Capital-risque: des valorisations plus modestes peuvent relancer les investissements

Yves Hulmann

2 minutes de lecture

61% des investisseurs sondés par la SECA anticipent des évaluations plus basses ces 12 prochains mois. Distalmotion a levé le plus d’argent au premier semestre.

©Distalmotion

Entre 2014 et 2022, les montants investis dans des start-up suisses ont presque continuellement augmenté. La tendance s’est inversée durant le premier semestre 2023: les montants investis dans jeunes pousses helvétiques n’ont atteint que près 1,2 milliard de francs entre janvier et juin, comparé à près de 2,6 milliards un an plus tôt. Et cela même si le nombre total d’investissements n’a, lui, baissé que de manière marginale, pour s’établir à 154 entre janvier et juin de cette année (contre 163 à la même période de l’an précédant), comme l’a indiqué la mise à jour à fin juin du Swiss Venture Capital Report, publié par Startupticker.ch et l’association des investisseurs SECA en coopération avec startup.ch.

Biotechnologies et techniques médicales en tête

Ce recul s’explique en partie par l’absence en première moitié d’année de tours de financement de très grande ampleur, à l’exemple de celui réalisé par la société zurichoise Climeworks qui avait levé à elle seule quelque 600 millions de francs l’an dernier. Au cours du premier semestre de 2023, les trois investissements les plus importants ont été consacrés à des entreprises actives dans le secteur de la santé. Il s’agit dans l’ordre de Distalmotion, une société issue de l’EPFL spécialisée dans les robots chirurgicaux, qui a levé 134 millions de francs. Viennent ensuite Noema Pharma (103 millions) et Alentis Therapeutics (94 millions). En termes de montants investis, les secteurs des biotechnologies (282,8 millions) et des techniques médicales (261,1 millions) occupent le haut du tableau, bien avant les technologies de l’information (ICT) liées aux technologies financières (191 millions) et les ICT (166,1 millions).

Pour les auteurs du rapport, le fait que le nombre de fusions et acquisitions a atteint un record avec 32 start-up rachetées est perçu comme un signal positif. Des entreprises suisses ont acquis 11 start-up, tandis que 8 start-up ont elles-mêmes racheté d’autres jeunes pousses. «Cela constitue un signal positif si des start-up suisses saisissent l’occasion pour acquérir d’autres start-up», a estimé Stefan Kyora, éditeur en chef du portail d’informations Startupticker.ch et co-auteur du rapport.

61% des répondants anticipent une baisse des valorisations durant les 12 prochains mois

Hormis les nombreux détails portant sur l’évolution du financement des start-up, le Swiss Venture Capital Report publie aussi régulièrement les résultats d’une enquête réalisée par la SECA auprès d’une centaine d’investisseurs, principalement des sociétés de capital-risque, afin de connaître leurs attentes au cours des douze prochains mois.

Si un peu plus de la moitié des répondants (56%) n’anticipent ni une hausse, ni un recul du volume des nouveaux investissements au cours des 12 prochains mois, 36% des sondés redoutent désormais un impact négatif des développements actuels sur les marchés financiers, comparé à seulement 16% il y a un an. Par ailleurs, 61% des répondants anticipent un recul des valorisations des portefeuilles au cours des 12 prochains mois, contre une part de 44% il y a un an à la même période.

Lorsqu’on interroge les investisseurs sur les défis qui devront être relevés durant les 12 prochains mois, les sondés ont souvent mentionné deux points en particulier : réaliser des sorties à des prix attrayants et parvenir à refinancer les start-up qui avaient réalisé des tours de financement à des prix très élevés en 2021 et 2022. Dans le contexte actuel, les valorisations plus favorables, qui offrent ainsi de bons points d’entrée pour de nouveaux investisseurs, sont perçues comme une opportunité par les sondés, relève le rapport. Pour Thomas Heitmann, directeur-adjoint de la SECA, c’est aussi une raison de se montrer optimiste pour la suite. «Des valorisations plus basses peuvent aussi conduire à davantage d’investissements à l’avenir», considère Thomas Heitmann, qui estime que le point le plus bas a certainement en matière de financement des start-up a désormais déjà été touché.

A lire aussi...