
La lecture du marché du travail va se compliquer pour la Réserve fédérale. La situation de l’emploi avec un taux de chômage en baisse à 4% en janvier. La réduction attendue des flux migratoires va abaisser le seuil des créations d’emplois stabilisant le taux de chômage mais pèsera sur l’activité. Le gel des embauches publiques, voire les licenciements, réduiront l’emploi au cours des mois à venir. Cela étant, les pénuries de main d’œuvre feront réapparaître les tensions salariales. L’impact des tarifs sur les produits chinois sur l’inflation est incertain. Lorie Logan, Présidente de la Fed de Dallas, estime d’ailleurs que la neutralité sur les taux est déjà atteinte alors que Donald Trump entend assouplir la politique fiscale. Le statu quo monétaire projeté jusqu’en juin traduit ces incertitudes. En zone euro, la croissance faible et le durcissement des conditions de crédit l’emportent sur l’inertie de l’inflation (2,5% en janvier). La Banque Centrale Européenne (BCE) va poursuivre l’allègement vers la neutralité révisée à 1,75-2,25%. La Banque d’Angleterre abaisse son taux de 25pb à 4,25% avec deux votes en faveur d’un allègement de 50pb. La révision baissière de la croissance prend le pas sur le relèvement de l’inflation prévue en 2025 (3,5%). Catherine Mann, membre du Monetary Policy Committee de la Banque d’Angleterre, change son fusil d’épaule pointant le risque haussier sur les prêts hypothécaires à politique constante.
Taux en repli et resserrement des spreads
Les rendements américains ont replongé sous 4,50% la semaine passée dans un fort mouvement d’aplatissement. Le refinancement trimestriel du Trésor inchangé pour la période février-avril a rassuré les investisseurs et contribué à la surperformance du T-note contre swaps. Le statu quo monétaire de la Fed vise sans doute à limiter les anticipations d’inflation à moyen terme. La structure part terme des taux réels est à l’inverse très pentue. Le Bund s’approche de 2,30%. Les spreads se resserrent sur l’ensemble des marchés obligataires de la zone euro. Les swap spreads restent sous pression au bénéfice des dettes d’agence et covered bonds. Le swap spread à 10 ans se maintient en territoire négatif (-2pb). L’accélération du resserrement monétaire de la BCE en janvier (-9 milliards d’euros sur la dette allemande), voire le resserrement quantitatif mondial conjoint à la baisse du taux de dépôt, resserrent les swap spreads en zone euro. Sur les emprunts d’états, l’incertitude budgétaire s’atténue en France avec l’adoption d’un budget pour 2025 et un déficit de l’état plus faible qu’attendu en 2024 (5,4%). L’OAT se resserre de 10pb cette année, aidée aussi par l’environnement général favorable au risque. Le crédit reste peu volatil avec un spread moyen contre swap oscillant entre 80 et 90pb. Le high yield plus cher ne surperforme plus l’Investment Grade.
Parallèlement, les marchés d’actions restent bien orientés. Le rebond de la technologie chinoise symbolise un changement de sentiment face aux géants américains engagés dans des investissements massifs dans l’IA. Le secteur bancaire et les ressources de base mènent la cote en Europe, les défensives (consommation de base, services publics) ne participent pas à la hausse.