Royaume-Uni: la croissance faiblit à 0,2% au 1er trimestre

AWP

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A l’approche du Brexit, les ménages freinent leur consommation et les entreprises réduisent leurs investissements.

La croissance britannique a faibli à 0,2% au premier trimestre du fait d’une consommation des ménages ralentie et d’un repli des investissements des entreprises à l’approche du Brexit, a annoncé vendredi l’Office des statistiques nationales (ONS).

Le produit intérieur brut (PIB) avait crû deux fois plus vite au troisième comme au quatrième trimestre 2017.

Cette troisième estimation de l’ONS pour le premier trimestre est pourtant un peu meilleure que les deux premières publiées en avril et mai, lorsque l’ONS avait fixé à 0,1% la croissance de janvier à mars par rapport au trimestre d’octobre à décembre. L’institut a attribué cette révision à une performance un peu moins mauvaise du secteur de la construction par rapport à ses calculs initiaux.

L’activité dans le bâtiment n’a en effet diminué «que» de 0,8% au premier trimestre, contre 2,7% estimés auparavant.

Un certain nombre d’observateurs avait attribué la performance décevante de l’économie britannique au premier trimestre à l’impact négatif de la «Bête de l’Est», surnom donné par la presse à une vague de froid accompagnée de chutes de neige et de vents sibériens à la fin février et en mars.

L’ONS a toutefois souligné que l’activité dans la construction avait été «faible pendant tout le trimestre, pas seulement lors des épisodes climatiques fâcheux».

Plus préoccupant, les services (finances, distribution, hôtellerie-restauration, transport, etc.) ont connu une croissance de 0,3%, plutôt terne pour un secteur habitué à mieux et qui tirait jusque-là davantage l’ensemble de l’activité dans son sillage.

L’augmentation de 0,4% de la production industrielle pendant cette période est due pour sa part à la relance d’un oléoduc important de mer du Nord, dont l’arrêt temporaire avait fait baisser la production d’hydrocarbures en fin d’année dernière.

Renchérissement de l’or noir

L’activité manufacturière elle-même, c’est-à-dire essentiellement la production des usines, s’est effritée, au moment où le patronat s’inquiète des incertitudes du Brexit sur les échanges avec le continent et où de grands groupes, comme Airbus et BMW, évoquent désormais ouvertement la possibilité de réduire la voilure en terre britannique.

L’investissement des entreprises a d’ailleurs diminué de 0,4% au premier trimestre. Un certain nombre de sociétés sont tentées par l’attentisme, alors que les négociations sur les conditions de la sortie de l’UE patinent. En principe, une période de transition doit se déclencher au moment du Brexit, prévu fin mars 2019, afin d’accompagner ce changement en douceur mais en l’absence d’accord définitif entre Londres et Bruxelles le choc serait beaucoup plus rude pour les entreprises qui commercent des deux côtés de la Manche.

Du côté de la demande, la consommation des ménages s’est montrée peu dynamique (+0,2%), en deçà de ses performances récentes. Le pouvoir d’achat des ménages a souffert depuis l’année dernière, en raison d’un renchérissement des produits importés consécutif à la dégringolade de la livre sterling - elle-même conséquence sur les marchés du vote pour le Brexit.

L’inflation s’est quelque peu apaisée ces derniers mois, repassant sous les 3% en rythme annuel, mais les ménages dont les finances restent sous pression n’ont pas largement desserré les cordons de la Bourse.

La plupart des analystes prévoient que l’économie britannique ralentisse cette année, à 1,4% d’après une moyenne d’économistes indépendants sondés par le Trésor. Le PIB avait crû de 1,7% en 2017, a d’ailleurs précisé l’ONS qui a révisé en baisse ce chiffre.

Howard Archer, économiste en chef EY ITEM Club, prévient en outre que les prévisions peu reluisantes des spécialistes pour cette année pourraient même ne pas être atteintes. «Il y a plusieurs risques sur la croissance du fait des incertitudes du Brexit, de la hausse des cours du pétrole, des tensions commerciales internationales et du relèvement des droits de douane», a-t-il énuméré.

La hausse des cours du pétrole, qui s’est amplifiée ces derniers jours après une réunion de l’Opep, relève en effet les prix de l’essence à la pompe et pèse sur le portefeuille des consommateurs.

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