Les taux sans risque replongent

Axel Botte, Ostrum AM

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Le risque politique français domine l’actualité des marchés en Europe. Les taux sans risque plongent et le yen reprend 3% face au dollar.

© Keystone

 

La semaine dernière, écourtée par Thanksgiving aux États-Unis, l’attention des opérateurs s’est portée principalement sur la situation politique en France. Le spread français s’est approché du seuil des 90pb. Le Bund (2,11% vendredi) profite des déboires de l’OAT, mais le T-note et les emprunts australien et canadien surperforment, affichant des baisses hebdomadaires de 20pb environ. Les points morts d’inflation sont comprimés par le retour sur l’actif sans risque. Les actions sont en légère baisse en Europe, avec une sous-performance du CAC 40. Le yen poursuit son rebond (150 contre le billet vert), l’inflation élevée validant les anticipations d’une nouvelle hausse des taux en décembre. On observe quelques prises de profits sur le dollar qui perd 1% en cinq séances. Le réal marque un plus bas historique (au- delà de 6) après la publication d’un budget trop expansionniste. Le rouble s’effondre après les sanctions sur les banques russes. L’agression russe monte néanmoins en intensité. 

Tensions sur les taux et marchés fragilisés

La croissance aux États-Unis est confirmée à 2,8% au troisième trimestre, malgré une légère révision baissière des dépenses des ménages. Les premières données d’octobre pointent une modération de la consommation privée (+0,1% en termes réels). L’investissement logement devrait se réduire au dernier trimestre. Les ventes de maisons neuves ont plongé à 610k en octobre, au plus bas depuis 2 ans, en raison de la remontée des taux hypothécaires (de +60pb sur le 30 ans en octobre). Les prix du logement ralentissent quelque peu à 4,7% sur un an. Les commandes de biens d’équipement se modèrent également. En zone euro, l’inflation ressort à 2,3% en novembre, selon la première estimation. L’indice sous-jacent est stable à 2,7%, un niveau quasiment inchangé depuis le printemps.

Les positions sur les marchés de taux ont été réduites à l’approche du weekend de Thanksgiving. Selon les dernières déclarations des banquiers centraux, la Fed et la BCE semblent s’accorder sur une baisse de 25pb en décembre. La BCE s’autorisera à ajuster le rythme de ses interventions en fonction des décisions de l’administration Trump. La courbe allemande s’aplatit, le Bund retrouvant son statut de valeur refuge face aux tensions sur l’OAT. Pour cette raison, les swap spreads sont repassés en territoire positif à près de 10pb sur l’échéance 10 ans. Un vote de censure menace le gouvernement Barnier, alors que la notation du souverain français est déjà sous pression. Le spread français à 10 ans a tutoyé les 90pb au plus haut de la semaine. Le marché du crédit continue de s’affranchir de l’environnement de volatilité qui caractérise les taux. La demande pour la classe d’actifs crédit reste forte. Le spread de crédit contre swap s’échange à 92pb. Le high yield efface en revanche le resserrement observé depuis le début du mois, malgré une collecte positive des fonds spécialisés sur la semaine. 

Le marché des actions affiche une légère baisse en Europe en raison de la contreperformance des valeurs de consommation et de l’énergie. Les publications du troisième trimestre décrivent des chiffres d’affaires étales et une baisse de 9% des résultats sur un an. Les profits s’effondrent dans le secteur de la consommation discrétionnaire, notamment l’automobile et les médias.

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