Réduction des achats d’actifs de la Fed? – Flash boursier Bonhôte

Groupe Bonhôte

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Les trois objectifs de la Fed sont en passe d’être atteints. Le gouvernement chinois prévoit de règlementer plus strictement les revenus des entreprises.

Semaine agitée sur les marchés après la publication des Minutes de la Réserve fédérale américaine (Fed) et les déclarations du gouvernement chinois.

La Fed a commencé à préparer le marché à une possible réduction du montant de ses achats d’actifs qui se chiffrent actuellement à 120 milliards de dollars par mois. La diminution du montant des rachats pourrait intervenir encore cette année. En effet, les trois objectifs de la Fed, soit la reprise de la croissance, le niveau cible d’inflation de 2% et l’amélioration de la situation de l’emploi aux Etats-Unis, sont en passe d’être atteints. L’inflation est clairement l’objectif dépassé et le marché de l’emploi se normalise rapidement. Il est clair que les investisseurs se sont largement habitués à la main invisible qui soutient depuis près de 10 ans les marchés obligataires et actions via le célèbre «Put de la Fed».

La perspective d’un abandon à terme des plans d’achat d’actifs est un élément susceptible de générer un peu plus de volatilité et d’incertitude sur les marchés, choses que les investisseurs n’apprécient guère. Aussi confortable que soit la situation actuelle, il est bon de garder à l’esprit qu’une banque centrale rachetant à tour de bras la dette émise par son gouvernement est une anomalie de marché, une procédure d’exception qui n’a pas de raison de persister à long terme dès lors que les conditions économiques qui les justifiaient se sont normalisées. Même si le sevrage ne se fera pas sans à coup, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un élément positif signalant que le «patient» (l’économie américaine) est en bonne voie de guérison et qu’il n’a plus besoin de perfusion.

La Chine de son côté a poursuivi ses annonces qui semblent avoir remplacé, en termes d’impact sur les marchés, les Tweets intempestifs de l’ex-président américain Donald Trump. Cette semaine, le parti communiste entendait règlementer plus strictement les revenus, considérés comme excessivement élevés, des entreprises en incitant leurs bénéficiaires à «rendre» davantage à la société. Une volonté affichée d’aller vers une meilleure répartition des richesses.

Les inégalités trop importantes sont effectivement souvent évoquées dans la littérature comme un élément susceptible de déstabiliser une société sur le long terme. Plusieurs économistes occidentaux relèvent d’ailleurs, depuis des années, que les inégalités en termes de revenus en occident ont atteint des sommets plus observés depuis les années 1920. Sur le fond, les préoccupations du gouvernement chinois semblent donc légitimes alors que l’un de ses objectifs principaux est l’amélioration des conditions de vie de la population dans son ensemble. Toutefois, la façon de transcrire ces nouvelles intentions dans l’économie réelle n’est pour l’heure pas encore claire. Il n’en fallait pas plus pour faire dévisser les titres du luxe dont les expositions à la Chine, en termes de ventes, sont souvent importantes. Affaire à suivre.

L’essentiel en bref

 

Le luxe, une bonne affaire

La déclaration du gouvernement chinois de jeudi dernier concernant la redistribution de la richesse a fait trembler les valeurs du luxe. Les riches étant directement touchés par cette nouvelle, ceci a conduit les investisseurs à vendre massivement les titres comme Richemont, Hermès, LVMH et leurs compères. Sur le marché Suisse, Swatch a perdu 11,9% et Richemont 13,8% sur la semaine. L’Asie représente entre 35-55% des revenus du secteur avec la Chine comme plus grand contributeur. Le consommateur chinois est donc essentiel pour la croissance de ces différents groupes. La société Richemont, leader du luxe en suisse, a réalisé 33% de ses ventes en Chine au cours de l’exercice 2020/21. Cette histoire nous rappelle la campagne anti-corruption lancée par Xi Jinping en 2012 qui avait entrainé un fort ralentissement du marché horloger car les Chinois n’osaient plus se montrer avec une montre de luxe au poignet. Il a fallu attendre 2016 pour que les exportations de montres vers la Chine continentale reprennent de manière durable. L’action Richemont avait alors chuté de 44% entre 2013 et 2016.

Le gouvernement chinois a un but bien précis et vise surtout à exercer une pression sur les excès de richesse, pour avoir une répartition plus équitable de celle-ci, mais reste favorable aux affaires et à la croissance. Le secteur du luxe a toujours fait preuve de dynamisme, ce qui explique cette forte correction. Les craintes liées au COVID-19 et à la hausse des taux d’intérêt pourraient encore faire pression sur les cours. Les effets de ces coups politiques sont généralement de courte durée, mais des changements systémiques en Chine peuvent engendrer des conséquences plus long terme, comme nous l’a démontré 2012. Le luxe européen se traitait jusqu’alors avec une prime de 90% par rapport au MSCI Europe, alors qu’historiquement elle se situe vers 50%. Ces corrections rendent les titres du luxe à nouveau attractifs dans une perspective de long terme. En effet, Richemont a perdu 16% depuis son pic de 2021, quant à Swatch -23%.

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