Gonet: l'actualité des marchés au 9 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,87%, S&P 500 +1,18%, Nasdaq +1,60%, Russell +0,81%, SOX +2%, Eurostoxx +1,09%, SMI +0,50%.

Wall Street parvient à terminer en hausse sur la semaine, une première depuis un mois. Et pourtant la macro du jour aurait pu avoir raison de la demande en actions vendredi. Le département du travail annonce que les employeurs américains ont créé 336’000 emplois en septembre, le chiffre le plus élevé depuis janvier. La nouvelle ébranle quelque peu les marchés dans un premier temps, faisant brièvement grimper les rendements obligataires à leur plus haut niveau en 16 ans et poussant les principaux indices boursiers américains à la baisse en début de séance. Toutefois, les actions se redressent après que de l’on eut remarqué que la tendance récente à l'affaiblissement de la croissance des salaires se confirme. Il s'agit d'un élément important, car les statistiques économiques ont souvent été supérieures aux prévisions de Wall Street au cours des derniers mois, ce qui a amené les investisseurs à se demander si la Réserve fédérale avait fini de relever les taux d'intérêt et combien de temps elle les maintiendrait à un niveau restrictif. Ce revirement en cours de séance met en lumière une question de plus en plus débattue dans les salles de marchés: les bonnes nouvelles économiques sont-elles bonnes ou mauvaises pour les actions? D'une part, un marché de l'emploi solide et des dépenses de consommation élevées pourraient stimuler les bénéfices des entreprises. Mais l'augmentation des rendements due à la perspective que la Fed maintienne ses taux à un niveau plus élevé pendant plus longtemps devrait se répercuter sur l'ensemble de l'économie, notamment sous la forme d'une hausse des coûts d'emprunt qui a pesé sur les cours des actions.

La volatilité recule, le VIX perd 5,6% à 17,45, le MOVE rend 2,7% à 126,64. Le dollar reste plutôt neutre, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0531, les rendements obligataires US sont aussi calmes ce matin, le 10 ans est à 4,80%, cela reste historiquement élevé et le niveau de 5% parait trop proche pour ne pas inciter les traders à le tester. Sur le marché hypothécaire, les hypothèques à 30 ans coûtent désormais 7,5%, un niveau surréaliste. L’indice S&P500 (SPX) récupère le niveau de 4300 points à la cloche, sa moyenne mobile à 200 jours a une nouvelle fois joué son rôle à la perfection, cette fois-ci comme support. Elle se situe actuellement à 4208 pts. Le Nasdaq100 (NDX) parvient à clôturer juste au-dessus de sa 100 jours, la 50 rode un peu au-dessus, à 15109 points contre 14973 pts à la cloche.

La semaine écoulée est mauvaises pour les cycliques, contrairement au luxe et la tech. Le secteur de l’énergie subit des prises de bénéfices, de même que les producteurs d’énergies vertes tels que Néon et Iberdrola. Ils sont entrainés par la baisse du cours du pétrole dû au ralentissement économique, et les prévisions de L’OCDE d’une croissance de +0,8% en 2024. Le «pricing power»  dans le luxe reste un atout et permet d’amortir les baisses de volumes passagères, à la condition de savoir rendre ses marques et produits désirables.

Au niveau macro-économique, le rapport de vendredi sur l’emploi montre clairement que l’économie américain ne lâche pas prise. Et puis les chiffres de l'activité économique en Europe et aux Etats-Unis ressortent en majorité au-dessus des attentes, au grand désespoir des investisseurs qui prient pour que le contexte soit suffisamment inquiétant pour que les banques centrales renoncent aux taux élevés.

L’incertitude reste donc de mise dans les salles de marchés. L’inflation recule certes, mais il lui faudra encore du temps pour revenir à l’objectif de 2% de la Fed. L’idée de taux élevés pour longtemps continue donc de frustrer les taureaux, tandis que le marché des Fed Funds reste perdu dans la traduction et ne fait montre de quasiment aucune conviction. Et que dire de l’Europe, où le 10 ans allemand a touché les 3% (2,85% ce matin). L’Italie inquiète particulièrement, son spread contre le Bund allemand est repassé au-dessus des 200 points de base.

Le WTI Light Crude récupère 3,5% à 85,63 dollars après l'attaque surprise du Hamas contre Israël, qui ravive les craintes concernant l'offre. L’once d’or retrouve également quelques couleurs, ce matin à 1850 dollars.  

L'Iran a aidé à planifier l'attaque du Hamas contre Israël, selon le Wall Street Journal. Le nombre de morts s'élève à plus de 1100, alors que les combats entrent dans leur troisième jour. Israël a officiellement déclaré la guerre et affirme qu'il ne s'arrêtera pas tant que l'infrastructure militaire du Hamas ne sera pas démantelée, une tâche qui nécessiterait probablement une invasion terrestre et prendrait des mois.

Michelle Bowman réitère son appel selon lequel les taux devront probablement augmenter davantage pour ramener rapidement l'inflation à l'objectif de 2% de la Fed, selon les remarques préparées lors d'un événement samedi. La gouverneure de la banque centrale déclare que l'inflation reste «trop élevée» et renouvelle son avertissement selon lequel les prix élevés de l'énergie pourraient annuler certains progrès.

Christine Lagarde annonce que le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale, mais pas celles des États-Unis. Elle déclare à La Tribune Dimanche que le FMI a revu à la baisse ses prévisions avant la publication, demain, de son dernier rapport sur l'évolution de la situation. Les prévisions actuelles tablent sur une croissance mondiale de 3% cette année et l'année prochaine, avec des taux de 1,8% et de 1% pour les États-Unis. La BCE «réussira» à ramener l'inflation à 2%, ajoute-t-elle. Parallèlement, Bloomberg Economics s'attend à ce que la croissance du PIB mondial tombe à 2,7% en 2024, contre 3% cette année, avec de légères récessions aux États-Unis et au Royaume-Uni.

La coalition au pouvoir d'Olaf Scholz subit des défaites électorales cuisantes en Bavière et en Hesse. Les trois partis au pouvoir perdent du soutien et le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne s’impose comme la deuxième force dans les deux États. C'est en Hesse que la défaite est la plus marquée, où les sociaux-démocrates, les verts et les démocrates libres perdent 12,5 points de pourcentage, selon les projections de l'ARD.

Amgen a finalisé le rachat d'Horizon Therapeutics pour près de 28 milliards de dollars. Microsoft espère conclure l'acquisition d'Activision Blizzard le 13 octobre. Nelson Peltz, via Trian Fund Management, augmente sa participation dans Walt Disney et veut siéger en personne au conseil d'administration. Birkenstock viserait le haut de la fourchette de prix pour son arrivée en bourse. L’Italie lance la cession d’une participation dans Banca Monte Dei Paschi. HSBC achète le portefeuille de biens de consommation onshore de Citigroup en Chine. Country Garden pourrait annoncer prochainement un plan de restructuration de sa dette offshore.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo et Séoul sont fermées. Hong Kong progresse de 0,61% alors que Shanghai revient de sa semaine de congé en rendant 0,42%. La déception prévaut, la golden week a vu plus de Chinois voyager que prévu, mais ils ont réduit leurs dépenses. Le future SPX recule de 33 points et l’Europe recule de 0,4% à l’ouverture. Cette semaine sera marquée par les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis ce jeudi, ainsi que par les premiers résultats trimestriels de sociétés. Le réveil du conflit armé israélo-palestinien aura des conséquences économiques encore difficiles à évaluer.

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