La baisse des obligations s'est intensifiée en réaction aux publications américaines qui restent solides. Les actions subissent la hausse des taux, alors que l’allègement de 100pb de la Fed depuis septembre apparait en décalage avec la croissance économique. Les rendements obligataires augmentent partout, des Treasuries (4,75% sur le 10 ans) aux Bunds (2,6%) en passant par le Japon (1,2%), à l'exception notable de la Chine. Les actions ont terminé la semaine sur une note négative, alors que les marchés monétaires révisaient la trajectoire des taux de la Fed. Le dollar gagne encore du terrain. La faiblesse des actions et la hausse des rendements ont eu un impact limité sur les spreads souverains et de crédit, la volatilité des spreads restant réduite. En plus des risques budgétaires et politiques, la hausse des rendements est aussi alimentée par le rebond des prix du pétrole et du gaz.
Croissance et inflation au rendez-vous
La croissance économique américaine devrait de nouveau surprendre à la hausse. Les données du quatrième trimestre seront publiées fin janvier. Les consommateurs continuent de dépenser anticipant les hausses de tarifs, bien que les retards de paiement sur les cartes de crédit et les prêts à la consommation augmentent. Les créations d'emplois atteignent 256’000 en décembre, au-dessus du consensus. L'enquête auprès des ménages annonce une baisse du taux de chômage à 4,1%. Le sous-emploi diminue. Avec le recul, l'assouplissement de 100pb de la Fed depuis septembre semble injustifié au vu de la situation conjoncturelle.
En zone euro, les anticipations d’inflation sont en hausse alors que l'euro plonge vers la parité avec le dollar.
En outre, les indicateurs d'inflation et les enquêtes indiquent un risque de dérapage des prix. Les composantes «prix payés» des enquêtes ISM témoignent de coûts d'intrants plus élevés. De plus, les ménages subissent la hausse de l'essence, et leurs prévisions d'inflation à moyen terme atteignent un sommet de 2008 à 3,3% selon l'enquête de l'Université du Michigan. En zone euro, les anticipations d’inflation sont en hausse alors que l'euro plonge vers la parité avec le dollar. Le Brent, proche de 80 dollars, en raison des sanctions américaines renforcées contre la Russie, se traduira par un rebond des prix de l’énergie.
Le marché obligataire semble tiré à la fois par la croissance et l’inflation plus élevées aux États-Unis. Les rendements américains à 10 ans dépassent 4,75% après la publication de l’emploi. Le Bund se tend légèrement, la croissance restant plus faible dans la zone euro. Cependant, l'inflation en zone euro augmente en décembre (2,4%), et pèse sur les rendements. La capacité des banques centrales à réduire leurs taux dépendra de l'impact des politiques tarifaires américaines sur leurs économies respectives. En Chine, les autorités assouplissent la politique monétaire. C'est le seul marché immunisé contre cette tendance mondiale à la hausse des rendements. Le primaire fourni a eu peu d'impact sur les spreads souverains. La forte demande pour la dette italienne (BTP verts à 20 ans) a maintenu les spreads presque inchangés. Il en va de même sur le crédit, où les émissions sont bien souscrites. Les spreads IG en euros restent stables à 90pb contre swaps. Sur le high yield, les spreads se sont modérément élargis, en particulier pour les notations CCC.
Les chiffres d’emplois solides ont pesé sur les actions américaines richement valorisées. Le Nasdaq a perdu 1%, et les petites capitalisations ont sous-performé. Les indices de la zone euro (+2%) bénéficient d'un euro faible. En revanche, les marchés chinois ont connu un début d'année plus difficile.