Les entrepreneurs se détournent du Canada. Selon l’expert en private equity John Ruffalo, le nombre d’entrepreneurs est tombé vers 700'000 et il est de 121'000 inférieur au début des années 2000. L’impact est majeur. S'il en faisait partie, comme l'a suggéré Donald Trump, le Canada serait le 3e Etat le plus pauvre des Etats-Unis, juste derrière l’Alabama, ajoute l’investisseur Jay Martin, cité par le blog de l’économiste Tyler Cowen, Marginal Revolution. Enfin, selon une étude de la Tax Foundation, le Canada présente les impôts sur les revenus des capitaux les plus élevés des 30 pays analysés. En juin dernier, il a relevé la taxe sur les plus-values en capitaux à 66,67% pour les entreprises et les individus ayant gagné plus de 250'000 dollars (ils sont restés à 50% en dessous de 250 000 dollars). Les investisseurs sont invités à préférer d’autres régions malgré les réels atouts de ce pays riche par exemple en ressources naturelles.
Au termes de l’ère Trudeau, le pays est devenu très endetté. Le rapport entre la dette des ménages par habitant et leur revenu est le plus élevé des pays du G7. Le Canadien moyen dépense 15% de son revenu pour le service de la dette. L’investissement en souffre: Si les entreprises américaines dépensent 28 000 dollars en investissements par employé, le montant n’est que de 15 000 dollars au Canada, selon Jay Martin.
«Selon une étude de l’Institut Fraser, au Canada, le Canada a enregistré entre 2018 et 2024 six années de records historiques en termes de dépenses publiques par habitant».
Un projet de société
Le déclin du nombre d’entrepreneurs répond à un ensemble de mesures qui en réalité dépassent la seule économie ou la politique politicienne pour s’inscrire dans un projet de société. Quels enseignements l’investisseur peut-il tirer de la fin de l’homme qui a dirigé ce membre du G7 durant une décennie? A la veille de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, très critique à l’égard de voisin nordique, une analyse des fondamentaux canadiens s’impose.
En réaction au départ de Justin Trudeau, le sociologue Mathieu Bock-Coté déclare sur les ondes que le triste bilan du Premier Ministre n’est pas seulement économique ou politique, il traduit l’échec de mesures visant à fortement augmenter l’immigration et à encourager un agenda woke, multiculturel et centralisateur. L’économiste Dan Mitchell, sur son blog International Liberty, est au moins aussi sévère. Il qualifie en effet le leader canadien d’«étatiste doctrinaire qui n’a cessé d’accroître le rôle de l’Etat et de réduire les libertés».
En matière d’immigration, la politique d’ouverture du Canada s’est traduite par une immigration record en 2023 (+98%) qui a porté le nombre d’habitants à 41 millions contre 35 millions lors de son arrivée au pouvoir il y a une décennie. Cette politique immigrationniste n’est pas soutenue par l’opinion. Un sondage récent d’Abacus Data, cité par France24, révèle que 58% des Canadiens estiment qu’il y a trop d’immigration. En fin d’année 2024, le gouvernement a promis un resserrement de cette politique, mais, pour Pierre Poilièvre, le conservateur et probable futur chef du gouvernement canadien, c’est un aveu d’échec.
«Si les entreprises américaines dépensent 28 000 dollars en investissements par employé, le montant n’est que de 15'000 dollars au Canada».
Détérioration des comptes
Les comptes de l’Etat fédéral canadien se sont détériorés ces dernières années. Le Canada de Trudeau a accru fortement aussi bien les dépenses publiques que les impôts des hauts revenus et de la classe moyenne. Davantage les premières que les secondes. Selon une étude de l’Institut Fraser, au Canada, le Canada a enregistré entre 2018 et 2024 six années de records historiques en termes de dépenses publiques par habitant, même si l’on laisse de côté les dépenses d’urgence liées au covid. Elles ont dépassé les dépenses de la Grande Dépression, des deux guerres mondiales et de la crise financière. Les dépenses publiques de l’Etat atteignent 41,2% du PIB. Justin Trudeau, élu en 2015, a promis un budget équilibré dès 2019, mais les neuf années suivantes ont été déficitaires. Il en est résulté une augmentation du service de la dette , lesquels atteignent 1301 dollars par habitant en 2024/25.
La charge fiscale s’est alourdie. En effet, 86% des Canadiens paient davantage d’impôts sur le revenu qu’au moment de l’élection de Trudeau en 2015. A l’indice de compétitivité fiscale, le score du Canada est tombé de 68,7 à 66,7 durant les mandats de Justin Trudeau, ce qui place le pays au 17e rang d’un classement où la Suisse figure à la 4e place.
Les investissements (biens d’équipement, machines, nouvelles technologiques, mais hors immobilier résidentiel) ont logiquement décliné durant l’ère Trudeau. La baisse atteint 34 milliards entre 2014 et 2022, selon l’Institut Fraser.
Sans surprise, le score du Canada a décliné à l’indice de liberté économique. Dan Mitchel se félicite des priorités du candidat Pierre Poilièvre, le candidat conservateur: éliminer la taxe carbone, déréglementer le marché immobilier, s’attaquer davantage à la criminalité, faire preuve d’une plus grande prudence budgétaire.
Les perspectives restent moroses pour 2025. La Banque de développement du Canada (BDC), qui se qualifie de banque des entrepreneurs, s’attend à une croissance économique de 1,5%. Cela en ferait la troisième année en dessous du potentiel de croissance.