La Banque du Japon ajuste à la marge ses rachats d’actifs

AWP

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La banque centrale nippone entend ainsi se donner une plus grande flexibilité, rendre durable sa politique monétaire ultra-accommodante, tout en corrigeant certains de ses effets pervers.

La Banque du Japon (BoJ) a modifié vendredi à la marge les conditions de ses rachats d’actifs géants. La banque centrale nippone entend ainsi se donner une plus grande flexibilité, rendre durable sa politique monétaire ultra-accommodante, tout en corrigeant certains de ses effets pervers.

La BoJ a très légèrement élargi la fourchette des rendements obligataires à dix ans qu’elle tolère autour de 0%, en acceptant désormais leur fluctuation à 0,25 point en deçà ou au-dessus de cet objectif (contre 0,2 point jusqu’à présent), selon un communiqué.

L’institution prévoit toujours d’acheter autant d’obligations publiques japonaises que nécessaire, «sans se fixer de plafond», pour que ces rendements à dix ans demeurent autour de 0%, a-t-elle précisé. La BoJ s’est aussi donné une plus grande flexibilité sur ses rachats d’actions, qu’elle mène de manière indirecte en rachetant des fonds indexés sur des indices boursiers (ETF).

Elle a ainsi abandonné vendredi son rythme annuel d’achats de 6.000 milliards de yens (46 milliards d’euros) concernant ces actifs, alors que la Bourse de Tokyo s’est vivement ressaisie depuis son krach du printemps 2020 provoqué par la pandémie mondiale, ses principaux indices ayant même retrouvé leurs plus hauts niveaux depuis 30 ans.

Plafond maintenu

La BoJ a toutefois conservé son plafond annuel théorique de 12’000 milliards de yens (101 milliards de francs) pour ses rachats d’ETF, une manière de montrer qu’elle sera toujours capable d’intervenir massivement en cas de panique boursière. L’institution a par ailleurs maintenu inchangé son taux d’intérêt négatif de 0,1% qu’elle applique sur les dépôts au jour le jour des banques auprès d’elle.

La BoJ conclut ainsi une réflexion interne lancée en décembre dernier sur ses instruments de politique monétaire, qui visait à les rendre «plus efficaces et durables». Si la croissance économique du Japon devrait vivement repartir cette année, le retour de l’inflation tarde lui à venir.

Les prix à la consommation (hors produits frais) ont encore reculé en février au Japon (-0,4% sur un an) soit un septième mois d’affilée de déflation, selon des statistiques publiées vendredi. L’objectif d’une inflation autour de 2%, derrière lequel la BoJ court depuis 2013, n’a jamais semblé aussi lointain. Le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, a récemment admis que cet objectif ne devrait pas être atteint avant 2024, au mieux.

Dans un tel contexte, la perspective d’un resserrement de la politique monétaire ultra-accommodante de la BoJ est ainsi encore plus éloignée que pour les autres grandes banques centrales mondiales.

La Banque du Japon (BoJ) a légèrement abaissé jeudi sa prévision d’évolution du PIB nippon sur l’exercice en cours 2020/21, sur fond de recrudescence de la pandémie, mais s’est affichée plus optimiste pour les deux prochains exercices.

La BoJ table désormais sur une contraction de 5,6% (prévision médiane) du produit intérieur brut du Japon sur l’exercice annuel se terminant le 31 mars, contre 5,5% auparavant, selon un communiqué.

«Des pressions à la baisse (sur l’activité économique, NDLR) provenant de l’impact de la résurgence du Covid-19 vont probablement rester fortes pour le moment, en particulier pour les services en interaction directe avec les consommateurs», a commenté la BoJ.

Face à la flambée actuelle du coronavirus au Japon, le gouvernement a décrété début janvier un nouvel état d’urgence dans 11 départements du pays, dont Tokyo et sa grande banlieue. Les bars et restaurants sont notamment priés de fermer à 20H00 dans le cadre de ce dispositif.

La BoJ a toutefois sensiblement relevé sa prévision de croissance pour le prochain exercice 2021/22, pour laquelle elle anticipe un rebond de 3,9% du PIB national, contre 3,6% lors de ses précédentes prévisions en octobre dernier.

Elle s’attend aussi à une croissance de 1,8% en 2022/23, contre +1,6% auparavant.

L’économie japonaise devrait s’améliorer au fur et à mesure que l’impact de la pandémie faiblira, soutenue par les exportations du pays, des conditions financières accommodantes et le soutien budgétaire du gouvernement, selon la BoJ.

L’horizon s’éclaircit aussi avec la levée de plusieurs facteurs d’incertitudes ces derniers mois: la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine, l’accord signé entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur le Brexit et l’arrivée de premiers vaccins contre le coronavirus, a ajouté le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, lors d’une conférence de presse.

Sur le front de l’inflation au Japon, l’institution anticipe désormais une baisse de 0,5% des prix à la consommation en 2020/21 (hors produits frais), contre une prévision précédente de -0,6%.

La BoJ se montre un peu plus confiante aussi pour 2021/22, où elle prédit une inflation de 0,5% (contre 0,4% jusqu’à présent). Sa prévision médiane d’inflation pour 2022/23 est stable (0,7%) et toujours très loin de son objectif de stabilité des prix autour de 2%.

S’agissant de sa politique monétaire, la BoJ a maintenu son taux négatif de 0,1% sur les dépôts des banques auprès d’elle et son objectif de rachats illimités d’obligations publiques japonaises afin que leurs rendements à dix mois demeurent autour de 0%.

En décembre, la BoJ avait annoncé le lancement d’une réflexion sur sa politique de rachats d’actifs en vue de la rendre encore plus «efficace», mais sans en changer le fond. Elle doit rendre ses conclusions en mars. Les observateurs s’attendent en particulier à des ajustements sur ses rachats de fonds négociés en Bourse (ETF).

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