Les Bourses en Asie évoluaient sans direction vendredi, dans des marchés volatils hantés par les incertitudes liées à la guerre commerciale engagée par les Etats-Unis, lesquelles ont été mises en exergue cette semaine par la prudence de grandes banques centrales.

Tokyo hésite, Hong Kong chute, la guerre commerciale pèse

A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a clôturé en repli de 0,19% à 37’677,06 points et l’indice élargi Topix en petite hausse de 0,29% à 2.804,16 points.

La Bourse de Séoul a gagné 0,23%, Jakarta a perdu 2,14%.

Et les Bourses chinoises piquaient du nez vers 7h30: l’indice hongkongais Hang Seng lâchait 1,94%, l’indice composite de Shanghai abandonnait 1,11% et celui de Shenzhen 1,47%.

Les marchés asiatiques restaient extrêmement nerveux, suspendus à tout nouveau développement sur la politique commerciale américaine, après l’imposition de taxes douanières sur l’acier et avant une nouvelle salve de droits de douane «réciproques» tous azimuts attendus le 2 avril.

Les droits de douane «réciproques» consistent à appliquer aux produits entrant aux Etats-Unis depuis un pays le même niveau de taxation que celui appliqué par ledit pays sur les produits américains.

Face aux multiples revirements de l’administration Trump sur ses mesures commerciales, le président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell a lui-même estimé mercredi que «l’incertitude» était «aujourd’hui inhabituellement élevée», mais que ces droits de douane contribueraient à tirer l’inflation.

Sur les marchés, «nous connaîtrons des hauts et des bas tant que l’incertitude politique persister: l’humeur des investisseurs va rester très volatile, et cela se reflétera sur le marché», avertit Michael Rosen, du cabinet Angeles Investments, cité par Bloomberg.

A Hong Kong, le boom des valeurs technologiques qui s’était produit depuis janvier continue de s’effriter: Tencent cédait 1,54%, Alibaba 2,73%...

«L’indice (hongkongais) est potentiellement vulnérable à une liquidation plus large, alors que le risque d’un positionnement plus prudent des investisseurs grandit à l’approche des potentielles taxes douanières de début avril», avertit Chris Weston, du courtier Pepperstone.

Bref renforcement du yen, l’or brille

La devise nippone s’est brièvement renforcée après la publication d’une inflation toujours élevée en février --renforçant les perspectives de voir la Banque du Japon continuer à relever ses taux.

Vers 03H00 GMT cependant, elle s’affaiblissait à nouveau, dans un marché toujours inquiet de la fragilité de l’économie nippone face aux menaces commerciales, cédant 0,5% à 149,53 yens pour un dollar.

De son côté, l’or --valeur refuge par excellence face aux incertitudes économiques-- se maintenait non loin de ses récents records, à 3028 dollars l’once.

BYD dégringole de 8%, l’ombre d’une enquête dans l’UE

Le champion chinois de la voiture électrique BYD plongeait de 8,5% à Hong Kong, après des informations de presse évoquant les étapes préliminaires d’une enquête de la Commission européenne sur les subventions étrangères dont aurait bénéficié une usine du groupe en Hongrie.

CK Hutchison chute de 3,3% après un bénéfice en déclin

Le conglomérat hongkongais CK Hutchison Holdings, pris dans une querelle entre les Etats-Unis et la Chine pour le contrôle du canal de Panama, voyait son titre chuter de 3,34% vers 06H30 GMT.

Le groupe du milliardaire Li Ka-shing a annoncé jeudi une baisse de 27% de ses bénéfices en 2024, notamment en raison d’une perte liée à son activité de télécommunications au Vietnam.

Après la cession de ses activités portuaires en-dehors de la Chine, il a mis en garde contre «des vents contraires avec les perturbations de la chaîne d’approvisionnement prévues en raison de la transition (...) ainsi que les risques géopolitiques sur le commerce mondial».

Le pétrole progresse, dopé par les sanctions sur l’Iran

Les cours du pétrole restaient dopés vendredi par les nouvelles sanctions du Trésor américain visant à réduire les exportations d’or noir de l’Iran.

Vers 7h30, le baril de WTI américain gagnait 0,22% à 68,22 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 0,18% à 72,13 dollars.

«Cependant, les prix du Brent sont restés bien en-deçà de leur pic de mi-janvier et pourraient encore baisser face à la conjonction de plusieurs facteurs», dont le feu vert des pays de l’Opep+ à un gonflement de leur production pétrolière, l’impact de la guerre douanière sur la demande mondiale, ou encore un cessez-le-feu en Ukraine qui verrait le retour du brut russe, prévient Lloyd Chan, de la banque MUFG.