Une France ingouvernable

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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L'indécision concernant la formation d'un nouveau gouvernement ne peut que conduire à une attitude attentiste de la part des acteurs économiques.

Emmanuel Macron voulait clarifier la situation politique. Il n'a fait que la rendre plus complexe et plus instable. C'est une situation totalement inédite depuis la création de la Cinquième République en 1958. Pour éviter l'instabilité politique, le prochain gouvernement pourrait être contraint de faire du surplace sur le plan économique.

Quelles sont les conséquences de cette situation? Tout d'abord, l'indécision concernant la formation d'un nouveau gouvernement ne peut que conduire à une attitude attentiste de la part des acteurs économiques. La stabilité fiscale est loin d'être assurée. Certaines décisions d'investissement sont mises en attente jusqu'à ce que l'on sache si les impôts seront augmentés. C'est ce que rapportent plusieurs associations d'entreprises. Deuxièmement, le risque d'instabilité politique intervient au plus mauvais moment de l'année, c'est-à-dire juste avant le débat budgétaire annuel.

Au milieu de l'été, le projet de budget est normalement prêt, à quelques détails près, avant d'être officiellement présenté en septembre et discuté au Parlement à partir d'octobre. Cette année, des ajustements seront nécessaires lorsque la coloration politique du gouvernement sera connue. Cette incertitude budgétaire intervient alors que la France fait l'objet d'une procédure pour déficit excessif de la part de la Commission européenne et que les agences de notation surveillent tout manquement aux objectifs de réduction du déficit. La prime de risque française a fortement augmenté après l'annonce de la résolution, avant de redescendre, mais elle n'est pas revenue à son point de départ (voir graphique ci-dessous). Il existe un risque important que la prime de risque se resserre à nouveau si le débat budgétaire n'aboutit pas ou est retardé.

Enfin, le risque politique en France a des répercussions négatives sur le reste de l'Europe. Il n'est pas bon qu'une des grandes économies de la zone s'en trouve affaiblie. Les effets pourraient se faire sentir par le canal commercial (baisse de la demande dans d'autres pays) et par le canal financier (effet de contagion). De plus, l'absence d'orientation politique stable en France ne peut qu'entraîner des hésitations dans les pays voisins, notamment en Allemagne. Ce n'est pas le contexte idéal pour encourager les initiatives visant à redonner du poids à l'Europe dans la compétition internationale.

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