
L’annonce de DeepSeek semble favoriser les réallocations de portefeuilles vers de nouvelles thématiques. Les actions de la zone euro en profitent d’autant que la BCE parait résolue à maintenir un biais durablement accommodant. La Fed est plus hésitante compte tenu d’une situation conjoncturelle plus favorable, malgré le déséquilibre de la croissance. Les spreads souverains et de crédit témoignent encore de l’optimisme des intervenants malgré un environnement international délétère emmaillé des menaces tarifaires de Donald Trump.
Croissance américaine solide et marchés sous tension
L’économie américaine affiche une croissance de 2,3% au quatrième trimestre 2024. La consommation des ménages en est le moteur (+4,2%) et notamment les dépenses en biens durables (+12,1% après 7,6% au trimestre précédent). La menace de relèvement des droits de douane à la prise de fonction de Donald Trump a temporairement stimulé la consommation. En revanche, l’investissement productif ralentit et la hausse de 5,3% de l’investissement résidentiel contraste avec la chute des promesses de ventes. Par ailleurs, la contribution nulle du commerce extérieur est incompatible avec la dégradation historique de la balance des biens (déficit de 122 milliards de dollars en décembre). La Fed a maintenu ses taux inchangés dans ce contexte économique favorable. En zone euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) a réduit ses taux de 25pb comme attendu. La croissance nulle en zone euro cache une hétérogénéité entre les pays membres difficile à appréhender pour la Banque centrale d’autant que l’inflation reste supérieure à l’objectif de 2%. La BCE poursuivra néanmoins l’assouplissement.
L’émergence de DeepSeek semble remettre en cause le principal moteur de la performance boursière américaine. Les publications mitigées des géants de la technologie ont aussi alimenté une volatilité, qui épargne le reste de la cote et les marchés européens. Les taux longs se sont stabilisés autour de 4,50% sur le T-note et 2,50% sur le Bund. Le biais de la BCE pèse sur le court de sorte que la pente de la courbe s’accentue de nouveau (+6pb sur le 2-10 ans). Au Japon, Ueda semble désormais enclin à poursuivre le resserrement monétaire. Le 10 ans japonais renoue avec ses sommets de l’année. Quant aux spreads souverains, la forte demande institutionnelle lors des syndications de janvier occulte totalement le désengagement de la BCE. Le spread de l’OAT 10 ans affiche même la meilleure performance depuis le début de l’année (-10pb). Les swap spreads restent réduits et le crédit poursuit sa phase de surperformance. Les fonds continuent de collecter et le primaire s’est ralenti à l’approche de la saison des résultats. Les spreads sur l’investment grade ressortent à 82pb et le high yield suit la forte hausse des marchés d’actions (-8pb). Sur les marchés d’actions, le choc de DeepSeek à l’ouverture lundi (-3% sur le Nasdaq) s’est rapidement résorbé. Les marchés européens sont en hausse de 8% depuis le début de l’année. La hausse profite à tous les styles de gestion à l’exception des petites valeurs. Les banques, la santé et les biens personnels surperforment.