Les cours des céréales ont dévissé avec le début des moissons aux USA

AWP/AFP

2 minutes de lecture

Les prix pourraient toutefois se stabiliser assez vite sous l’effet des dégradations des récoltes en Russie et en Europe.

Sous la pression d’un début de moisson prometteur aux Etats-Unis, les cours mondiaux du blé tendre ont poursuivi la chute libre entamée fin mai, mais pourraient assez vite se stabiliser sous l’effet des dégradations des récoltes en Russie et en Europe.

En deux semaines, les prix du blé ont perdu 30 euros sur le marché européen, les cours s’établissant mercredi en séance autour de 230 euros la tonne sur l’échéance de septembre, la plus rapprochée, sur Euronext.

Cette chute brutale a entraîné le maïs dans son sillage - avec mercredi une tonne à 210 euros sur l’échéance d’août. Toutefois, le grain jaune a mieux résisté que le blé sur les marchés, notamment du fait de conditions de cultures légèrement «inférieures aux attentes» aux Etats-Unis, comme relevé par Phyllis Nystrom, de la coopérative américaine CHS.

Les cours des deux céréales ont ainsi clôturé mardi «au plus bas depuis le 3 mai dernier», souligne le cabinet Agritel.

Pour les opérateurs, la question est maintenant de savoir si le blé a atteint «un prix de stabilisation» autour de 230 euros la tonne ou pas.

Chute du pétrole et bon démarrage de la récolte de blé dans le sud des Etats-Unis (avec une prévision de récolte de 50,5 millions de tonnes) avaient pesé sur les cours de la céréale du pain.

Cette correction intervenait après une envolée des prix «sous l’influence de la dégradation de la production en Russie (après des épisodes de sécheresse, chaleur et gel), passée de 93 à environ 80 millions de tonnes de blé aujourd’hui», rappelle Arthur Portier, analyste chez Argus Media France.

Le cabinet spécialisé SovEcon estime désormais que la production céréalière russe pourrait atteindre «son niveau le plus bas en trois ans», avec 127,4 millions de tonnes cet été (-12% sur un an).

Baisse des prix russes

Depuis quelques jours, les nouvelles des champs sont plutôt rassurantes: les coupes d’orge ont débuté dans la région de Krasnodar, dans les plaines de l’Ouest russe, et la «légère amélioration de la météo permet de stabiliser les estimations de production» en céréales, indique Arthur Portier.

Les importateurs, qui avaient profité de la baisse des prix pour lancer des appels d’offre conséquents en blé, à l’instar de l’Algérie et de l’Egypte, ont préféré les origines européennes et ukrainiennes aux russes.

La Russie, de loin le premier exportateur mondial de blé, avait jusqu’ici largement dominé les échanges.

«Les opérateurs russes ont vu qu’ils s’étaient fait prendre des parts de marché sur le début de campagne» 2024-25: «même s’ils ont moins de volumes à exporter, ils ont encore des stocks confortables et ils sont en train de train de baisser leurs prix» pour regagner le terrain perdu, souligne l’analyste.

Pour Jack Scoville, de Price Futures Group, la conjugaison d’une part de l’augmentation des estimations de récolte américaine, avec des estimations de «rendements solides, supérieurs aux attentes», et d’autre part de la baisse des prix russes encourage la tendance à la baisse des cours mondiaux du blé.

Et cela «même si les conditions de croissance mondiale restent défavorables», ajoute-t-il.

La semaine dernière, le ministère américain de l’Agriculture a en effet revu en nette baisse ses prévisions de récolte mondiale de blé pour la campagne 2024/25, à 790,75 millions de tonnes, sous l’effet de moindres productions attendues en Russie (-5 Mt), en Ukraine (-1,5 Mt) ainsi que dans l’Union européenne (-1,5 Mt).

A moyen terme, ces baisses notables, associées à des stocks mondiaux «assez limités», pourraient faire remonter les prix, estime Arthur Portier.

D’autant que les dernières nouvelles de Chine ne sont pas bonnes, avec des pluies excessives dans le nord, qui «mettent à mal la pollinisation précoce du maïs» selon la coopérative CHS, et une sécheresse inquiétante dans le centre du pays, où dominent les cultures du riz et du maïs.

A Hudian, dans la province du Henan, l’AFP a pu constater l’ampleur du phénomène dans des rizières aux sols craquelés, où les paysans redoutent de voir leurs plants de riz mourir s’il ne pleut pas rapidement.

A lire aussi...