Les Jeux olympiques et paralympiques en renfort de la croissance française: la Banque de France a indiqué vendredi anticiper «une hausse significative» du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, qui pourrait progresser jusqu’à près de 0,5% dans un climat d’incertitude politique.
Après avoir crû de 0,3% au deuxième trimestre, l’activité économique enregistrerait une augmentation de 0,1% à 0,2% entre juillet et septembre. S’y ajouterait «l’impact transitoire» des Jeux, «de l’ordre d’un quart de point», soit 0,25%, a détaillé la banque centrale dans son enquête mensuelle de conjoncture.
Les services marchands seraient le principal contributeur à la croissance trimestrielle.
«Aléas»
Mais la Banque de France a pointé les «larges aléas» qui pèsent sur cette prévision, tant à la hausse - «les possibles effets d’entraînement» des JO - qu’à la baisse en raison de l’incertitude politique post-élections législatives anticipées.
Les retombées positives sur le trimestre du plus grand événement sportif au monde incluent la vente de billets et de droits de diffusion audiovisuelle, le surcroît d’activité des entreprises de transports, de l’hébergement-restauration et de celles participant à l’organisation des Jeux (comme les fournisseurs, la sécurité, etc.) ou encore les primes versées aux agents publics, selon la Banque de France.
Elles n’intègrent pas les effets antérieurs liés à la préparation des JO, comme la construction des infrastructures, ni les possibles retombées futures, en termes de tourisme notamment.
Cet effet JO sera par ailleurs «ponctuel» et «disparaîtra pour l’essentiel au quatrième trimestre», a souligné le chef économiste de la Banque de France, Olivier Garnier, lors d’un point presse.
De son côté, l’Institut national de la statistique (Insee) avait estimé début juillet que l’accueil des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre) par la France devrait apporter 0,3 point supplémentaire de croissance, laquelle atteindrait au total 0,5% au troisième trimestre. Elle table ensuite sur une contraction du PIB de 0,1% au quatrième trimestre.
Attentisme
Alors que le gouvernement issu des élections législatives n’a pas encore été désigné, l’indicateur d’incertitude de la Banque de France s’est un peu détendu en juillet par rapport à juin. Basé sur la récurrence de certains mots-clés dans les réponses des quelque 8.500 chefs d’entreprises interrogés dans le cadre de l’enquête entre le 22 juillet et le 5 août, cet indicateur demeure toutefois au-dessus de son niveau pré-électoral dans l’industrie et les services.
«Les entreprises sont dans un climat un peu attentiste» mais il est encore «sans doute trop tôt» pour évaluer l’éventuel impact de cette incertitude dès juillet, a expliqué Olivier Garnier. Dans les prochains mois, «elle va jouer plutôt sur des décisions» concernant l’emploi ou l’investissement «qui mettent un peu plus de temps à se répercuter sur les indicateurs d’activité.»
Selon l’enquête de conjoncture de la Banque de France, l’activité s’est inscrite en hausse en juillet dans le bâtiment et les services.
Dans ce dernier secteur, si les services aux entreprises comme l’édition ou le nettoyage sont restés en hausse, la situation est plus contrastée pour les services aux particuliers. La location ou l’hébergement ont progressé, grâce aux touristes américains, mais l’activité a reculé dans la restauration, «la perte de la clientèle estivale habituelle n’ayant pas été compensée par les touristes venus» pour les JO.
Dans l’industrie, l’activité a stagné en juillet, pénalisée par l’automobile qui a vu les ventes de véhicules électriques s’essouffler après la suspension par le gouvernement du dispositif de «leasing social», victime de son succès. Ce secteur continue par ailleurs de souffrir de problèmes d’approvisionnement (38% contre 11% dans l’industrie dans son ensemble).
Pour le mois d’août, les dirigeants anticipent une activité en hausse dans l’industrie et les services, tandis que le bâtiment serait en repli.
Concernant les prix, si leur dynamique s’est quasi normalisée dans l’industrie et le bâtiment, ce n’est pas encore totalement le cas dans les services, où 8% des entreprises les ont augmentés en juillet (soit plus que le niveau pré-Covid de 5%) contre 4% qui les ont baissés.
Les difficultés de recrutement, qui s’étaient envolées après la pandémie, ont poursuivi leur recul, citées par 33% des entreprises (contre 35% en juin).