces 6 derniers mois) et à l’USD (+6%) a un impact désormais important sur la croissance des prix.


L’inflation en Suisse a diminué de 1,1% à 0,8% sur un an durant le mois de  en septembre. Cette baisse était plus forte qu’attendu par les analystes et est inférieure au niveau anticipé par la Banque nationale suisse pour l’ensemble du troisième trimestre 2024. La déflation importée (-2,7%) a augmenté. En réaction, la probabilité augmente concernant une baisse du taux BNS de 25 points de base en décembre 2024. 

L’inflation depuis 3 ans reste toujours supérieure à 2%, ce qui milite pour une baisse toujours graduelle du taux BNS en 2025 (0,50% en milieu d’année). La croissance des loyers (4%) reste toujours élevée et cela se poursuivra en raison (i) du déficit d’offre de logements locatifs face à une immigration nette toujours plus importante (+100'000 l’an dernier contre une moyenne depuis 10 ans de 50'000), (ii) par la hausse ces derniers trimestres du taux de référence hypothécaire qui a amené des propriétaires à augmenter les loyers. Les loyers expliquent la grande majorité des pressions inflationnistes en Suisse.

L'objectif de stabilité des prix amènera les analystes mais surtout la BNS à s'intéresser de plus en plus aux tensions déflationnistes dans nos économies ces prochains mois.

L’appréciation du franc suisse face à l’euro (+4% ces 6 derniers mois) et à l’USD (+6%) a un impact désormais important sur la croissance des prix. L’inflation importée (25% de nos dépenses) est en territoire déflationniste. C’est un risque pour la stabilité des prix. Cela explique pourquoi la BNS continuera d’intervenir sur le marché des changes pour ralentir l’appréciation du franc à moyen terme, comme précisé par Martin Schlegel à Bellinzona ce mardi.

La déflation est un vrai risque en Suisse pour 4 raisons. (i) Les risques géopolitiques, aussi mentionnés par Martin Schlegel, pourraient réduire la croissance économique au-delà du ralentissement déjà observé chez nos partenaires commerciaux (Allemagne et États-Unis notamment). (ii) L’appréciation du franc suisse, qui s’accélère actuellement mais est une constante historique (+3% par an depuis 70 ans), pourrait persister en cas d’environnement politique et macro-financier défavorable à l’international. (iii) La croissance des salaires est positive mais toujours inférieure aux gains de productivité. Cela est positif pour nos entreprises et notre compétitivité mais augmente aussi le risque déflationniste. (iv) Le ralentissement pourrait rendre les banques plus sélectives à moyen terme dans l'octroi de nouveaux crédits.

Même si le pic d'inflation de 3,5% en septembre 2022 semble déjà loin, l'objectif de stabilité des prix amènera les analystes mais surtout la BNS à s'intéresser de plus en plus aux tensions déflationnistes dans nos économies ces prochains mois.

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