Etats-Unis: l’incertitude budgétaire du 14 mars

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Ces trois risques cumulés – shutdown, dette et fiscalité – créent une incertitude budgétaire sans précédent pour 2025.

 

Les États-Unis font face à une triple menace budgétaire qui pourrait fortement impacter leur économie dans les mois à venir. À court terme, l’administration fédérale risque un shutdown dès le 14 mars si aucun accord budgétaire n’est trouvé au Congrès. Cette situation, qui paralyserait une partie des services publics et mettrait en pause les salaires de centaines de milliers de fonctionnaires, rappelle le précédent de 2018-2019, où le pays avait connu le plus long blocage de son histoire avec 35 jours d’arrêt. La difficulté vient de la nécessité d’un compromis entre démocrates et républicains, alors que ces derniers ne disposent que de 53 sièges au Sénat, loin des 60 nécessaires pour surmonter une opposition.

En parallèle, le plafond de la dette fédérale, rétabli depuis le 1ᵉʳ janvier à 36'000 milliards de dollars, place l’administration américaine face à un défi de taille. Sans relèvement ou suspension de cette limite par le Congrès, le Trésor pourra continuer à financer l’État uniquement grâce à ses réserves et des ajustements comptables, mais ces marges de manœuvre ne permettront de tenir que jusqu’à l’été. En 2011, une impasse similaire avait conduit à une dégradation de la note souveraine du pays par Standard & Poor’s, entraînant une chute des marchés financiers de 17% en un mois. Avec une dette publique atteignant déjà 98% du PIB et des paiements d’intérêts dépassant 870 milliards de dollars par an, soit 3,3% du PIB, un défaut de paiement provoquerait une onde de choc considérable sur l’économie mondiale.

Un autre enjeu majeur se profile avec l’expiration, le 31 décembre 2025, des baisses d’impôts mises en place sous l’administration Trump en 2017. Leur non-renouvellement entraînerait une hausse mécanique de la pression fiscale sur 70% des ménages américains, représentant un choc de 1,5% du PIB. L’impact total de cette mesure est estimé à 1 500 milliards de dollars sur dix ans, ce qui affecterait à la fois la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Donald Trump a promis, en cas de retour au pouvoir, non seulement de prolonger ces baisses d’impôts, mais aussi d’en proposer de nouvelles. Toutefois, avec un déficit budgétaire déjà proche de 7% du PIB, leur financement reste un défi majeur.

Ces trois risques cumulés – shutdown, dette et fiscalité – créent une incertitude budgétaire sans précédent pour 2025. Les investisseurs et les marchés financiers surveillent de près ces tensions, alors qu’une crise prolongée pourrait impacter le coût de la dette, ralentir la croissance et accentuer la volatilité sur les marchés. La Réserve fédérale, déjà sous pression pour ajuster sa politique monétaire, pourrait voir son action entravée par ces tensions. Si aucun consensus n’émerge rapidement, les États-Unis risquent d’entrer dans une zone d’instabilité budgétaire avec des répercussions économiques bien au-delà de leurs frontières.

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